Le CELI de Michel Gauthier: un pipeline de dividendes


Édition du 25 Mai 2022

Le CELI de Michel Gauthier: un pipeline de dividendes


Édition du 25 Mai 2022

Par Jean Décary

Âgé de 43 ans, le plombier et réserviste dans l’armée possède 111 000 $ dans son CELI. Grâce aux titres individuels, il aimerait vivre de son revenu de dividendes, et ce, sans toucher à son capital. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Ce natif du Lac-Saint-Jean, aujourd’hui domicilié à Québec, est un gars professionnellement occupé. Après avoir travaillé 10 ans dans le secteur des mines et du pétrole, notamment à Fort McMurray, en Alberta, il vient de terminer un cours de plomberie et travaillera cet été à la réfection du réseau d’aqueduc de la Capitale-Nationale.

L’hiver, il fait partie de l’équipe de déneigement de l’aéroport Jean-Lesage. Il est aussi réserviste dans les Forces armées canadiennes. Et c’est sans compter le temps qu’il passe à bonifier sa chaîne YouTube «MG Finance» et sa page Facebook du même nom, deux passe-temps consacrés à l’investissement. «Mes occupations surprennent un peu les gens. Disons que je me garde très occupé.» 

L’homme de 43 ans avoue être arrivé sur le tard dans le monde des valeurs mobilières. « Jeune, j’aurais aimé être mieux renseigné en matière de finances personnelles. Comprendre tôt, par exemple, l’importance des intérêts composés. » Il va développer sa frugalité avec les années et rapidement combler ses lacunes en investissement à compter de 2013, entre autres grâce aux conseils de Tom Sosnoff, un ancien teneur de marché (« market maker ») à la Bourse des produits dérivés de Chicago. « Il a créé la plateforme transactionnelle Thinkorswim, qui a été vendue en 2009 à TD Ameritrade. C’est lui qui va le plus influencer mon parcours financier. » Il porte aussi un vif intérêt aux enseignements de l’animateur, auteur et homme d’affaires Dave Ramsey, qui prêche notamment (à la radio et dans ses livres) l’importance de ne pas traîner de mauvaises dettes.

Le nouvel investisseur va suivre une formation avec DayTrader Canada et se plonger le nez dans plusieurs livres, dont « Get Rich with Dividends » de Marc Lichtenfeld. Intéressé à pousser plus loin son apprentissage, il explorera le secteur des produits dérivés et lira des livres sur la négociation d’options d’achat, comme « How to Price and Trade Options », d’Al Sherbin, et « Positional Option Trading », d’Euan Sinclair.

Michel Gauthier attendra la vente de son immeuble à revenus en 2016 avant d’ouvrir un CELI et d’y investir. « J’avais été échaudé par mon expérience en immobilier et je voulais prendre le temps de bien m’éduquer avant de déployer mon argent sur les marchés boursiers. » 

Il décide d’axer son CELI strictement sur le marché canadien afin d’éviter la retenue à la source de 15 % pour les dividendes étrangers. « Je me suis concentré sur les entreprises canadiennes qui versent des dividendes : les pétrolières, les sociétés de télécommunication et les banques. » Il dit être à l’aise avec la volatilité et le risque, et posséder un horizon de placement à très long terme. « Je veux me créer un flux de revenu passif croissant avec mes dividendes pour éventuellement pouvoir en vivre sans toucher à mon capital. »

Des entreprises comme AltaGas (ALA, 28,03 $), en hausse de 70 % depuis deux ans, Banque Scotia (BNS, 83,45 $) et Enbridge (ENB, 57,53 $) occupent plus de 60% de son portefeuille CELI. Le principal intéressé, qui a travaillé dans le milieu longtemps, reconnaît son « biais d’investissement » pour les titres pétroliers. « Je détiens encore tous les titres que j’ai achetés depuis l’ouverture du CELI. Je n’ai pas fait de rotation, mais j’ai profité des baisses de marchés (comme le krach pandémique de 2020) pour déployer davantage de capital. » 

Aux investisseurs qui commencent ou à ceux qui lui demandent des conseils, il recommande de développer leur littéracie financière et d’être patients. « Les gens magasinent deux ou trois mois pour une voiture, mais peuvent investir dans une entreprise en une fraction de seconde. » Quand il ne travaille pas à l’un de ses trois emplois, Michel Gauthier s’entraîne et fait des triathlons.

 

 

Dans l’œil d’un pro

« On voit qu’il avait un plan et qu’il l’a bien exécuté en se créant un portefeuille somme toute bien structuré et qui génère des dividendes », observe d’entrée de jeu Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret. Il ajoute à la blague que l’accent mis sur les titres énergétiques ne lui vaudra toutefois pas un prix ESG.

Le professionnel rappelle que la prudence doit toujours être de mise lorsqu’on gère soi-même son portefeuille. « L’important, c’est de bien connaître ses limites. L’investissement, c’est sans merci, d’autant que pour chaque transaction il y a toujours un certain déséquilibre d’information. » Il mentionne celle à laquelle, par exemple, a accès un investisseur institutionnel comme la Caisse de dépôt par rapport à celle qui est accessible au petit investisseur. Dans le même ordre d’idées, le gestionnaire de portefeuille souligne que quand nous commençons à acquérir des connaissances sur un sujet, nous avons parfois tendance à surévaluer nos compétences, à nous faire trop confiance. C’est un biais cognitif bien connu en psychologie qui s’appelle l’effet Kruger-Dunning. Bref, il recommande à l’investisseur de s’assurer de bien connaître ses limites et de redoubler de prudence à mesure qu’il approfondira ses connaissances.

De façon générale, il aime le CELI, même s’il note quelques vices de construction. Son exposition au titre d’AltaGas à tout près de 40% lui apparaît exagérée. « Il n’y a rien de mal à détenir ce titre, au contraire, mais j’opterais pour une approche équipondérée, avec environ 7,5 % pour chacun des titres détenus. » 

Vincent Fournier rappelle qu’il existe plusieurs méthodologies pour la construction de portefeuille et que les dividendes, s’ils sont un bon outil pour déterminer la valeur d’une entreprise, ont leurs forces et leurs faiblesses. « Ce sont de bons outils de distribution de capital, mais une entreprise qui ne réinvestit pas assez dans sa croissance peut, à terme, être moins compétitive. »

Un portefeuille strictement bâti de façon à générer du dividende va avoir, selon lui, de la difficulté durant certaines périodes, par exemple une marquée par la hausse des taux d’intérêt. Il recommande de diversifier l’approche de son CELI en axant sur la croissance. « Il y a des titres qui s’échangent actuellement à de bons multiples et dont certains versent des dividendes ; Microsoft (MSFT, 257,92 $ US) par exemple. » Enfin, le gestionnaire de Claret n’est pas friand des titres ou des cryptomonnaies qui ont des pondérations de 1 % dans le CELI.

 

 

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