Des AirPods à l'intelligence artificielle: 2016 en cinq technologies marquantes

Publié le 21/12/2016 à 11:25

Des AirPods à l'intelligence artificielle: 2016 en cinq technologies marquantes

Publié le 21/12/2016 à 11:25

Les écouteurs AirPods, d'Apple. (Photo: Apple)

Des petits gadgets les plus banals aux grandes tendances les plus transformatrices, 2016 n’a pas été une année tranquille, loin de là.

Et contrairement au reste de l’actualité, il semble que les moments forts de l’année techno soient plus positifs que négatifs… en attendant l’invasion des robots!

Apple AirPods

Bon, vous avez fini de rire? Car les AirPods d'Apple sont indicateurs de plus d’une tendance. D’abord, ils rappellent qu’Apple a, occasionnellement, l’habitude de produire des accessoires inusités pour renforcer un virage quelconque. C’est l’équivalent moderne de l’iPod Hi-Fi, une grosse enceinte stéréo blanche et noire lancée en 2006 par Apple.

Le HiFi était un produit atroce, mais est-ce qu’on n’a pas vu depuis le marché des socles stéréo pour lecteurs portatifs, puis pour téléphones intelligents, exploser?

L'enceinte iPod HiFi d'Apple. Qui s'en souvient? (Photo: Apple)

Les AirPods, c’est un peu ça : des écouteurs totalement sans fil, vendus à fort prix (220 $), mais qui devraient s’avérer un premier succès pour ce créneau d’accessoires encore tout jeune. On compte une poignée de modèles d’écouteurs de ce genre, en ce moment. Barclay’s prédit 10 à 15 millions de ventes d’AirPods cette année, pour une valeur totale de 3,5 milliards $US.

C’est quand la dernière fois que vous avez produit un accessoire marginal qui est devenu milliardaire sur-le-champ? Malgré toutes les critiques, Apple continue de gérer sa marque comme aucune autre entreprise. Malgré les hauts et les bas d’un modèle d’affaires reposant toujours sur son iPhone, l’entreprise va finir l’année sur une bonne note, en Bourse, et en magasins. On parle d’une entreprise qui est capable de générer 50 milliards de dollars $US en bénéfice net en une année, ce qui se répétera régulièrement au cours des prochaines années, selon les analystes.

Avec leur commande tactile permettant d’éveiller Siri rapidement et simplement, les AirPods sont, pour nous pauvres Canadien(ne)s, la première incarnation de ces assistants numériques personnels sous une forme qui n’est pas téléphonique.

Nos voisins du sud on l’Amazon Echo et Alexa, Alphabet a son Google Home et son Assistant. Nous, hé ben, on a Siri directement dans les oreilles. 

Ce qui nous mène à notre deuxième moment fort de 2016…

La voix est une plateforme

La voix. Plus d’un observateur prédit que la voix sera la prochaine grande plateforme technologique, aussi tôt qu’en 2017. On parle à Siri, on parle à Cortana, on parle à, euh, Google Assistant. Mark Zuckerberg parle à Jarvis et mange des rôties sans beurre comme si c’était la chose la plus naturelle au monde.



Parler à un assistant virtuel, je veux dire. Les rôties nature, pas sûr…

Bref, on voit un avenir pas si dystopique où on va exprimer un besoin vocalement, et celui-ci sera comblé par une intelligence artificielle dont la seule interface sera le son. On lui parle, elle nous répond.

C’est amusant, pour le moment, de voir les limites de ces systèmes. Mais de la simple recherche dans notre collection musicale en nuage («Dis Siri, joue les Cowboys fringants…»), on aura bientôt le loisir d’acheter le bidule de notre choix («Ok Google, commande-moi donc le plus récent livre de ce chroniqueur techno de renom…») et on laissera la technologie choisir l’intermédiaire à notre place.

Est-ce que ce sera Amazon? L’Apple Store? Quelles seront les entreprises qui profiteront de cette nouvelle forme de commerce électronique? Les PME québécoises qui peinent à installer leur vitrine sur le web? Vous voulez rire… On est bien trop occupés à développer une stratégie numérique pour 2017, pour penser à celle qu’on devrait bâtir pour 2020…

Heureusement, le Québec n’est pas si dépassé. En fait, une de ces «voix» de demain est en train d’être développée à Montréal. Et si on parle régulièrement de Stingray Digital comme d’un des joueurs les plus sous-estimés du marché de la musique en ligne, en raison de son modèle d’affaires moins perturbateur que celui de Spotify. On devrait parler de Nina, l’égérie montréalaise de Dragon Communications, de la même façon, car elle anime les systèmes vocaux de plus d’une multinationale…

Ce n’est d’ailleurs pas la seule spécialité où Montréal commence à briller fort parmi les villes les plus étincelantes…

L’intelligence (pas toujours) artificielle

Au début de l’automne, l’Université de Montréal a réuni Yoshua Bengio, Yann LeCun et Joëlle Pineau sur une même scène, pour un peu plus d’une heure. Il ne manquait que Geoffrey Hinton pour compléter le portrait.

