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LES GRAND(E)S DE LA GOUVERNANCE — Les femmes commencent à prendre une plus grande place en gouvernance, notamment grâce au règlement 58-101 de l’Autorité des marchés financiers, qui exige depuis 2014 que les CA communiquent leurs politiques sur la représentation féminine. Le chemin est toutefois encore long avant d’atteindre une parité homme-femme.
Le rapport publié en février par la Chaire de recherche en gouvernance de sociétés de l’Université Laval montre que les femmes occupent près du quart (21 %) des sièges de conseils de sociétés québécoises inscrites à la Bourse TSX, comparativement à 12 % en 2013.
Là où le bât blesse, c’est leur faible proportion aux postes d’administratrices internes qui n’a augmenté que de deux points de pourcentage en cinq ans, pour atteindre 6 % en 2018. Selon les chercheurs, ce chiffre se traduit par le manque de femmes à la haute direction des entreprises, «qui représente souvent un critère de sélection pour les candidats aux CA», ajoute Jean Bédard, professeur et titulaire de la chaire.
Ce phénomène, Caroline Codsi le déplore. «Une PDG sera nommée au conseil les yeux fermés. Mais si l’on se concentre uniquement sur elles, on se retrouve devant un bassin minuscule», observe la présidente fondatrice de l’organisme La Gouvernance au Féminin, dont la mission consiste à soutenir les femmes dans leur avancement de carrière et leur accession à des sièges dans des CA.
Autre amélioration : la proportion de sociétés sans aucune femme à leur table de CA a diminué de moitié, de 34 % à 15 %. La tendance est diamétralement opposée pour les sociétés avec trois femmes et plus, dont le taux passe de 15 % à 31 %.
Si elle reconnaît les efforts mis de l’avant, Mme Codsi s’inquiète toutefois de l’intention pas toujours évidente à définir. «Il ne suffit pas de les nommer uniquement pour faire plaisir aux groupes de femmes et aux actionnaires, mais de les former pour les aider à progresser vers des postes de haute direction», estime-t-elle.
Bref portrait de la gouvernance
Composition des CA
Le conseil type compte neuf membres, dont sept indépendants, un lié (administrateur externe ayant une relation directe ou indirecte avec la société) et un PDG de la société, ainsi que trois comités : audit, gouvernance et ressources humaines. Les membres se réunissent en moyenne huit fois par année.
Membres de CA
L’administrateur type est un homme qui réside au Québec et est âgé en moyenne de 63 ans. La durée moyenne des mandats est de huit ans, et plus de la moitié (52 %) des membres siègent à un seul conseil d’une société inscrite en Bourse.
L’administratrice
Les femmes forment 21 % des conseils, dont le quart sont indépendantes, 15 % sont liées et 6 % sont internes. Près du tiers (31 %) des conseils comptent trois administratrices et plus, le quart (26 %) en ont deux, 28 % en ont une et 15 % n’en ont aucune.
Rémunération
Le salaire moyen d’un administrateur s’élève à 141 000 $, qu’il reçoit principalement sous forme d’honoraires (58 %) et d’actions (32 %).