BLOGUE. Comme moi, on vous a toujours conseillé d’avoir un bon réseau de contacts professionnels, mais au fil des ans, vous vous êtes rendu compte que certains, et même de plus en plus, ont fini par disparaître. En fait, quand vous avez vraiment besoin d’un coup de main, vous avez, disons, une centaine de personnes à qui faire appel. Et pourtant, votre carnet compte plusieurs milliers de cartes d’affaires…
Découvrez mes précédents posts
Et beaucoup d'autres articles management sur Facebook
Pis, vos contacts les plus récents se sont faits par le truchement d’Internet. La magie de Facebook et autres LinkedIn… Mais, en regardant la vérité en face, ces liens sont purement virtuels, ils se résument à quelques bouts de phrases et à de vagues idées dès que vous lancez un appel à tous. Est-ce que je me trompe?
Où est-ce que je veux en venir ainsi? Au fait que, vous et moi, nous nous servons très mal des médias sociaux. Je viens de l’apprendre grâce à une étude passionnante signée par trois chercheurs en management, Daniel Levin, de la Rutgers Business School, Jorge Walter, de la George Washington University, et Keith Murnighan, de la Kellogg School of Management. Ils ont en effet découvert qu’Internet permettait de faire une chose fabuleuse, mais que personne n’ose faire : renouer des liens avec d’anciens collègues. Ces contacts délaissés se révèlent êtres des ressources inestimables!
Ils ont sélectionné 224 titulaires d’un MBA issus de quatre cours différents – trois aux États-Unis et un au Canada – et leur ont demandé de reprendre contact avec deux collègues à qui ils n’avaient plus parlé depuis au moins trois ans, un qui leur était proche à l’époque, et un qui n’était guère plus qu’une connaissance. La reprise de contact devait se faire au téléphone ou de vive-voix, pas par courriel. Le but était de renouer des liens, en demandant de l’aide pour résoudre un problème ou pour avoir un point de vue sur un dossier en cours; il ne fallait surtout pas que ce soit juste pour se refaire «coucou».
Les personnes sélectionnées ont tout de suite freiné des quatre fers : ça ne les enchantait pas du tout de reprendre contact avec des personnes qui avaient disparu de leur vie. «Quand j’ai compris ce qu’il s’agissait de faire, j’ai grogné. Si mes contacts étaient dormants, c’est qu’il y avait certainement une raison à cela, non? Alors, à quoi bon chercher à les réactiver?», a confié l’une d’elles aux chercheurs. D’autres ont prétexté qu’ils n’avaient pas le temps, pour ne pas dire l’envie; d’autres, qu’ils avaient peur de se faire jeter; d’autres encore, qu’ils craignaient de passer pour un opportuniste qui sonne au téléphone aussi faux qu’un opérateur de télémarketing. Mais tous se sont finalement laissés convaincre par l’expérience, et se sont mis à faire des recherches sur le Web.
Résultat : les informations obtenues par l’entremise de ces vieux contacts se sont révélés aussi intéressantes, et parfois même plus pertinentes, que celles fournies par l’entourage actuel des participants! Oui, des dossiers ont pu mieux progresser, ou des idées géniales ont pu germer, grâce à l’opinion émise par un ancien collègue perdu de vue depuis des années. «J’étais récalcitrant au départ, c’est vrai. Mais l’expérience m’a complètement chamboulé : je ne regarde plus ma liste de contacts comme auparavant. C’est une mine d’or!», s’est enthousiasmé l’un des participants. «Je n’escomptais rien de particulier de cet exercice. Je me trompais de A à Z. J’ai été impressionné par les idées neuves apportées par ces anciens collègues, idées qui étaient nettement meilleures aux miennes, et pourtant, j’étais sûr et certain d’avoir fait le tour de la question», a raconté un autre.
Du coup, les chercheurs considèrent qu’il y a trois bonnes raisons de renouer des liens avec d’anciens collègues :
1. Les contacts dormants peuvent donner des opinions inédites. En effet, ce n’est pas parce qu’on n’a pas parlé à quelqu’un pendant des années que celui-ci s’est mis à hiberner. Non, il a vécu d’autres expériences que les nôtres, et s’est donc forgé une vision de la vie différente de la nôtre, ce qui, à un moment donné, peut nous être très utile.
2. La reprise de contact est beaucoup plus facile que ce qu’on imagine a priori. De fait, les autres sont en général ravis de venir en aide à une personne qu’ils appréciaient par le passé.
3. La relation renouée est facilitée par le fait que les deux personnes se connaissent déjà bien. On ne part pas de zéro. La confiance et la sincérité sont déjà là, si bien que le gain en temps et en qualité par rapport à un contact plus récent est énorme. (À noter que ce troisième point n’est pas vrai quand il s’agit d’un contact avec un collègue qui n’était qu’une vague connaissance; c’est d’ailleurs la seule différence notable entre les deux types de contacts dormants retenus pour l’expérience.)
Les chercheurs ont poussé un peu plus loin, et ont demandé aux participants de rentrer en contact avec les 10 contacts dormants qui leur semblaient les plus pertinents. Le résultat est, là aussi, impressionnant : le 10e sur la liste s’est révélé tout aussi fructueux que le 1er! Leur conclusion est sans équivoque : «En un mot : reconnectez!»
Découvrez mes précédents posts