Il y a six mois, tout le monde à Montréal se demandait qui étaient ces gens. Aujourd’hui, Bengio, qui dirige le laboratoire MILA à l’UdM, et Pineau, pionnière de l’apprentissage machine par renforcement à McGill, n’ont à peu près plus besoin de présentation.

LeCun (Facebook) et Hinton (Google) sont les comparses qui, avec Bengio, sont reconnus pour avoir fait avancer l’intelligence artificielle d’un pas de géant, depuis 2006. En 2016, il n’y a pas une startup qui voyait le jour sans ajouter une référence aux technologies de l’intelligence artificielle dans sa mission d’entreprise.

Depuis, Google a annoncé la création d’un labo d’IA à Montréal. Microsoft vient de s’associer à Element AI, un incubateur montréalais fraîchement créé visant à accélérer le développement local d’entreprises liées à cette technologie émergente. Montréal, donc, est IA. Et ce n’est pas fini, foi de Yoshua Bengio. Le chercheur se magasinerait une statue de bronze quelque part sur le Mont-Royal qu’il ne procèderait pas autrement.

Déjà, des jeunes pousses promettent une révolution dans la prévention et le traitement de certains cancers, dans la façon dont les villes gèrent leurs infrastructures, dans les opérations financières des entreprises et des particuliers, et quoi encore.

Il y a toutefois des risques à voir émerger une technologie utilisant les données massives comme matière première, car 2016 a aussi confirmé l’influence d’un certain type de données…

Les fausses nouvelles

On ne parle pas ici du Journal de Mourréal, ou même de The Onion, qui tous deux jouent un rôle essentiel dans les communications de masse modernes: le chien de garde, par l’absurde, d’un autre chien de garde, les médias. Quand celui-ci dérape, celui-là ne manque pas de le rappeler.

Non, les fausses nouvelles, c’est ce qui semble se produire quand on souffre collectivement d’un problème déjà connu: l’infobésité. La surabondance des sources d’information crée une concurrence où les plus originaux, les plus spectaculaires émergent. Quand le but est de plaire avant tout, on fait des courbettes, n’est-ce pas? On rassure les croyances plutôt qu’en défier les travers.

Bienvenue en 2016. Et ce n’est pas qu’un problème «étranger». Regardez la polémique entourant le Pharmachien, la naturopathie, et les aliments bio.

Ajoutez à ça, pour épicer le débat, les sondages. Ceux qui se trompent à prédire les résultats d’un référendum sur l’avenir de la Grande-Bretagne ou d’une élection présidentielle. Ceux, aussi, qui demandent à des internautes, de façon aléatoire, sans trop se soucier de la représentation des résultats, et qui évitent d’avoir à spécifier leur marge d’erreur.

Dans tous les cas, pour plein de raisons, les données sont fausses.

Maintenant, imaginez une stratégie d’entreprise reposant sur les données massives qui recueille toute l’information existante sur un sujet donné, sans discrimination sur sa véracité. Purement quantitatif: un algorithme traite le tout, seul moyen de gérer des millions d’entrées disparates rapidement. Quelle sera sa marge d’erreur, à cette stratégie?

Les dirigeants d’entreprises ne doivent pas prendre ce phénomène à la légère. Certains de ces dirigeants déboursent des milliers de dollars en visibilité sur Facebook, demandent-ils en retour à ce géant du web moderne de mettre en place des outils décourageant la publication de fausses nouvelles?

Alors, si on a de la misère avec notre réalité au quotidien, qu’est-ce qu’on fait? On s’enfuit vers un univers parallèle comme… 

La réalité virtuelle

La réalité virtuelle n’est pas nouvelle. Dans les années 90, on se rappelle d’arènes en grosse mousse dans lesquelles les joueurs enfilaient des habits de protection et un casque branché à un PC pour s’immerger de pixels.

En 2016, on a éliminé l’arène. Et les câbles. Oculus (Facebook), HTC et Google ajoutent des contrôleurs compacts qui facilitent l’interaction. Bref, la mécanique a fait de grands progrès. Le logiciel, lui, manque encore de panache.

La réalité virtuelle est-elle le prochain iPhone, ou est-ce la prochaine télé 3D? Rien n’est joué. La promesse d’une révolution dans certains secteurs spécialisés, comme l’éducation, la médecine, l’architecture, le design, et d’autres encore, est encore au stade de la promesse…

Mais rappelez-vous: les lunettes qui font le plus parler d’elles en ce moment sont les Spectacles de Snap (ex-Snapchat). On est encore bien loin des HoloLens telles qu’imaginées par Satya Nadella, le PDG de Microsoft…

Celles-ci, de toute façon, sont attendues plus tard l’an prochain. Comme bien d’autres technologies encore.

Et pour 2017, il faudra repasser. Car ici, on parle des moments forts de 2016.

Tiens, parlant de moment fort de l’année : joyeuses Fêtes!




À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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