PDG de l'année 2022 - Moyenne entreprise | La croissance et la bienveillance de Stéphane Garneau


Édition du 23 Novembre 2022

PDG de l'année 2022 - Moyenne entreprise | La croissance et la bienveillance de Stéphane Garneau


Édition du 23 Novembre 2022

Par François Normand

Stéphane Garneau (Photo: Martin Flamand)

QUI SONT LES PDG DE L'ANNÉE 2022? Le patron de Micro Logic, Stéphane Garneau, est très ambitieux. Depuis des années, sa PME s’attaque de front aux géants américains de l’infonuagique (cloud, en anglais) au Canada, mais elle le fera bientôt sur leur propre terrain, aux États-Unis, grâce à une acquisition. Si cette percée au sud de la frontière se déroule bien, Micro Logic débarquera ensuite en Europe, voire en Asie, un jour.

Tout un exploit pour une entreprise acquise au coût de 70 000$ en 2009 et dont les revenus avoisinent aujourd’hui 200 millions de dollars (M$). Micro Logic, fondée à Québec il y a près de 40 ans, était en effet à l’origine une boutique qui vendait des produits Apple. Stéphane Garneau l’a acquise avec la volonté de diversifier les sources de revenus en offrant de nouveaux services.

Ce leadership, cet esprit entrepreneurial et cette audace en affaires, les membres d’un jury l’ont reconnu à l’unanimité à la mi-octobre, en lui décernant le prix de PDG de l’année 2022 Les Affaires, dans la catégorie moyenne entreprise.

Aujourd’hui, Micro Logic accompagne les entreprises publiques et privées dans leur transition numérique et dans l’adoption de technologies d’affaires. La PME revend aussi des équipements informatiques, un secteur en déclin, mais toujours stratégique.

En avril 2021, Channel Daily News, une publication canadienne spécialisée dans l’industrie des technologies de l’information, a classé Micro Logic parmi les dix plus importants fournisseurs informatiques du Canada.

L’entreprise est aussi le seul manufacturier d’un système infonuagique 100% québécois, avec son projet Cirrus.

Contrairement à ses concurrents américains comme Amazon et Microsoft, son cloud «agnostique» a la particularité d’être compatible avec toutes les plateformes technologiques existantes.

Il procure aussi une flexibilité que les autres systèmes infonuagiques dans l’industrie n’offrent pas, souligne le président de Micro Logic. «On peut y entrer et en sortir assez facilement. C’est énorme en matière de flexibilité», insiste l’entrepreneur.

Habituellement, une entreprise doit s’engager durant plusieurs années avec un fournisseur de services infonuagiques.

 

Dans la cour des géants mondiaux de l’industrie

Micro Logic a eu une grosse année 2022, consacrée au déploiement d’une nouvelle stratégie de croissance. Une stratégie qui «devrait la propulser dans la cour des géants mondiaux de l’industrie», estime même la PME.

Le marché américain est le premier jalon de ce plan de match. Aux États-Unis, Micro Logic fera d’abord une acquisition sur la côte est — la Floride est notamment dans son collimateur — en s’appuyant sur une stratégie bien particulière, explique Stéphane Garneau. «On va acheter des revendeurs américains d’équipements informatiques dont les revenus sont en décroissance. Ce sont des cibles exceptionnelles », affirme l’entrepreneur.

Ces revendeurs ont des clients commerciaux aux États-Unis qui migrent de plus en plus vers l’infonuagique, tout comme au Canada. Micro Logic compte donc offrir aussi à cette clientèle ses services infonuagiques pour faire d’une pierre deux coups.

«C’est comme un cheval de Troie afin de vendre notre cloud, illustre Stéphane Garneau.

Cette «recette» — pour reprendre son expression — est applicable un peu partout dans le monde. C’est la raison pour laquelle le marché américain est un tremplin mondial pour Micro Logic.

L’entrepreneur est plutôt optimiste, car il existe des revendeurs d’équipements informatiques en décroissance dans plusieurs pays. «On vise d’ailleurs une percée sur le marché européen dans deux ans», précise-t-il.

Si la stratégie d’internationalisation par acquisitions se déroule comme prévu, Micro Logic pourrait pratiquement quadrupler ses revenus d’ici cinq ans, à 750 M$.

 

Créativité et droit à l’erreur

Cette stratégie comporte toutefois des risques, admet Stéphane Garneau. «Notre risque, c’est de prendre des bouchées trop grosses pour nous», confie-t-il.

Une telle situation pourrait non seulement ne pas créer de valeur, mais aussi induire une pression trop forte sur les employés et nuire à la créativité. «Si tu es tout le temps dans le jus, ça peut t’empêcher de réfléchir ou d’innover.»

La bienveillance est d’ailleurs un élément important dans la culture de Micro Logic. Certes, l’entreprise vise la performance et le dépassement, mais jamais au détriment des équipes, assure Stéphane Garneau.

À ses yeux, le droit à l’erreur est un autre facteur crucial pour stimuler la créativité à Micro Logic. «Pour arriver à nos fins, il faut essayer plusieurs choses. Il faut tester le marché pour voir comment on réagit», dit-il.

C’est d’ailleurs de cette manière qu’est né le projet Cirrus, le fruit d’«une série d’essais et d’erreurs», fait remarquer d’entrepreneur. Un projet dont a émergé le seul système infonuagique 100% québécois, qui sera bientôt offert aux États-Unis — et possiblement à terme à l’ensemble de la planète.

Cet environnement d’affaires bienveillant et valorisant le droit à l’erreur semblent plaire aux travailleurs de l’industrie des services informatiques.

En 2022, Micro Logic a augmenté sa force de travail de 62%, pour porter le nombre d’employés à 350 — dans une organisation où le salaire moyen s’élève à 81 000$.

 

Les grandes réalisations de Micro Logic en 2022


  • En 2022, Micro Logic s’est consacrée au déploiement d’une nouvelle stratégie de croissance, qui devrait la propulser dans la cour des géants mondiaux de l’industrie, aux dires de la PME.
  • L’entreprise est le seul manufacturier d’un système infonuagique à 100 % québécois, avec son projet Cirrus, qui est en concurrence avec les géants américains Amazon et Microsoft.
  • Stéphane Garneau a payé 70 000 $ pour acquérir Micro Logic en 2009, et les revenus de cette dernière avoisinent aujourd’hui 200 millions de dollars.

 

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