Daniel Vielfaure, directeur général de Nortera (Photo: courtoisie)
TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. L’approvisionnement responsable et le bien-être animal gagnent du terrain chez les producteurs et transformateurs alimentaires. Cela répond à de nouvelles attentes des consommateurs, mais aussi aux valeurs de certains acteurs de l’industrie.
Depuis l’an dernier, Bonduelle Amériques (qui se nomme désormais Nortera) offre une gamme de légumes garantis sans résidus de pesticides. L’entreprise les teste sur plus de 300 molécules chimiques. En septembre, le géant américain de l’agroalimentaire Conagra lui décernait son prix de fournisseur le plus durable.
Le Groupe Bonduelle utilise depuis 1996 une charte agronomique qui en est à sa cinquième version. Elle précise les exigences de durabilité de Bonduelle envers les producteurs, agriculteurs, fournisseurs, transporteurs et revendeurs, qui doivent signer un code de conduite. Elle repose sur la sécurité et la qualité du légume, le respect de l’environnement et la protection des humains.
Nortera mise sur les partenariats plutôt que sur la critique. « Nous travaillons généralement avec des producteurs et des fournisseurs de longue date, donc nous pouvons collaborer avec eux pour développer des approches plus durables », explique le directeur général, Daniel Vielfaure.
L’entreprise possède 13 usines en Amérique du Nord — dont quatre au Québec — parce qu’elle souhaite rester près de ses producteurs et de ses clients. « Si un légume pousse chez nous, notre priorité est de le produire localement, assure Daniel Vielfaure. Comme nos produits sont surgelés ou mis en conserve, nous donnons accès à des légumes d’ici à l’année. » Nortera se lance même parfois dans la production locale de certains produits étrangers tels l’edamame, une légumineuse japonaise désormais cultivée en Ontario.
Former des experts
En 2020, Nutrinor, une coopérative du Saguenay–Lac-Saint-Jean, a adopté son Pacte agricole durable, qui encadre les membres dans leurs pratiques à la ferme sur le plan de la santé des sols, du bien-être animal et de la rentabilité financière. L’hiver dernier, la coopérative a mis sur le marché ses premiers produits laitiers issus de l’agriculture durable. Elle a aussi fondé une académie, en collaboration avec l’Université Laval, afin de perfectionner les connaissances des agronomes qui conseillent leurs producteurs.
« Un agronome ou un technologue en agriculture durable, ça n’existe pas vraiment, souligne Chantal Bélanger, vice-présidente du domaine Agriculture à Nutrinor. Donc, nous avons élaboré des formations adaptées aux réalités de nos membres, en collaboration avec l’Université Laval et des firmes de consultants. »
Ces actions s’alignent avec l’engagement pris en 2009 de faire du développement durable la philosophie de gestion de Nutrinor. Cet engagement vise notamment à améliorer le bien-être animal. Cela passe par des méthodes d’élevage qui se rapprochent du comportement naturel des bêtes, comme le fait de vivre en liberté sur des surfaces suffisamment grandes. La nourriture animale et les soins qui leur sont prodigués constituent aussi des éléments importants.
Les produits Nutrinor ont reçu certaines certifications au fil des ans. Son lait biologique est certifié Ecocert, par exemple. Tous les poulaillers de ses membres sont sans antibiotiques et possèdent la certification Humane Farm Animal Care. Les deux installations de ponte du Groupe Avinor, qui appartiennent à Nutrinor, ont remporté la certification American Humane CertifiedTM, qui exige le respect de plus de 200 normes.
« Les consommateurs, tout comme nos membres, ont bien compris que les ressources ne sont pas inépuisables et que la durabilité représente la voie à suivre », croit Chantal Bélanger.
Assurer sa crédibilité
Le bien-être animal prend beaucoup de place chez le producteur et transformateur de porc biologique duBreton depuis maintenant vingt ans. Il a décroché la certification Certified Humane en 2003, puis le label Global Animal Partnership (G.A.P) en 2008. Il détient aussi des certifications biologiques au Canada, aux États-Unis et à l’international.
« C’est crucial de travailler avec des certificateurs reconnus, estime Mario Goulet, vice-président au marketing et au développement de marchés. On n’obtient une vraie crédibilité qu’en prouvant nos prétentions. »
Il rappelle que les clients s’intéressent de plus en plus au bien-être animal, ce qui se traduit parfois par de nouvelles législations. En 2018, les Californiens ont voté en faveur de la Proposition 12, qui exige un minimum d’espace (2,3 mètres carrés) pour chaque truie reproductrice et interdit la vente de viande de porc qui ne respecte pas certaines normes. Une mesure semblable avait déjà été adoptée au Massachusetts au sujet des poulets, des porcs et des veaux.
Ceux qui possèdent une avance dans ce domaine en profitent. « Devant ces nouvelles réglementations et pour répondre aux préoccupations des clients, les détaillants se tournent vers des producteurs et des transformateurs qui s’occupent bien de leurs animaux, affirme Mario Goulet. C’est ce qui a amené, par exemple, le grand détaillant américain BJ’s à choisir nos produits. »