La dégringolade du yuan, nouvel élément de la guerre commerciale

Publié le 05/08/2019 à 10:18

La dégringolade du yuan, nouvel élément de la guerre commerciale

Publié le 05/08/2019 à 10:18

Par AFP
Un graphique dont la courbe baisse, sur un écran de téléphone.

(Photo: 123RF)

Le yuan a dégringolé lundi, passant la barre des 7 yuans pour un dollar pour la première fois depuis 2008, au risque d’alimenter la guerre commerciale sino-américaine.

Vers 16H45, le yuan onshore est tombé à 7,05 yuans pour un dollar pour la première fois en onze ans, tandis que le yuan offshore, plus libre, a atteint en début d’échanges asiatiques 7,1114 yuans pour un dollar, pour la première fois depuis 2010.

Tour d’horizon des raisons et implications de cette chute, qui intervient en plein conflit commercial avec les États-Unis.

De quoi dépend le cours d’une devise ?

En principe, dans un régime de taux de change flottant, la valeur d’une devise évolue en fonction de l’offre et de la demande, qui dépendent de plusieurs facteurs : le solde de la balance commerciale, le taux directeur de la banque centrale, ou le niveau d’inflation par exemple.

Néanmoins, contrairement à la majorité des principales devises, le renminbi (autre nom du yuan) onshore n’est pas librement convertible : il ne peut évoluer face au dollar que dans une marge de 2 % autour d’un cours pivot déterminé chaque jour par la banque centrale (PBOC, institution qui, contrairement à ses homologues occidentales, n’est pas indépendante.

Si la PBOC a souligné dans un communiqué que cette dépréciation est « le résultat de l’offre et de la demande du marché et des fluctuations du marché monétaire international », un tel mouvement n’a pu avoir lieu qu’avec l’assentiment de l’institution.

Quelles sont les conséquences d’une monnaie faible ?

Lorsqu’une monnaie perd de sa valeur, les produits libellés dans cette devise voient leurs prix diminuer d’autant pour les acheteurs munis d’autres monnaies, ce qui favorise les exportations.

Après que Donald Trump a annoncé jeudi dernier son intention d’étendre des droits de douane supplémentaires à la quasi-totalité des importations en provenance de Chine, la baisse du yuan « peut être considérée comme une mesure d’assouplissement visant à atténuer l’impact des taxes », a souligné Samuel Siew, analyste pour Phillip Futures.

Néanmoins, un affaiblissement d’une monnaie a tendance à générer une fuite de capitaux, potentiellement destructrice pour l’économie. 

En 2015, la banque centrale avait dû activement intervenir pour freiner la chute de sa devise, puisant abondamment dans ses colossales réserves de changes pour acheter des yuans… et donc soutenir le cours. La même année, la PBOC avait également drastiquement durci les contrôles sur les mouvements de capitaux pour contenir la pression sur le yuan.

Mais pour Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics, la Chine s’efforçait jusqu’ici de soutenir sa monnaie « pour ne pas compromettre » les pourparlers commerciaux avec les États-Unis.

Laisser filer la devise sous les 7 yuans montre que les autorités chinoises « ont pratiquement abandonné tout espoir d’un accord commercial » avec Washington, a-t-il souligné.

Quels effets pour la croissance mondiale ?

« L’ajout d’un nouveau front monétaire au conflit commercial en cours entre les deux superpuissances économiques du monde risque d’aggraver encore les tensions et d’entraver potentiellement la croissance de l’économie mondiale », a averti Ricardo Evangelista, analyste pour ActivTrades.

Donald Trump a, sans surprise, réagi lundi en dénonçant une « manipulation de la monnaie ». « Cette violation majeure affaiblira considérablement la Chine avec le temps », a-t-il ajouté.

Le communiqué de la PBOC avait, de son côté, évoqué « l’unilatéralisme, les mesures protectionnistes et l’imposition de taxes » comme raison de la dégringolade.

Le président américain accuse régulièrement la Chine de manipuler sa devise, même si le Trésor américain a conclu dans son dernier rapport semestriel qu’aucun des grands partenaires commerciaux des États-Unis, notamment la Chine, n’a manipulé sa devise pour en tirer un avantage indu.

Pour Han Tan, analyste pour FXTM, la baisse du yuan pourrait en outre avoir un effet domino sur les autres devises des pays émergents asiatiques, et chahuter leurs économies.

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