La pire erreur à faire en entretien d'embauche!

Publié le 10/05/2017 à 06:06

La pire erreur à faire en entretien d'embauche!

Publié le 10/05/2017 à 06:06

Une erreur d'autant plus grave qu'elle est commune... Photo: DR

Au travail, nous cherchons tous la même chose : faire bonne impression. Et ce, surtout lors d'occasions spéciales, comme un entretien d'embauche ou d'évaluation en vue d'une promotion. Dès lors, nous revêtons nos plus beaux atours, nous affichons une confiance en nous-mêmes à tout casser, ou encore nous osons la décontraction teintée d'humour, voire d'autodérision, histoire de séduire de manière infaillible. Pas vrai?

Mais voilà, est-ce là la meilleure façon d'agir? Car, à trop vouloir plaire, il se peut qu'en vérité nous ne fassions que nous tirer une balle dans le pied et déplaisions à tout-va.

Comment savoir? Eh bien, je crois avoir la réponse à cette douloureuse interrogation existentielle. Si, si... Une réponse lumineuse, dénichée dans une étude intitulée Humblebragging: A distinct – and ineffective – self-presentation strategy et signée par deux professeurs de gestion des affaires de la Harvard Business School à Boston (États-Unis), Francesca Gino et Michael Norton, assistés de leur étudiant Övül Sezer. Regardons ça ensemble...

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Les trois chercheurs de la Harvard Business School se sont penché sur un cas précis, celui de la fausse modestie. Vous savez, ce qui transparaît lorsqu'on prononce des phrases du genre «Oh là là! Je suis tanné de devoir répondre à toutes ces demandes d'entrevue des médias, depuis que nous avons lancé notre nouveau produit», «Oh là là! C'est tellement fatigant d'être la seule gestionnaire en qui le boss a confiance, il me refile un paquet de responsabilités dès qu'il en a l'occasion» et autres «Oh là là! Je n'en reviens pas, l'Association vient de me demander de donner une conférence au prochain congrès, je ne vois vraiment pas pourquoi ils ont pensé à moi». Et ils se sont demandé si cette stratégie pour bien paraître aux yeux d'autrui était efficace, ou pas.

Pour s'en faire une idée, ils ont procédé à pas moins de sept expériences complémentaires. Ils ont, entre autres, demandé à des centaines de volontaires ce qu'ils pensaient de différentes phrases teintées de fausse modestie, ou encore évalué la récurrence et l'efficacité de la fausse modestie dans différentes situations (au travail, sur les médias sociaux,...).

Résultats? Les voici de ce pas :

> Un phénomène omniprésent. L'air de rien, la fausse modestie est omniprésente dans notre quotidien : en moyenne, 45% des gens sont confrontés chaque jour à une personne faisant preuve de fausse modestie, selon le sondage de l'étude. Par ailleurs, celle-ci prend en général l'une des deux formes suivantes : soit la forme de la complainte (ex.: «Oh non, je n'en peux plus d'être le chouchou de la boss.»), soit la forme de l'humilité (ex.: «Franchement, je ne comprends pas pourquoi c'est toujours à moi qu'on demande de rencontrer les nouveaux clients.»).

> Pire que la vantardise. À choisir entre les deux, les gens préfèrent en général ceux qui se vantent ouvertement à ceux qui font preuve de fausse modestie, surtout lors d'un face-à-face. C'est que leur réaction est nettement moins négative à l'égard des vantards qu'envers les faux modestes; et ce, quelle que soit la forme de fausse modestie utilisée, tant la complainte que l'humilité.

> Une lourde erreur de communication. Quelqu'un qui use de fausse modestie le fait, en général, à la suite d'une erreur stratégique dans sa communication. Il croit, à tort, que cela va déclencher chez l'autre de la sympathie, voire de l'admiration. Or, ce n'est absolument pas ce qui se produit : les gens ont plutôt l'impression que leur interlocuteur est «ni agréable ni compétent»; pis, ils ont le sentiment d'avoir affaire à une personne «dénuée de toute sincérité».

Wow! Voilà qui est dit, et ça fait mal pour chacun de nous qui croyions que jouer subtilement le faux modeste était une stratégie gagnante lors d'un face-à-face crucial, en particulier lors d'un entretien d'embauche. Car on passe à ce moment-là pour un imposteur, un hypocrite, oui, pour une personne qui fait de l'esbroufe, et donc qui inspire d'emblée la méfiance.

Je me permets d'enfoncer le clou : «Bref, la fausse modestie témoigne du manque de sincérité de la personne qui en use, ce qui se traduit auprès des autres par un rejet immédiat et sans appel», soulignent les trois chercheurs de Harvard dans leur étude.

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :

> Qui entend éviter la pire des erreurs en entretien d'embauche doit s'abstenir de toute forme de fausse modestie. Il lui faut s'empêcher de se péter subtilement les bretelles devant ses interlocuteurs, car cela ne leur inspirera non pas de la sympathie ou de l'admiration, mais plutôt de l'antipathie et de la méfiance. Mieux vaut pour lui, à ce titre-là, signaler ses succès professionnels de la façon la plus authentique qui soit, en s'attribuant les justes mérites qui lui reviennent, mais sans en rajouter. Et le tour sera joué!

En passant, l'écrivain français Jules Renard a dit dans son Journal : «La modestie est toujours de la fausse modestie».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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