Cette montre québécoise est là pour vous sauver la vie

Publié le 13/01/2017 à 10:13

Cette montre québécoise est là pour vous sauver la vie

Publié le 13/01/2017 à 10:13

La montre connectée Withings Activité de Nokia. (Photo: Withings)

Des bracelets d’exercice aux montres connectées, tous partagent la même importante lacune. Cette entreprise québécoise a la solution. Quand on débourse au-delà des 600$ pour un appareil signé Garmin, Polar ou Suunto, on s’attend à ce que leur principale caractéristique soit aussi la plus fiable. Or, ce n’est pas vraiment le cas.

Quand elle et ses trois collègues ont fondé BioMindR, Meryeme Lahmami avait une seule idée en tête: développer une technologie pouvant aider les sportifs en général et les athlètes en particulier à mieux s’hydrater. Ça a l’air trivial, voire banal, mais quand on pratique une activité sportive de pointe, s’hydrater juste comme il faut, ça peut faire toute la différence.

Le problème avec les accessoires connectés actuels

Évidemment, il existe déjà des moyens de vérifier le niveau d’hydratation d’une personne. Parfois, c’est inconfortable. Ça peut aller jusqu’à la bonne vieille prise de sang! Mais dans la plupart des cas, c’est imprécis. Avant l’exercice, on fait quelques calculs, et on sait qu’après un certain temps, ou une certaine distance, on se rappelle de prendre une longue gorgée d’eau.

C’est presque aussi imprécis, en fait, que les capteurs visuels qu’utilisent les montres et les bracelets connectés qu’on trouve vendus au gros prix dans les boutiques spécialisées.

Évidemment, Apple, Samsung et les autres marques d’électronique n’insistent pas tant sur ce détail que sur l’ensemble des tâches que peuvent remplir leurs appareils. Mais Garmin, Suunto, TomTom, Under Armour, et qui d’autre encore? Ces marques doivent pour ainsi dire bâtir leur réputation sur la précision des données fournies par leurs accessoires, pas vrai?

Or, les cardiomètres intégrés à leurs appareils, ceux qui tâtent le pouls au poignet de leur utilisateur, sont loin d’être précis. Je peux en témoigner, pour les avoir pas mal tous essayés au fil des dernières années: on obtient rarement la même lecture d’un appareil à l’autre.

Plusieurs facteurs influencent leur précision: la proximité de la peau, la présence (ou l’absence) d’humidité (la crème pour la peau et la sueur vont tronquer les données), la couleur de la peau, la présence de tatouages, etc.

Plus d’un fabricant a pourtant l’ambition avouée de sauver des vies avec cette technologie. Apple, notamment, avec sa suite d’outils de santé HealthKit, propose des solutions de télésanté à faire rêver plus d’un médecin des régions éloignées.

Mais si les données, à la base, ne sont pas fiables, ça risque de rester à ce stade: du rêve.

Fréquences radio et intelligence artificielle à la rescousse

Meryenne Lahmami était présente au Consumer Electronics Show de Las Vegas, au début janvier, dans la section réservée aux entreprises en émergence. Dans un coin du centre des congrès joignant l’hôtel Venetian au Palazzo, BioMindR rivalisait avec quelques centaines d’autres entreprises comparables afin d’attirer l’attention des plus gros joueurs de l’industrie.

Une autre entreprise québécoise ambitieuse qui tente de percer le marché mondial en passant par le CES.

Son idée est simple. BioMindR a développé une technologie peu énergivore, combinant la fréquence radio (RF) et l’apprentissage machine, capable de suivre en continu certains signes vitaux de son utilisateur. Fréquence cardiaque, fréquence pulmonaire, niveau d’hydratation…

Difficile à dire, dans son petit kiosque, à quel point la technologie de BioMindR est performante. En revanche, l’utilisation d’ondes radio pour évaluer certains signes vitaux n’est pas si farfelue puisque des instituts de médecine ailleurs dans le monde planchent sur le sujet depuis plus d’une dizaine d’années. Les ondes radio qui passent à travers les tissus humains sont partiellement absorbés, ou affectés, selon le niveau d’hydratation, notamment.

«L’analyse de ces signaux à l’aide d’une intelligence artificielle assez puissante nous permet d’extraire de l’information de ces signaux», résume Mme Lahmami. Pression sanguine, niveau de glucose, et d’autres données encore peuvent ainsi être obtenues, indifféremment de la présence de sueur ou de tatoutages sur la peau.

Tout ça pourrait être installé de façon discrète et efficace, sous le boîtier d’un bracelet connecté. Ou dans le tissu d’un vêtement intelligent, pourquoi pas. Après tout, on retrouve déjà dans le grand Montréal des entreprises qui bossent dans ce domaine.

Assiste-t-on à la naissance d’une masse critique d’entreprises dans ce créneau? Ça reste à voir. Avec un peu de chance, BioMindR aura connu un CES profitable, et on verra un produit intégrant sa technologie sous peu. Ce ne sera pas la première dans ce créneau, mais si sa technologie permet de faire le pont entre les accessoires connectés et la télésanté, ce sera certainement un pas de géant pour ces appareils qui, pour le moment du moins, ne livrent toujours pas la marchandise.

À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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