La prochaine décennie surprendra encore


Édition du 22 Janvier 2020

La prochaine décennie surprendra encore


Édition du 22 Janvier 2020

CHRONIQUE. Il est bien tentant de faire des pronostics en début d'année, surtout que la fin d'une décennie se prête aux bilans et aux perspectives.

Wall Street et Bay Street s'en donnent donc à coeur joie en ce début de 2020.

Puisque le leadership boursier change d'une décennie à l'autre, plusieurs croient aussi que la domination des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et de tous leurs acolytes ne se répétera pas, tellement elle a été phénoménale de 2009 à 2019.

Le NASDAQ 100, qui englobe les 100 plus imposantes sociétés de cet indice à forte saveur technologique, a terminé la décennie avec un gain de 38 % en 2019, son meilleur depuis 1999. Le gain en 10 ans : 425 %.

Pour les mêmes raisons, les prévisionnistes sont aussi nombreux à prévoir un retour à la normale après une année et une décennie exceptionnelles.

Si les GAFA perdent de leur élan, par exemple, il va de soi que la Bourse américaine performera moins bien que les autres Bourses du monde, qui sont plus susceptibles de connaître un certain rattrapage, selon certains.

Dans la même veine, le dollar américain pourrait aussi freiner sa course et même se renverser si la croissance américaine perdait son avance sur celle du reste du monde et si la Bourse américaine perdait en popularité.

C'est ce qui explique que tant de stratèges préfèrent les marchés étrangers à la Bourse américaine en 2020 et même après.

Encore faut-il que l'économie mondiale coopère et réaccélère pour que ces scénarios se réalisent, préviennent les économistes de Capital Economics. Le rendement de 22 % d'un portefeuille équilibré américain en 2019 (60 % en actions et 40 % en obligations) a peu de chances de se répéter.

Puisque le meilleur repère de rendement à attendre des obligations est sa distribution (actuellement de 1,8 % pour les obligations du Trésor américain de dix ans), il est clair que les titres à revenu fixe seront moins généreux à l'avenir, explique Ben Carlson, directeur de la gestion institutionnelle chez Ritholtz Wealth Management.

Bien conscient que personne ne connaît l'avenir - «qui avait prévu que le S&P 500 connaîtrait une décennie aussi faste sans récession après la débâcle de 2000 à 2009?» -, M. Carlson recommande aux investisseurs de résister à la tentation de chambouler la part accordée aux actions et aux obligations en portefeuille.

Après tout, le rendement annuel composé de 13,1 % du S&P 500 de 2010 à 2020 reste inférieur aux gains de 17,3 % des années 1980 et de 28 % des années 1990.

Le financier juge plus sage que les investisseurs recalibrent leur portefeuille en ajoutant aux placements moins performants et en encaissant une partie des profits des placements les plus rentables.

M. Carlson prend tout de même le soin de rappeler que les investisseurs ont boudé une catégorie d'actif pendant la dernière décennie. Le Bloomberg Commdbity Index a perdu la moitié de sa valeur tandis que le baril de pétrole West Texas a reculé de 27 %.

Plusieurs stratèges canadiens misent aussi sur ces secteurs retardataires qui ont historiquement donné leur meilleure performance à la fin du cycle économique.

Cette préférence sectorielle cadre avec la prévision tout aussi populaire que les titres sous-évalués seront de retour en Bourse après la longue domination des titres à forte croissance.

Le mot de la fin revient à James Paulsen, de Leuthold Group. Le stratège explique que les super cycles de 30 ans ne sont pas si rares en Bourse, comme l'ont montré les décennies de janvier 1940 à décembre 1969 et de janvier 1970 à décembre 1999. La première phase est celle d'une réévaluation à la baisse, suivie de deux décennies d'appréciation.

Si la décennie actuelle s'avère la troisième phase d'un tel super cycle amorcé en janvier 2000, les investisseurs patients pourront récolter d'autres bons gains, surtout à la lumière du rendement actuel que procurent l'encaisse et les obligations, dit-il.

Ce dernier tiers du super cycle a donné un rendement annuel moyen de 10,6 % en Bourse, malgré des évaluations aussi élevées qu'actuellement.

Il faut toutefois accepter des récessions et des marchés baissiers en cours de route.

«Lors de la troisième décennie des deux super cycles précédents, les marchés ont connu 1,5 récession et 2,5 marchés baissiers», précise-t-il.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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