À l'approche du dévoilement du plan d'électrification des transports du gouvernement du Québec, toutes les forces de la province se mobilisent pour faire valoir leurs atouts.
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Rappelons que l'ancienne première ministre Pauline Marois avait décidé d'en faire un fer de lance du développement économique du Québec et de soutenir l'organisation de la filière par l'injection de plus de 500 millions de dollars, par l'intermédiaire de sa Stratégie d'électrification des transports. Ce chantier prévoyait l'installation d'un institut spécialisé dont plusieurs villes se disputaient déjà l'emplacement.
Après une période de flou à la suite du changement de garde, le gouvernement Couillard s'apprêterait à annoncer un nouveau plan qui serait cependant assorti d'investissements moins coûteux. L'institut pourrait ne pas voir le jour et faire plutôt place à un technopôle.
En attendant d'en savoir plus, plusieurs villes sont prêtes à bondir pour être les premières à montrer leur intérêt. Le Québec compte des compétences qui gagneraient à être soutenues pour que «l'économie verte», comme l'a appelée Robert Poëti, le ministre des Transports, lors de la présentation du bus électrique de Nova Bus à la mi-mai, prenne plus d'ampleur. Le marché s'étend bien au-delà des frontières du Québec : dans toute l'Amérique du Nord en effet, l'énergie verte et les véhicules électriques sont vus comme l'avenir. Parmi les premiers bus scolaires tout électriques d'Autobus Lion, certains iront rouler en Californie.
Un créneau naturel pour les Laurentides
Tant au nord qu'au sud du fleuve, «nous avons des atouts diversifiés», souligne Vincent Dugré, vice-président, opérations, du Pôle d'excellence québécois en transport terrestre. La région des Basses-Laurentides (Saint-Jérôme, Blainville, Sainte-Thérèse, Saint-Eustache, etc.) et la Montérégie (Varennes et l'agglomération de Longueuil principalement) constituent, pour des raisons différentes, les principaux pôles de compétences. L'Estrie et la région de Québec comptent également plusieurs entreprises dans le domaine.
Au nord, l'électrification des transports est considérée comme une voie naturelle de développement. «L'ancienne usine d'assemblage de General Motors à Boisbriand a généré un réseau d'entreprises dans le secteur du transport», rappelle Ramez Ayoub, président sortant de la Conférence régionale des élus des Laurentides. Il précise que les entreprises du secteur de la fabrication de matériel de transport terrestre employaient 3 500 personnes en 2013 et affichaient un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars dans la région.
Si un institut spécialisé agissant comme un catalyseur voyait le jour, le chiffre d'affaires et le nombre d'emplois pourraient doubler dans les cinq prochaines années, selon les prévisions présentées par Ramez Ayoub.
Blainville s'était portée candidate pour accueillir l'institut. Elle a un atout de poids : c'est sur son territoire qu'est installé le seul centre d'essai et de recherche automobile du Canada. Ailleurs dans la région, les entreprises engagées dans l'électrification des transports sont nombreuses, comme Nova Bus, à Saint-Eustache, Autobus Lion, à Saint-Jérôme, et Paccar, à Sainte-Thérèse, spécialisée dans la construction de camions industriels hybrides, ainsi que Doppelmayr, qui fabrique des télécabines à Saint-Jérôme.
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Le prochain axe de développement majeur à Longueuil
Sur la Rive-Sud, l'agglomération de Longueuil considère l'électrification des transports comme «le prochain développement industriel majeur», selon la mairesse Caroline St-Hilaire. Bathium, fabricant de batteries, TM4, manufacturier de moteurs pour véhicules électriques, Varitron, qui produit des composants électriques, et Bombardier Transport forment une grappe industrielle sur laquelle pourrait se baser l'industrie de l'électrification des transports.
Ici, les compétences résident davantage dans la conception et la fabrication de composants qui entrent dans la construction des véhicules électriques. «Au total, une vingtaine d'entreprises de l'agglomération sont actives dans le domaine de l'écomobilité, qui comprend l'électrification des transports et les réseaux intelligents, et elles emploient 1 500 personnes», précise Julie Éthier, chef des opérations et directrice des filiales et secteurs stratégiques de Développement économique Longueuil.
L'agglomération fait valoir également «sa situation géographique, qui assure un accès rapide aux États-Unis et à l'Ontario - notamment grâce à l'autoroute 30 - et sa capacité à accueillir de nouvelles infrastructures et entreprises grâce à ses 20 millions de pieds carrés de terrains disponibles», souligne Stéphane Bouchard, conseiller stratégique au développement économique de la Ville de Longueuil.
Beaucoup de chemin à parcourir
Tant au nord qu'au sud du fleuve, plusieurs centres de recherche spécialisés, comme celui d'Hydro-Québec à Varennes et le Centre national de transport avancé de Saint-Jérôme, pour ne citer que ceux-là, pourront soutenir le développement de la filière.
«Les acteurs du secteur ont des compétences pour des véhicules spécialisés et sont actifs dans d'autres filières, comme la fabrication d'équipement. Mais c'est un terreau fertile pour l'essor de l'électrification des transports», affirme Vincent Dugré.
Cependant, les défis sont nombreux pour réussir à établir une vraie filière. «La commercialisation n'est pas toujours facile : ces sociétés créent souvent le marché, mais leur survie est assurée par d'autres filières», dit M. Dugré.
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