Toutes les entreprises ne devraient pas racheter - Cascades est un bon exemple

Publié le 07/05/2012 à 10:07, mis à jour le 07/05/2012 à 10:12

Toutes les entreprises ne devraient pas racheter - Cascades est un bon exemple

Publié le 07/05/2012 à 10:07, mis à jour le 07/05/2012 à 10:12

BLOGUE. Toutes les semaines, vous pouvez examiner les transactions d’initiés des entreprises québécoises dans le Bulletin hebdomadaire de l’Autorité des marchés financiers du Québec (http://lautorite.qc.ca/fr/bulletin-vol9no18-fr-corpo.html). Cette semaine, mon attention a été attirée par des rachats d’actions d’une entreprise bien de chez nous : Cascades.

Dans le plus récent Bulletin, j’ai noté que Cascades avait racheté 4 100 de ses propres actions à un peu plus de 4,00 $ par action, une somme d’un peu plus de 16 500 $. On ne peut pas dire que cela représente des transactions significatives pour une société dont la valeur boursière surpasse 400 M$. Il reste que j’ai noté au fil des ans que Cascades rachetait régulièrement de ses actions. Cela m’a incité à jeter un nouveau coup d’œil sur le plus récent rapport annuel de l’entreprise.

Cascades a effectivement racheté de ses propres actions à chacun de ses sept derniers exercices pour un grand total de 38 M$. Au cours des trois derniers exercices, le nombre d’actions en circulation de Cascades a diminué de 2,6 %, passant de 97,2 M à 94,6 M. En revanche, depuis la fin de 2005, le nombre d’actions en circulation a plutôt augmenté puisqu’il était 80,8 M à cette date. Cette augmentation résulte de l’émission d’un peu plus de 15 M d’actions de la société en décembre 2006 à un prix de 13,25 $.

La question que je me pose est la suivante : est-ce que Cascades fait bien de racheter ses actions? À vous de juger :

- Au 31 décembre, la société avait une dette qui totalisait 1 523 M$, soit 131 % de son avoir des actionnaires. Cette dette représente également un multiple de 6,65 fois les profits d’exploitation de 2011, probablement une année exceptionnellement difficile. Si l’on prend la moyenne des profits d’exploitation des trois derniers exercices, le ratio dette-profits d’exploitation se chiffre à 4,8. La dette de la société exclut un déficit du fonds de pension de 112 M$ au 31 décembre dernier.

- En 2011, la société a dégagé des fonds autogénérés libres négatifs de 37 M$ par rapport à des flux positifs de 52 M$ en 2010.

- Au cours des trois derniers exercices, les profits d’exploitation de la société sont passés de 408 M$ en 2009 à 310 M$ en 2010, à 229 M$ en 2011. Ceux-ci se chiffraient à 199 M$ en 2005.

À mon avis, ces chiffres démontrent bien que Cascades œuvre dans une industrie difficile qui a été malmenée au cours des dernières années. En outre, ce secteur exige beaucoup d’investissements en immobilisation, donc beaucoup de capital. Selon moi, même si les sommes allouées aux rachats d’actions ne sont pas élevées, la société ferait bien mieux de les utiliser pour réduire sa dette.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

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