Viser l’international pour un meilleur rendement?


Édition du 10 Avril 2024

Viser l’international pour un meilleur rendement?


Édition du 10 Avril 2024

Par Jean Décary

(Photo: 123RF)

GESTION DE PATRIMOINE. Dans « Global Investment Returns Database », une étude de données colligées par Dimson, Marsh and Staunton et relayée par PWL Capital, il est montré que les actions mondiales (hors États-Unis) ont surpassé le rendement des actions américaines au cours de cinq des sept dernières décennies.

Si les actions américaines ont affiché de meilleurs rendements depuis le début de la décennie 2020, les investisseurs qui cherchent un rendement supérieur ont-ils avantage à considérer une plus grande exposition aux marchés boursiers internationaux?

« Le monde est vaste et il existe des pays où des marchés et des économies performent bien, mais les investisseurs ont souvent tendance à focaliser leur attention sur le marché américain qui, il est vrai, représente plus de 70 % de l’indice MSCI World et dont le poids de l’économie à l’échelle mondiale avoisine les 25 % », mentionne Simon Houle, gestionnaire de portefeuille au groupe Onyx, IA Gestion privée de patrimoine.

L’autre phénomène observé est une concentration démesurée des portefeuilles d’investissement canadien dans des valeurs mobilières canadiennes. Selon le « International Monetary Fund », une étude citée dans un article de la firme d’investissement Vanguard intitulé «A Case for Global Equity Diversification», les investisseurs canadiens allouent 52,2 % de la pondération de leur portefeuille boursier à des titres canadiens, alors que le marché canadien ne représente que 3,4 % du marché boursier mondial, ce qui serait 15 fois trop.

Simon Houle est d’avis qu’il y a de la valeur à l’international et qu’un investisseur avec un profil croissance (c’est-à-dire un portefeuille composé à 80 % d’actions et à 20 % de titres à revenu fixe) devrait par exemple considérer une exposition internationale en actions qui oscille entre 15 % et 25 %, selon le mandat du portefeuille.

« Une bonne diversification est essentielle et le secteur géographique n’y fait pas exception. » Il reconnaît que d’investir à l’international revêt toutefois son lot d’impondérables, dont le risque lié à la devise, mais aussi celui lié au contexte géopolitique. « Nous gérons le risque en investissant non pas dans des entreprises ciblées ou des secteurs en particulier, mais en faisant de la gestion indicielle. On s’assure ainsi de faire aussi bien que le marché sans prendre de risque indu. »

« Oui, la diversification géographique de notre portefeuille est importante, mais il faut bien connaître où l’on investit, les forces et faiblesses de chaque marché », précise Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret. Qui dit marché mondial dit aussi marchés émergents, qui ne représentent pas le même niveau de sécurité que le marché de l’Oncle Sam. En Chine, par exemple, l’éléphant dans la pièce pour l’investisseur est le gouvernement. « Il peut décider du jour au lendemain d’être propriétaire et de changer les prix. » Le gestionnaire précise toutefois qu’il est possible de tirer son épingle du jeu à l’international. « En faisant ses devoirs, on peut trouver des perles. Mais il faut bien connaître le terrain de jeu. »

« Aux États-Unis, le système économique m’apparaît davantage conçu pour créer de la richesse, de nouveaux riches, alors que le système européen me semble être plus structuré pour maintenir la richesse des plus fortunés, un lieu où il est plus difficile de maximiser le rendement de l’avoir des actionnaires », explique Vincent Fournier. Le gestionnaire préfère de loin investir dans une entreprise qui va être en mesure de déployer le capital là où elle croit qu’il sera le plus bénéfique. « Tu peux avoir une excellente entreprise dont le siège social est ici ou aux États-Unis et qui génère une bonne partie de ses revenus à l’international. »

« Historiquement, la plupart des firmes de gestion d’actifs déterminaient la répartition d’un portefeuille d’actions mondiales selon une approche descendante. D’abord, on examinait le contexte macroéconomique en tentant de mesurer le degré de craintes ou d’instabilité dans une région géopolitique », explique Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard Allard et Associés. Plusieurs gestionnaires préconisent encore cette façon de faire, selon lui. C’est ce qui explique pourquoi l’Europe a été délaissée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les répercussions de ce conflit sur l’économie.

Lui et son équipe préfèrent plutôt travailler de façon ascendante en ciblant les entreprises sans égard au lieu de leur siège social. Ensuite viennent les questions et l’analyse géopolitique. « Actuellement, on observe plusieurs entreprises basées en Europe qui se négocient à des multiples d’évaluation intéressants, confie-t-il. Dans nos portefeuilles, nous sommes surpondérés géographiquement en Europe par rapport au poids du continent dans l’indice mondial MSCI. »

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