BLOGUE. Au moment où plusieurs fonds immobiliers à capital fermé (FPI ou Reits) se hissent pour une rare fois dans la liste des nouveaux bas, un premier analyste avoue devoir tempérer ses attentes envers ces titres populaires en raison de la hausse des taux d’intérêt.
Mark Rothschild, de Canaccord Genuity, réduit de 5 % en moyenne ses cours-cibles pour l’ensemble des FPI qu’il couvre.
«Si l’on se fie à d’autres épisodes de repli des FPI lors d’une période de taux à la hausse, les FPI pourraient se replier d’encore 5 % à court terme. Si les taux prolongaient leur remontée, nos cours-cibles s’avéreraient trop généreux», estime l’analyste.
Pourtant, les financiers avaient tous prédit que les titres qui versent des dividendes ou des distributions élevés réagiraient peu à la hausse des taux tellement le rendement de leur distribution surpassait celui que procurent les intérêts des obligations.
Reculs de 3 à 12 %
Les taux américains de 10 ans sont passés de 1,38% à 2,29%, du 23 juillet 2012 au somment du 11 juin dernier et voilà que les FPI et les titres sensibles aux taux flanchent déjà. Au Canada, les taux de dix ans sont passés de 1,91% à 2,17 % depuis le 21 mai.
Résultat: l’indice torontois des FPI, le S&P/TSX Capped Reit a chuté de 9,4 % depuis le 21 mai. L’indice américain MSCI US Reit a perdu presque 12 %.
Les autres secteurs les plus sensibles aux taux d’intérêt connaissent aussi un recul bien senti : les fournisseurs de services de télécommunications ont perdu 7,6 % depuis leur sommet annuel, tandis que les services aux collectivités ont chuté de 8,9 %.
Même les actions privilégiées, qui fluctuent généralement si peu, en souffrent. Le fonds négocié en Bourse iShares Canadian Preferred (Tor., CPD) a fléchi de 3,3 % pour depuis son sommet d’avril.
«À ce moment-ci, il n’est pas clair si les taux se stabiliseront aux taux actuels ou continueront de monter. Même si les taux restent stables, la possibilité de taux plus élevés restera dans l’esprit des investisseurs et pèsera sur les cours des FPI pour le reste de l’année», prévoit M. Rothschild.
Pire scénario : hausse des taux, sans inflation
Pire scénario : hausse des taux, sans inflation
En mars 2012, les FPI avaient aussi baissé de 4 % lors de la hausse de 0,20 % des taux canadiens de dix ans. Par la suite, un nouveau repli des taux avait propulsé les FPI à de nouveaux sommets.
Si les taux augmentent, sans hausse correspondante de l’inflation, les FPI souffriront en Bourse, car leurs loyers ne bénéficieront pas de l’ajustement habituel à l’inflation, qui compense pour la hausse des taux.
Dans ce scénario, la valeur attribuée aux flux de trésorerie générés par les portefeuilles immobiliers baisserait.
Dans l’ensemble, les FPI se négocient à des multiples d’évaluation encore supérieurs à leur moyenne historique depuis 2003.
5 choix prudents de FPI
Les FPI les plus sensibles à la variation dans la valeur de leurs flux sont les plus chèrement évalués en Bourse, soit Brookfield Office Properties, Mainstreet Equity, InnVest Reit et CAP Reit.
Les FPI suivants seraient moins touchés par le scénario évoqué : Granite Reit, Northern Reit et Allied Reit.
M. Rothshild termine son rapport avec une liste des FPI qu’il juge les plus prudents, soit en raison de leur évaluation inférieure, de leur meilleur bilan ou de la qualité de leurs actifs : First Capital Realty, H&P Reit, InterRent Reit, Killam Properties et Pure Industrial Reit.
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