BLOGUE. La nouvelle fait couler de l'encre depuis quelques jours. Le ministre Jim Flaherty songe à privatiser la SCHL d'ici 5 à 10 ans.
C'est à tout le moins ce que rapportait le Globe and Mail en début de semaine. On aurait bien aimé être un petit oiseau pour pouvoir mieux juger du contexte de la déclaration.
Plusieurs ont vu dans l'intention, une volonté du gouvernement de mettre les contribuables à l'abri d'une éventuelle défaillance du marché immobilier. La valeur des prêts consentis à des emprunteurs ayant mis moins de 20% de mise de fond représente en effet aujourd'hui l'équivalent du tiers du PIB canadien. C'est énorme. Bien que le profil moyen des emprunteurs affiche une cote de crédit relativement forte (725, alors que les pointages de crédit varient de 300 à 900) une détérioration des conditions économiques pourrait changer significativement la situation.
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La déclaration de monsieur Flaherty se lit cependant à peu près comme suit: "Je pense que dans 5 à 10 ans, le gouvernement doit envisager sortir d'activités dans lesquelles nous sommes et dans lesquelles nous ne devrions pas être."
Il est difficile de voir comment on peut penser mettre les contribuables à l'abri des pertes d'un effondrement immobilier lorsque l'horizon où l'on projette mener l'opération est dans 5 à 10 ans. Il apparaît plutôt qu'il a à l'esprit une privatisation au moment où les risques d'affaissement se seront estompés.
Une bonne idée pour plus tard?
Une bonne idée pour plus tard?
Peut-être monsieur Flaherty veut-il alors simplement prévenir une nouvelle bulle dans l'avenir?
C'est possible. Le projet pourrait dans ce cas théoriquement avoir un certain sens.
Aux États-Unis, le recours au privé a conduit aux désastreux échecs de Fannie Mae et Freddie Mac, qui ont dû être secourues aux frais des contribuables.
Si un plus grand nombre de joueurs se pointaient, le système aurait cependant peut-être plus de chances de fonctionner. Fannie et Freddie ont dû être secourues parce que nous étions dans la fameuse situation "too big to fail". Dans un marché à plus de joueurs, l'État pourrait sans doute abandonner un certain nombre d'acteurs sans risquer de créer un choc systémique, ce qui voudrait effectivement dire des pertes en moins pour le contribuable.
La difficulté est cependant de créer un tel marché. Et, jusqu'à un certain point, même en réussissant à le créer, une trop grande concurrence entre les acteurs serait susceptible de conduire à ce que l'on a connu ces dernières années: des risques disproportionnés courus par tous qui ont eu pour effet de faire enfler les cours immobiliers de façon inquiétante.
Au-delà d'une baisse d'exposition du contribuable, l'avenue privée permettrait sans doute aussi au gouvernement fédéral de diminuer son passif. Les engagements pris par la SCHL sont en effet vraisemblablement au passif d'Ottawa.
Ces engagements ne sont toutefois pas sans générer des revenus, dont il faudrait alors se priver, ce qui viendrait éliminer l'avantage tiré.
La solution apparaît donc plutôt de continuer avec le système actuel, mais de s'assurer de mieux contrôler le risque par voie réglementaire. L'une des erreurs des dernières années a été de trop faire confiance au libre marché.
À moins que monsieur Flaherty voit quelque chose que l'on ne voit pas.
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