Bien maintenir un portefeuille: tester différents scénarios, y compris le pire

Publié le 25/08/2023 à 14:30

Bien maintenir un portefeuille: tester différents scénarios, y compris le pire

Publié le 25/08/2023 à 14:30

Le milliardaire américain Charlie Munger (Photo: Getty Images)

Les investisseurs sont des gens optimistes. Naturellement, nous pensons à un avenir meilleur, où les actifs s'apprécient et font fructifier notre patrimoine. Penser le contraire nous donnerait peu de raisons d'investir.

Pourtant, voici un point contre-intuitif: l'une des meilleures façons de construire et de maintenir un portefeuille de placements est d'envisager le pire des scénarios.

Avant que vous ne suggériez que j'ai perdu la boule, sachez que nul autre que Charlie Munger, l'assistant de Warren Buffett, me soutient sur ce point. Enfin, en quelque sorte.

M. Munger est célèbre pour avoir conseillé à ses disciples d'«inverser, toujours inverser». Il entend par là que de nombreux problèmes ne peuvent être résolus en se contentant de penser «en avant», c'est-à-dire vers l'étape logique suivante. Souvent, il faut penser à la fois en arrière et en avant. L'inversion vous oblige à découvrir des croyances cachées sur le problème que vous essayez de résoudre.

Si l'on applique la pensée de M. Munger à mon point de départ, il est essentiel de ne pas se contenter d'envisager le meilleur scénario pour vos placements. Envisager le pire des scénarios vous oblige à réfléchir attentivement à votre portefeuille, notamment aux idées suivantes:

 

1. La répartition d’actifs

Supposons que vous ayez un portefeuille simple composé de 80 % d'actions et de 20 % d'obligations. Imaginons aussi le pire, c’est-à-dire que le marché boursier chute de 50 % par rapport à son niveau actuel et que vos actions en fassent de même. Cela signifie que votre portefeuille de placements subirait une perte globale de 40 % (une baisse de 50 % des actions multipliée par 0,8 : la part de votre portefeuille composée d’actions).

Avant de dire qu'une telle chute des actions ne peut pas se produire, sachez que les marchés développés ont régulièrement chuté ce montant, voire de plus, au cours de leur histoire.

Comment réagiriez-vous à une telle chute de votre portefeuille? Beaucoup d'investisseurs vendraient leurs actions après des pertes importantes et placeraient cet argent dans des actifs défensifs tels que les liquidités et les obligations. C'est souvent la pire chose à faire, car des actifs tels que les actions ne restent généralement pas longtemps à la baisse.

Si vous ne pouvez pas supporter une chute comme celle-ci, il est temps de revoir votre répartition d'actifs. Vous pouvez peut-être réduire les 80 % investis dans les actions et investir davantage dans les obligations et les liquidités. Vous pouvez également envisager d'allouer une partie de votre patrimoine à des actifs moins corrélés aux actions, comme les placements alternatifs.

Se préparer à un scénario catastrophe est un bon moyen de tester la répartition des actifs de votre portefeuille de placements.

 

2. Le style ou la stratégie de placement

L'une des plus grosses erreurs que je constate souvent est que les investisseurs n'ont pas un portefeuille qui reflète leur personnalité et leur tempérament. Par exemple, un investisseur à la personnalité prudente peut avoir un portefeuille composé à 100 % d'actions de croissance.

Réfléchir au pire scénario pour vos placements peut vous aider à mieux adapter votre portefeuille à votre personnalité.

Pour revenir à notre exemple précédent, un investisseur prudent aurait normalement du mal à supporter une baisse de 40 % de son portefeuille, et il serait donc logique qu’il réduise sa participation aux actions. Ou alors, si vous êtes un retraité qui compte sur les revenus de son portefeuille, une répartition d’actifs plus axée sur le rendement serait sans doute dans votre cas une option plus acceptable.

 

3. Le choix des actions

Passons de la répartition d'actifs au choix des actions, où l'examen de différents scénarios est tout aussi important.

À cet égard, ce n'est pas un hasard si certains des meilleurs investisseurs du monde ont commencé par être des joueurs. Par exemple, Ed Thorp était un universitaire devenu joueur amateur, qui a inventé le comptage des cartes et écrit un livre célèbre à ce sujet (Beat the Dealer, ou Battre la banque) à l'âge de 30 ans. Plus tard, il a appliqué ses prouesses mathématiques aux placements et géré avec succès un fonds spéculatif pendant 19 ans.

Jeff Hass était un joueur professionnel avant de cofonder le Susquehanna International Group, qui est devenu l'une des sociétés de trading les plus prospères de Wall Street et a fait de lui la 48e personne la plus riche au monde.

Pourquoi les joueurs font-ils de bons investisseurs? Il ne s'agit pas seulement de leur capacité à prendre des risques, mais également de prendre des risques raisonnables, de préférence lorsque les chances sont écrasantes en votre faveur. Pour ce faire, il faut réfléchir à des scénarios et envisager à la fois le meilleur et le pire, avec tout ce qu'il y a entre les deux. Vous pouvez le faire en examinant les ratios de bénéfices.

Il est possible de tester les bénéfices et les ratios afférents de toutes sortes de façons. Dans le pire des scénarios, vous pouvez envisager une récession économique et son impact sur les bénéfices. Dans ce cas, vous prévoyez peut-être une baisse des marges et une croissance plus faible du chiffre d'affaires, ce qui se traduirait par une croissance des bénéfices de 1 à 3 %. Réfléchissez maintenant à l'impact que cela aurait sur votre portefeuille, et demandez-vous si vous auriez un problème avec ce résultat.

 

Un texte de James Gruber, rédacteur adjoint pour Firstlinks et Morningstar.com

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