Sommes-nous réellement à ce point occupés au travail?

Publié le 14/03/2023 à 15:29

Sommes-nous réellement à ce point occupés au travail?

Publié le 14/03/2023 à 15:29

Est-il possible qu’au 21e siècle, être occupé rime avec être important? (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. «Comment vas-tu», demande Yohan en entrant dans l’ascenseur.

«Bien occupée, répond Brian. Et toi?»

«Même chose, dit Yohan. On est débordé avec la nouvelle demande qui vient d’entrer.»

Entre collègues de travail, on répète souvent que nous sommes occupés. Nous persistons même à poser la question alors que la réponse change très rarement. Une réplique facile et automatique, un peu comme de répondre «bien» lorsqu'on nous demande «comment ça va?».

Est-il possible qu’au 21e siècle, être occupé rime avec être important? Est-ce un badge d’honneur qu’on arbore fièrement et qui prouve que nous sommes utiles et désirés?

Il y a pourtant une grande différence entre être productif et être occupé. Bien que moins flamboyante, c’est la productivité qui a de réelles répercussions sur notre performance au travail.

 

Impact sur les équipes

Cet automatisme n’est pas sans conséquences sur la santé et le bien-être des équipes. En faisant continuellement la promotion d’un niveau d’occupation élevé, nous créons un faux sentiment d’impuissance, d’insuffisance et parfois d’urgence.

Se sentir continuellement submerger de travail est même l’un des risques psychosociaux que le législateur nous oblige d’examiner à cause de son impact sur la santé mentale.

Heureusement, quelques stratégies peuvent nous permettre de changer cette habitude:

 

1. Choisir le vocabulaire approprié

«Je n’ai pas eu le temps» n'est toujours la seule raison qui explique pourquoi on n'est pas parvenu à mener à bien une tâche. Parfois, ce qu’on veut vraiment dire c’est:

- Je n’ai pas pris le temps, car ce n’est pas une priorité;

- Je n’ai pas envie de faire ça (je n’aime pas faire cela).

À quoi ressemblerait la réalité d’une employée qui n’est pas occupée? Si c’est de parvenir à terminer tout ce qu’elle devait et souhaitait accomplir, tout en disposant de temps discrétionnaire à la fin de sa journée, ça n’arrivera pas souvent!

Je vous pose la question : est-on vraiment occupé si on a du travail à faire, que nos tâches comblent tout le temps dont on dispose, et qu’on doit optimiser son temps pour parvenir à toutes les accomplir?

Entendons-nous ! Si mon employeur me paie pour travailler huit heures dans une journée, il est attendu que j’aille du travail à faire et que je doive optimiser mon temps pour réaliser toutes les tâches qui me sont confiées.

Est-ce possible que je sois occupé si je n’arrive pas à faire les tâches importantes qui me sont confiées dans le temps qui m’est imparti?

Pour éviter de promouvoir un éternel sentiment d’insuffisance, l’équipe de travail gagne à être consciente du message exprimé quand elle partage des généralités du type «débordé», ou «dans le jus».

 

2. Clarifier son niveau d’occupation

Pour aider à clarifier et à exprimer son niveau d’occupation, on peut se donner un code. Ça peut par exemple prendre la forme d’un intervalle numérique allant de 1 à 4 ou encore d’un code de couleurs.

Faire le lien entre le niveau d’occupation et l’émotion vécue est aussi une bonne façon de clarifier la situation. On peut ainsi préciser si on se sent satisfait, challengé, débordé ou encore stimulé lorsque notre liste de choses à accomplir est bien remplie. Ce faisant, l’équipe se dote d’un vocabulaire commun et évite que les employés ne s'alarment inutilement les uns les autres.

 

Rappelons que répéter ad nauseam que nous avons beaucoup de pain sur la planche n’est pas un signe de productivité, bien au contraire. Tatiana Saint-Louis, la fondatrice de la firme de services-conseils Aime ta marque, l’illustre d’ailleurs bien dans un billet de blogue. Les comportements garants de productivité ne reflètent pas une vie professionnelle débordée.

Par exemple, si les uns «parlent sans cesse du fait qu’ils sont occupés [… ou] des changements qu’ils vont effectuer […et] gardent toutes leurs portes ouvertes», les autres «laissent leurs résultats parler [d'eux-mêmes…], vivent ces changements [… et] n’ont pas peur d’en fermer.»

Aux équipes de réfléchir aux habitudes qu’elles souhaitent développer en lien avec la promotion de leur niveau d’occupation. Un sujet pertinent pour votre prochaine réunion?

 

À propos de ce blogue

Ce blogue de la présidente du Réseau Annie RH, Annie Boilard, s’adresse à celles et ceux qui travaillent en équipe au quotidien. Il propose des pratiques collaboratives inspirantes et des outils pour aborder les situations délicates. Ses objectifs? Avoir du plaisir à travailler ensemble et accroître l’efficacité collective. Une fois par mois, laissez-vous inspirer et (re)connectez avec le plaisir de travailler en équipe.

Annie Boilard

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