Espoir dans le bois d’oeuvre en raison de cette femme

Publié le 11/03/2021 à 14:25

Espoir dans le bois d’oeuvre en raison de cette femme

Publié le 11/03/2021 à 14:25

Par François Normand

La nouvelle représentante américaine au commerce, Katrine Tai. (Photo: Getty Images)

ANALYSE. La confirmation de Katherine Tai à titre de représentante américaine au commerce (USTR) à Washington est doublement rafraîchissante. Elle est non seulement la première femme d’origine asiatique à occuper ce poste prestigieux et stratégique, mais elle souhaite aussi rapprocher les États-Unis de leurs principaux partenaires et réintégrer son pays dans les forums internationaux comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Cette posture représente tout un contraste par rapport à l’ancienne administration Trump (qui a soufflé le chaud et le froid sur les relations canado-américaines), en plus de donner une lueur d’espoir aux producteurs québécois de bois d’œuvre, selon Michel Vincent, économiste du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ).

«La nomination de Katherine Tai est un facteur positif, insiste-t-il. Cela signifie que le système régissant le commerce international que les États-Unis ont contribué à mettre en place va redémarrer. Je ne dis pas que c’est gagné pour le conflit du bois d’œuvre, mais le système pour le gérer devrait fonctionner à nouveau.»

D’origine taïwanaise et parlant mandarin, la femme de 46 ans est une spécialiste du libre-échange. Elle a occupé plusieurs postes au sein du USTR, en plus d’y avoir développé une expertise particulière dans les relations commerciales avec la Chine.

Katherine Tai a joué également un rôle important dans la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Pour illustrer la raison pour laquelle le CIFQ voit son arrivée d’un bon œil, Michel Vincent souligne l’une de ses déclarations lors de l'audition devant le comité sénatorial sur les Finances afin de confirmer sa nomination, le 24 février.

«J'accorderai la priorité à la reconstruction de nos alliances et partenariats internationaux et à notre réengagement envers les institutions internationales. Nous devons travailler avec acharnement et promouvoir les réformes nécessaires qui permettent au monde de se réunir et de faire face aux menaces communes.»

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Cinquième conflit en 40 ans

Le présent conflit du bois d’œuvre (Lumber 5, comme on dit dans l’industrie) a officiellement débuté le 25 novembre 2016, dans les derniers mois de l’administration démocrate de Barack Obama. Une coalition de producteurs américains de bois d’œuvre avait alors porté plainte contre l’industrie canadienne, l’accusant encore d’être subventionnée.

Cinq mois plus tard, en avril 2017, les États-Unis ont imposé des tarifs de 20% sur importations canadiennes de bois d’oeuvre.

En août 2020, l’OMC a invalidé cette politique, en rendant une décision favorable au Canada. Le chien de garde du commerce international a conclu que l’imposition de tarifs par le département américain du Commerce «ne repose sur aucune base motivée et adéquate».

En décembre 2020, Washington a fait passer ces tarifs de 20 à 9%, et ce, après une première révision administrative.

Malgré tout, les avocats canadiens contestent toujours ces tarifs, même à 9%.

Pour sa part, le Québec fait valoir que son régime forestier respecte les règles du commerce international, et que les producteurs québécois peuvent donc exporter leurs bois aux États-Unis sans payer de tarifs.

Le conflit du bois d’œuvre canado-américain a débuté dans les années 1980.

En 1982 et 1986, l’administration républicaine de Ronald Reagan (1981-1989) a successivement déclenché les deux premières procédures (Lumber 1 et Lumber 2) contre le Canada.

Lumber 3 a débuté en 1991 sous l’administration républicaine de George Bush père (1989-1993), tandis que son fils, le républicain George W. Bush (2001-2009), a lancé la première salve pour Lumber 4, en 2002.

Quant à Lumber 5, il amorce sa quatrième année en avril prochain.

 

 

 

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