Réduire votre empreinte carbone: quelle est la voie à suivre?

Publié le 20/02/2024 à 13:21

Réduire votre empreinte carbone: quelle est la voie à suivre?

Publié le 20/02/2024 à 13:21

Par Magali Depras

«La démarche de réduction de l’empreinte carbone se fait par étapes. Elle ressemble à une montagne que l’on pourra gravir avec de l’ambition et une feuille de route solide. Prêts à être premiers de cordée?» (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. La prise de conscience climatique s’accentue à travers le monde mais son intégration dans les stratégies des entreprises reste un défi.

Les dirigeants font face à des enjeux économiques et organisationnels qui placent les questions environnementales en bout de liste.

Bien que les engagements des grandes entreprises en matière climatique créent un mouvement à travers toute la chaîne de valeur, la moitié de nos entreprises québécoises n’ont pas encore démarré leur parcours.

Alors, par où commencer? On suivra le cas d’un dirigeant qui lance sa démarche de décarbonation.

Un rapport publié par Québec Net positif fin janvier révèle que 49% des entreprises manufacturières québécoises n’ont mis en œuvre aucune action climatique à ce jour. Une majorité reconnait qu’elles ont un rôle à jouer, mais on constate un écart important entre la volonté affichée et le passage à l’action. 

 

Empreinte carbone

Commençons par rappeler ce qu’est l'empreinte carbone. C’est la quantité totale de gaz à effet de serre (GES) qu'une entreprise rejette dans l'atmosphère. Elle est mesurée en tonnes d'équivalent dioxyde de carbone (CO2e).

Il y a trois catégories (aussi appelées scopes) utilisées pour classer les émissions de GES.

 

  1. Le scope 1 englobe les émissions directes provenant des sources contrôlées par l'entreprise, telles que les émissions de ses installations.
  2. Le scope 2 concerne les émissions indirectes liées à la consommation d'énergie achetée par l'entreprise, comme l'électricité.
  3. Enfin, le scope 3 englobe toutes les émissions indirectes en amont et en aval, associées aux activités de l'entreprise. Cela inclut par exemple les émissions liées aux matières premières, celles liées au transport, ou encore les émissions liées à la fin de vie des produits, selon qu’ils sont recyclés ou non.

 

Prenons le cas de Michel, président d’une entreprise de fabrication de produits alimentaires avec plusieurs sites de production à travers le pays. Michel s’est récemment fait reprocher par la directrice des approvisionnements d’un grand détaillant son manque d’initiatives en matière environnementale. Il est conscient qu’il risque d’être pénalisé, voire déréférencé, mais il ne sait pas par où commencer.

 

1. Accompagnement

La première décision que Michel prend, est de se faire accompagner.

En allant chercher de l’aide extérieure, il peut s’appuyer sur des experts qui connaissent ces problématiques et vont l’aider à mettre en place un parcours adapté à la situation de son entreprise.

 

2. Diagnostic

En l’absence de données sur ses émissions de GES, Michel fait réaliser un premier diagnostic des émissions directes et indirectes liées à ses activités. Les résultats sont partagés et discutés avec ses équipes et de premières pistes de solutions apparaissent.

Ses directeurs d’usines suggèrent de mettre en place des mesures d’efficacité énergétique. Celles-ci incluent entre autres l’installation de systèmes d’éclairage et de chauffage plus efficaces, une optimisation des processus de production et une formation des équipes. Il est convenu de se concentrer d’abord sur des initiatives avec des retours sur investissement de 12 à 18 mois.

Pour réduire l’empreinte carbone liée à l’électricité, le service des approvisionnements suggère de diminuer l’utilisation des combustibles fossiles dans les sites en dehors du Québec. L’équipe prend contact avec des fournisseurs d’énergie renouvelable et leur analyse fait ressortir un potentiel d’économies bien plus important que ce qu’ils supposaient.

 

3. Incitations financières

Pour soutenir ces initiatives, la directrice financière de Michel recherche des subventions et des incitations financières. Elle découvre qu’ils sont admissibles à plusieurs programmes de soutien à la transition énergétique et à la réduction des émissions de GES, ce qui permettra de financer une partie des projets de décarbonation.

En ce qui concerne les émissions indirectes, un premier diagnostic révèle que l’empreinte carbone liée aux matières premières est importante. Michel demande à ses équipes d’identifier leurs gros fournisseurs et d’entamer le dialogue. Les échanges révèlent que certains ont reçu des questions similaires de la part d’autres clients et ont mis en place des mesures de réduction qui vont aider l’entreprise dans sa démarche.

 

4. Matériaux recyclables

La responsable commerciale de Michel suggère enfin de réfléchir à l’utilisation de matériaux d’emballage recyclables. Les concurrents de l’entreprise se positionnent dans le domaine de l’économie circulaire et prennent des positions concurrentielles chez les détaillants ayant intégré ces exigences dans leurs appels d’offres.

 

Le cas de Michel est une illustration fictive mais elle est proche de la réalité vécue par de nombreuses entreprises.

La démarche de réduction de l’empreinte carbone se fait par étapes. Elle ressemble à une montagne que l’on pourra gravir avec de l’ambition et une feuille de route solide. On va chercher des guides pour se faire accompagner. On s’appuie sur une cordée qui s’entraide, en impliquant équipes, employés et partenaires. On va s’inspirer d’autres entreprises engagées et partager les apprentissages. Au terme du parcours, le dirigeant et son équipe auront gagné en productivité et en opportunités d’affaires grâce à des initiatives créatrices de valeur qui réduiront l’empreinte environnementale de l’entreprise.

Alors, prêts à être premiers de cordée?

 

Vous voulez en apprendre davantage?

Je vous invite à prendre connaissance de l’initiative internationale visant à limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 degrés Celsius. Près de 7500 grandes entreprises ont rejoint le mouvement et pris des engagements ambitieux à l’horizon 2030 et 2050. (Companies taking action - Science Based Targets).

Les investisseurs aussi souhaitent comprendre les risques liés aux changements climatiques et leur impact pour les entreprises. Celles-ci devront désormais divulguer de façon plus rigoureuse et détaillée. Le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité publiera d’ailleurs en mars des documents de consultation publique qui serviront de base aux premières Normes canadiennes sur ces sujets. Adoption des normes NCID 1 et NCID 2, fondées sur IFRS S1 et IFRS S2 (frascanada.ca)

 

 

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