BLOGUE. Au bureau, à la maison, partout, il y a des tâches que nous devrions accomplir, des tâches importantes, mais que pourtant nous repoussons toujours aux calendes grecques. Trier ses courriels, retourner un appel téléphonique, planifier les repas de la semaine, laver le linge, etc. Nous avons beau tenter d'oublier ces tâches rébarbatives, elles nous reviennent sans cesse en pleine face, et nous sentons dès lors un doigt coupable pointé sur nous, pour notre plus grande honte. Mais même cela ne suffit pas toujours…
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Que faire? Une astuce courante pour lutter contre la procrastination est de se motiver en se disant qu'on s'offrira un petit cadeau si l'on accomplit la tâche en question. Par exemple, on peut se dire que si l'on parvient à ranger et nettoyer son bureau, on se permettra de prendre une pause d'un quart d'heure dans le parc voisin, ou bien de manger une barre chocolatée hypercalorique. La question saute aux yeux : «Est-ce que cette astuce fonctionne vraiment?».
La réponse se trouve dans l'étude Self-rewards and personal motivation signée par quatre professeurs d'économie : Alexander Koch et Julia Nafziger, de l'Université Aarhus (Danemark), ainsi que par Anton Suvorov, de la Nouvelle École d'Économie de Moscou (Russie), et Jeroen van de Ven, de l'École de Commerce d'Amsterdam (Pays-Bas). Celle-ci montre qu'il convient d'adapter la récompense à la tâche à accomplir pour parvenir à mettre fin à la procrastination…
Ainsi, les quatre chercheurs ont mis au point un modèle de calcul économétrique visant à analyser le meilleur comportement à adopter dans une situation de procrastination. L'idée est de déterminer le niveau de récompense capable de permettre à quelqu'un de passer du stade de la procrastination à celui de l'action. Et ce, en fonction de deux variables : le niveau d'importance de la tâche à accomplir et le manque d'entrain que l'on a par rapport à cette tâche.
Pour concocter ce modèle de calcul, ils ont imaginé un scénario, me semble-t-il, on ne peut plus fréquent dans la vie quotidienne. Ils ont pris le cas d'une personne qui se dit : «Si j'atteins cet objectif, je vais m'offrir un petit cadeau. Et si je ne l'atteins pas, je ne m'offre rien, je me prive de ce petit cadeau». Du coup :
> Si le prix de ce cadeau est faible, on peut se dire que la personne se l'offrira tout de même, tôt ou tard, même si elle n'atteint pas son objectif. Par conséquent, la partie «(…) je me prive de ce petit cadeau» de la proposition ne tient pas la route. La motivation ne sera donc pas vraiment là.
> En revanche, si le prix est très élevé, la personne sait au fond d'elle qu'elle ne se l'offrira en aucun cas, même si elle atteint son objectif. Cette fois-ci, c'est la partie «Si j'atteins cet objectif, je vais (…)» qui n'est plus vraie. Et la motivation fiche le camp, là aussi.
> Il est nécessaire de trouver le «juste milieu», c'est-à-dire le niveau de récompense adéquat, ni trop faible ni trop élevé. Par exemple, quelque chose qui se déguste entre un carambar et une bouteille de saint-émilion.
Après avoir soigneusement mis au point leur modèle de calcul, les quatre chercheurs l'ont lancé et ont fait de belles trouvailles :
> Pas besoin de dépenser beaucoup. Pour être vraiment motivé, il n'est pas nécessaire de claquer son argent, il suffit de trouver un petit bien pas trop cher que l'on rêve néanmoins d'avoir depuis un bon bout de temps. Si, par exemple, vous n'avez pas mangé depuis longtemps un flan, cela peut suffire pour vous encourager à trier vos courriels une bonne fois pour toutes ; vous dire alors que vous allez vous payer une bouteille de champagne est, en fait, inutile, car ce cadeau est démesuré par rapport à la tâche en question.
> Avantage aux cadeaux durables. L'idéal est de trouver une idée de cadeau «vertueux», c'est-à-dire dont on peut faire un usage sur la durée (un CD, un DVD, un livre, etc.). Pourquoi? Parce qu'à prix égal, il est nettement plus motivant qu'un cadeau «vicieux», qui est aussitôt consommé après avoir été acheté (friandise, etc.).
> Intérêt tout de même des cadeaux éphémères. Dans un cas de figure précis, un cadeau «vicieux» nous motive plus que tous les autres : quand il s'agit d'une tâche que nous n'avons vraiment pas envie de remplir. Oui, nous trouvons plus facilement le courage de faire le ménage du rez-de-chaussée si l'on sait qu'on va ensuite ouvrir un bon rosé frais dans le jardin que si l'on se dit qu'une fois la mission accomplie, nous irons nous acheter le dernier Offspring.
Bon à savoir, n'est-ce pas? Maintenant, vous n'avez plus aucune excuse…
En passant, le bédéiste français Georges Wolinski aimait à dire : «Comme tout irait mieux si l'on donnait le pouvoir à ceux qui ont la flemme de le prendre».
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