
De gauche à droite. Stéphane Marceau, pdg d'OMsignal, et Stéphane Borreman, l'ancien directeur médical de l'entreprise. [Photo : Julien Brault]
La Montréalaise OMsignal, qui a dévoilé ses camisoles intelligentes hier, ne dépendra plus de la technologie de Carré Technologies, une autre start-up montréalaise. Cette dernière, qui a commencé à commercialiser ses camisoles intelligentes en 2012 sous la marque Hexoskin, est désormais une concurrente à part entière d’OMsignal.
Lorsque le partenariat entre Hexoskin et OMsignal a commencé, la première entreprise vendait uniquement ses camisoles aux entreprises, principalement dans le domaine du sport et de la recherche. OMsignal, pour sa part, visait avant tout les consommateurs soucieux de leur santé et souhaitant mieux gérer leur stress. Bref, les deux entreprises ne jouaient pas dans les mêmes plates-bandes.
Or, Hexoskin a fait une incursion dans le marché des consommateurs, obtenant quelque 165 000 $ au passage, grâce à une campagne de sociofinancement sur Indiegogo lancée en septembre 2013. Les consommateurs peuvent ainsi se procurer sans attendre une camisole intelligente sur le site Web d'Hexoskin pour 399 $, tandis qu'ils peuvent en précommander une sur celui d'OMsignal pour 199$.
OMsignal, pour sa part, a réorienté son offre en fonction des amateurs de sports. « Nos données démontraient que les weekends warriors, les sportifs axés sur la performance, étaient le marché le plus porteur, explique Stéphane Marceau, pdg d’OMsignal. Cest une décision très empirique. »
Les faits démontrent clairement que les deux entreprises, initialement partenaires, sont devenues des concurrentes. Or, Stéphane Marceau soutient que c’est pour mieux servir ses clients qu’il a décidé de tout développer à l’interne: «on voulait se concentrer sur le cloud au début, mais on s’est aperçu que pour avoir un produit consommateur, il fallait qu’on développe la chaine de valeur dans son entièreté», s’est-il limité à expliquer.
Refusant de commenter sur la concurrence que se livrent désormais Carré Technologies et OMsignal, Stéphane Marceau se limite à répondre en termes généraux: « Que Montréal développe une grappe de l’innovation autour du wearable computing, c’est bon pour tout le monde, car on est au début d’un marché qui va exploser.»
Stéphane Marceau soutient ainsi que les vêtements qu’on peut précommander sur le site Web d’OMsignal seront entièrement basés sur des technologies conçues à l’interne. Les camisoles d’OMsignal devraient ainsi être fabriquées à Montréal. Par contre, certains composants le seront par Flextronics, un important fabricant de produits électroniques en sous-traitance qui a investi dans OMsignal.
Les camisoles précommandées sur le site Web d’OMsignal devraient être livrées d’ici la fin de l’été, selon Stéphane Marceau. C’est une grosse commande, surtout en considérant que Carré Technologies, qui a été fondée en 2006, ne commercialise ses camisoles que depuis 2012. « [Le processus manufacturier], c’est d’une grande complexité, mais on s’est entouré de partenaires excellents, reconnaît Stéphane Marceau. […] C’est sûr qu’on ne dort pas beaucoup, c’est très intense.»
Si OMsignal a testé ses camisoles durant plusieurs mois, difficile de savoir si les nouvelles camisoles affichées sur son site Web ont fait leurs preuves. En effet, lorsque j’ai interviewé Stéphane Marceau en juin 2013, les camisoles qu’OMsignal testaient en bêta privé étaient basées sur la technologie d’Hexoskin. Le pdg d’OMsignal me confirme toutefois que les nouvelles camisoles ont été testées.
Lorsque Stéphane Marceau parle de comment plusieurs industries seront transformées par les vêtements intelligents, il transpire l’enthousiasme. Son raisonnement tient lui aussi la route. De plus, il peut compter sur une équipe de 22 employés, dont des experts de premier plan comme le chirurgien sportif Jesse Slade Shantz et la spécialiste en textiles électroniques Joanna Berzowska.
On sait donc que Stéphane Marceau ne manque pas de vision et qu’il sait bien s’entourer. Il faudra toutefois attendre d’ici la fin de l’été pour savoir s’il est capable de livrer la marchandise.