Sans trop s'en rendre compte, les employés de neuf entreprises beauceronnes financent la construction d'une maison pour une famille défavorisée du Guatemala. Les canettes vides que les employés déposent dans un bac au travail représentent un butin précieux pour 14 jeunes qui s'apprêtent à partir en voyage de coopération internationale.
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Le partenariat entre la Maison des jeunes L'Olivier, de Saint-Prosper (Beauce), qui organise le séjour au Guatemala, et la Chambre de commerce de l'Est de la Beauce est un exemple de jumelage gagnant facilité par Consignéco, une association qui valorise la consigne comme méthode de financement. «On fournit les bacs et les sacs aux entreprises, et en échange, on ne les sollicite pas pour d'autres commandites pour ce voyage», dit le coordonnateur de la Maison des jeunes, Guillaume Rodrigue.
Les jeunes récupéraient déjà les canettes depuis quelques années pour le voyage annuel de coopération. L'an dernier, 14 000 $ ont ainsi été amassés. Le jumelage devrait permettre de bonifier ce montant. Tant mieux, car au total, il faudra 40 000 $ pour permettre aux jeunes de faire leur première expérience de coopération internationale.
28 M$ à la poubelle
Consignéco, fondée en 2011 à l'issue d'une entente entre les brasseurs et RECYC-QUÉBEC, tente de créer de tels «matchs» depuis un an pour maximiser le pouvoir de la consigne comme moyen de financement. «Historiquement, les scouts et les équipes sportives ont toujours été les champions de la collecte de canettes pour financer leurs activités», souligne la porte-parole de Consignéco, Pascale Demers. Au total, 462,5 millions de canettes prennent le chemin de la poubelle chaque année au Québec. On gaspille ainsi 28 M$ en consigne. En embarquant les entreprises dans l'initiative, on espère en récupérer davantage. Les entreprises participantes font oeuvre utile sans dépenser un sou. Leur apport n'en est pas moins important. Un sondage récent de Consignéco révèle que les contenants consignés représentent en moyenne 8 % du budget total des organismes répondants inscrits au registre. «En cette période d'austérité budgétaire, les organismes doivent se trouver de nouvelles sources de financement, rappelle Pascale Demers. Ils doivent faire preuve de créativité. La consigne est intéressante, car c'est un financement récurrent», contrairement à certaines subventions.
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Daniel Dutil, propriétaire de Perfection Auto, à Saint-Prosper, trouve que la maison des jeunes a eu une vraie bonne idée en communiquant avec les entreprises locales pour récupérer les contenants consignés. «En tant que commerçants, on est très sollicités pour des dons en argent, alors c'est une initiative originale, à laquelle on ne pouvait pas dire non.» Avant que le partenariat soit établi, les canettes vides des employés et des clients étaient déposées au recyclage. «J'aime bien mieux les donner pour qu'elles servent à des jeunes du coin.»
Un jumelage peut mener loin dans certains cas. «C'est une porte d'entrée dans l'entreprise, dit Pascale Demers. L'organisme doit aller récupérer les canettes régulièrement ; on se demande alors des nouvelles et une relation s'établit. Certains employés de l'entreprise finiront peut-être par faire du bénévolat pour l'organisme ou lui feront des dons à Noël.»
Les organismes font d'une pierre deux coups. En plus de s'assurer un revenu supplémentaire, ils incitent les entreprises à faire un geste concret pour l'environnement. «Avant, certaines des entreprises avec qui nous avons été jumelés jetaient les canettes», remarque Guillaume Rodrigue.
Le jumelage est intéressant aussi pour les entreprises qui profitaient du programme de collecte Consignaction, qui a été mis au rancart au printemps dernier.
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