Le Canada investit aux États-Unis pour contrer le protectionnisme

Publié le 26/09/2019 à 12:00

Le Canada investit aux États-Unis pour contrer le protectionnisme

Publié le 26/09/2019 à 12:00

Un drapeau américain.

(Photo: 123RF)

La montée du protectionnisme aux États-Unis depuis la récession de 2008-2009 a incité des centaines d’entreprises canadiennes à investir massivement au sud de la frontière pour préserver leur accès au marché américain, affirment les Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ).

«Nos entreprises doivent s’implanter à l’étranger pour vendre leurs produits malgré les accords de libre-échange», déplore au bout du fil la PDG des MEQ, Véronique Proulx, précisant qu’on observe ce phénomène aux États-Unis, mais aussi en Europe.

Sur le marché américain, elle pointe du doigt la montée du protectionnisme qui s’est amorcée sous l’administration démocrate de Barack Obama (2009-2017) et qui s’est accentuée depuis l’élection du républicain Donald Trump.

Pour illustrer son propos, elle donne des statistiques sur l’évolution des investissements directs étrangers (IDE) bilatéraux entre le Canada et les États-Unis de 2009 à 2017 (année la plus récente pour cette comparaison).

Ainsi, les IDE américains au Canada ont peu progressé, passant de 18 à un peu plus de 20 milliards de dollars canadiens, selon les MEQ.

Or, durant cette période, les entreprises canadiennes ont quadruplé leurs investissements aux États-Unis : en 2009, ils s’élevaient à 18 G$ comparativement à plus de 80 G$ en 2017.

«La montée du protectionnisme fait en sorte que les entreprises investissent plus aux États-Unis», souligne Mme Proulx.

Mercredi, les MEQ ont présenté un mémoire dans le cadre du projet de loi 27 sur la transformation d’Investissement Québec, le bras financier du gouvernement. Ils ont abordé cet enjeu et la stagnation des investissements américains au pays.

Après la récession de 2008-2009, l’administration Obama a multiplié les initiatives pour renforcer les dispositions du Buy American (qui vise les achats de fournitures de Washington) et du Buy America (qui s'applique au secteur du transport).

Des États américains comme la Californie se sont aussi inspirés de ces mesures pour favoriser les achats locaux et l’implantation d’entreprises étrangères sur leur territoire.

Depuis qu’elle est au pouvoir, l’administration Trump a notamment imposé des tarifs sur les importations d’acier et d’aluminium, visant notamment le Canada même si les chaînes d’approvisionnement sont continentales.

Washington a aussi forcé le Canada et le Mexique à renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), et ce, pour inciter davantage d’entreprises canadiennes et mexicaines à produire aux États-Unis.

 

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand