BLOGUE Jusqu’où un gouvernement doit-il aller pour favoriser la reprise? Les États-Unis sont-ils si mal en point qu’ils doivent tout essayer?
Je m’explique: depuis quelques jours, les grandes sociétés américaines réclament qu’on baisse , ,pendant un an, le taux d’imposition sur les profits réalisés outre-mer (repatriation holiday). Ce taux passerait de 35% à 5,25%... Comme vous pouvez le lire dans cet article du Seattle Times et cet autre du New York Times.
À cette condition, des enterprises comme Apple, Google et Microsoft seraient disposer à rapatrier leurs milliards qui “dorment” à l’étranger.
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Des dizaines de milliards de dollars, c’est l’argent que le gouvernement américain pourrait tirer à court terme des profits rapatriés. De l’argent sonnant pour combler un deficit de plus en plus encombrant.
Et que dire de ce billion de dollars que les enterprises elles-mêmes et d’autres affirment qu’elles injecteront dans l’économie américaine si le gouvernement accepte ce pacte. Enfin, c’est ce que les Google de ce monde et leurs lobbysistes affirment. Ils vendent cette mesure comme du “nouveau plan de relance de l’économie américaine” ( “the next stimulus”)
Jim Rogers, le pdg de Duke Energy – une société qui aurait 1,3 G de profits “gelés” à l’étranger- affirme que “ pour chaque milliard que nous investierons dans l’économie cela créera entre 15 000 et 20 000 emplois directs et indirects”.
Restons calmes.
Ce n’est pas la première fois que les enterprises réclament ce passe-droit. Et elles l’ont déjà obtenu en 2005 sous l’administration Bush.
Résultat: 800 entreprises en ont profité pour rapatrier 312 milliards de dollars aux États-Unis…. dont 92% aurait été utilisé pour verser des dividends et effectuer du rachat d’actions, selon une etude du National Bureau of Economic Research.Verser des dividendes, ce n’est pas ce que j’appelle une mesure de relance générale de l’économie. Pouvez-vous me dire ce que tous les chômeurs de longue durée de Main Street en tirent?
Je croyais que le taux de chômage était la bête noire, l’ennemi numéro 1 à abattre?
“¨Pour chaque dollar rapatrié, zéro cent a été dirigé vers des dépenses en capital, de la R-D, du recrutement ou des hausses salariales”, affirme Kristin Forbes, prod d’économie à la faculté de management Sloan du MIT et conseillère de Bush à l’époque.
Hum…
C’est tout de même étrange: voilà des mois qu’on nous répète que les enterprises sont assises sur des montagnes d’argent qu’elles refusent de dépenser, parce que ce n’est pas le bon moment, elles attendent… Combien de fois Obama s’est-il adressé aux pdg pour leur demander de délier les cordons de leur bourse pour le bien commun des États-Unis?
Mais ils ne bronchent pas. Et voilà que, tout à coup, les pdg du Fortune 500 seraient prêts à dépenser sans compter leurs profits étrangers qu’ils rapatrieront pour une chanson.
Hum…
La question: Obama a-t-il le choix? N’est-il pas un peu, beaucoup, coincé? Les États-Unis ont-ils tellement besoin d’argent qu’il faut fermer les yeux et céder à cette demande opportuniste de la part des enterprises et de leurs lobbyistes?
Embêtant… D’un côté, il y a les principes. Et, de l’autre, le principe de réalité.
Que feriez-vous à la place d’Obama?
Lire ici ma chronique précédente