WeWork: le marché peut-il faire confiance à cette Licorne?

Publié le 20/09/2019 à 13:09

WeWork: le marché peut-il faire confiance à cette Licorne?

Publié le 20/09/2019 à 13:09

Un logo de la société WeWork.

(Photo: Eloise Ambursley pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. Toutes bonnes relations doivent être basées sur une confiance mutuelle. Que ce soit entre conjoints, citoyen et gouvernement, ou actionnaires et direction. Sur les marchés publics, les entreprises qui trahissent cette confiance sont punies. WeWork est en train de le découvrir à la dure alors que la société se prépare à une introduction en Bourse.

Le modèle économique de l'entreprise est simple. Elle signe des baux immobiliers à long terme dans des emplacements de choix et rénove les espaces. Elle loue ensuite ces espaces à des locataires, en offrant des conditions flexibles (baux à court terme et location par bureau) et des environnements de travail agréables. L'intention est de faire une marge de profit lorsqu’elle atteindra une économie d'échelle.

Au-delà du modèle commercial, les erreurs de gouvernance de la société sont vraiment étonnantes et elles pourraient presque entrer au temple de la renommée de la mauvaise gouvernance d'entreprise.

Le fondateur de WeWork, Adam Neumann, aurait encaissé plus de 700 M$ en espèces et en dettes avant le prochain P.A.P.E. La société affirme que sa mission consiste à «élever le niveau de conscience du monde», mais la seule chose que tout ceci semble soulever, sont les poches de M. Neumann. Pour rendre les choses encore plus chaotiques, la société a changé son nom au début de l’année pour «The We Company». Comme la marque de commerce appartenait à Neumann, la société lui a versé 5,9 M$ pour le droit de l'utiliser.

Et tout ne s'arrête pas là. Adam Neumann est le propriétaire de certains immeubles loués par WeWork, et bon nombre de fournisseurs, comme ceux de la construction, proviennent de son entourage intime. La société envisageait aussi des actions de droit de vote supérieur donnant à Neuman 20 fois plus de voix que les actionnaires ordinaires et donnant à son épouse le pouvoir de désigner le successeur de Neumann en cas de décès ou d'invalidité pour une période de 10 ans!

Pour rassurer les investisseurs, WeWork a décidé de procéder à des changements de gouvernance, tels que le retour des 5,9M$ par Neumann et la réduction de ses actions de droit de vote supérieur. Les changements sont peut-être venus un peu tard. WeWork doit reporter l’introduction en Bourse, car l’intérêt des investisseurs a beaucoup diminué. Selon certaines rumeurs, le marché envisageait de donner à la société une valorisation d'à peine 10 milliards (G)$US, soit 79% moins que les 47 G$US du prix d’introduction envisagé plus tôt cette année.

La confiance trahie est difficile à réparer. C'est pourquoi il est important d'investir dans des entreprises avec des dirigeants en qui vous pouvez avoir confiance. Non seulement cela vous donne la tranquillité d'esprit, mais il y a souvent beaucoup plus d’argent à y faire!

 

Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital

 

 

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