BLOGUE. US Airways achète American Airlines. Cette méga transaction marquerait la fin de la consolidation de l’industrie aérienne américaine. On trouve désormais quatre compagnies aériennes d’importance, toutes le fruit de fusions : Delta ( qui a acquis Northwest), Southwest ( qui a acquis AirTran), United ( qui a acquis Continental) et Us Airways ( qui vient d’acheter American Airlines).
Depuis la fusion, en 2010, United/Continental est la plus grande compagnie aérienne au monde. Cela se traduit par 5500 vols par jours vers 400 destinations. Comment se porte ce géant? Pas très bien. Alors que les autres compagnies aériennes ont enregistré des profits, United a perdu 103M de dollars au cours des trois premiers trimestres de 2012. Problèmes techniques liés au systèmes de réservations, retards en tous genres, insatisfaction des employés et des passagers… La direction estimait qu’il faudrait 12 à 18 mois pour boucler l’affaire. Deux ans plus tard, elle reconnaît qu’il en faudra plus. Il reste encore un énorme morceau à régler : rédiger un contrat de travail commun pour les deux entreprises. Bref, il reste du travail à faire.
L’acquisition d’American Airlines par US Airways marquera-t-elle la fin des turbulences dans le secteur aérien? Si l’on se fie au taux de succès moyen des fusions/acquisitions, rien n’est moins sûr.
Entre 50 % et 85% de ces transactions échouent. Une étude de KPMG conclut que 83% de ces transactions n’ont pas produit de valeur pour les actionnaires alors qu’une autre étude de la firme A.T. Kearney affirme qu’en général ces transactions produisent des rendements négatifs.
Pourquoi les fusions, surtout les méga-fusions, échouent-elles?1- Manque de diligence raisonnable
Les enquêtes sont trop sommaires et elles sont réalisées par les mauvais acteurs.
2- L’endettement et ses conséquences
Les acquisitions coûtent cher, il faut les financer. Ceci impose des coupures drastiques pour la nouvelle entité. Des coupures qui minent souvent le moral des employés et l’efficacité de l’organisation.
3- L’illusion d’égalité
On tourne autour du pot, évitant d’appeler un chat un chat. On parle de fusion alors qu’il s’agit toujours d’acquisition. Devant les caméras, les deux chefs de la direction se montrent tout sourire. Ils affirment qu’ils partageront le pouvoir et les responsabilités, que leurs expertises se complètent. La lune de miel ne dure pas. Il y a toujours une proie et un prédateur. Une culture dominante et une culture assimilée.
Pourquoi continue-t-on de réaliser des fusions?1- Parce que les entreprises, et leurs dirigeants, sont pris dans une spirale infernale. Dès qu’une rumeur de transaction est lancée, il devient impossible de faire marche arrière.
2- Parce que c’est mieux pour le CV et le portefeuille de gérer une entreprise plus grande qu’une entreprise plus petite.
La fusion US Airways/American Airlines n’échappe pas aux écueils précédents. On en parle comme d’une transaction Cendrillon puisque c’est le petit, US Airways, qui achète le gros. American Airlines a son lot de problèmes, elle s’est placée sous la protection de la faillite (US Airways l’a fait deux fois) et ses employés sont parmi les plus insatisfaits de leurs conditions de travail de l’industrie.
Le pdg de US Aiways, Doug Parker, commence déjà à être encensé dans les médias pour cette transaction. Il faudrait peut-être se garder une petite gêne. Le laisser travailler et attendre quelques années.
Qu’est-ce que cette fusion signifie pour les passagers?Si cette fusion est vraiment la dernière, on peut s’attendre à ce que le prix de billets continue son mouvement vers le haut. On ne parle pas d’un retour à un niveau pré-déréglementation mais la tendance est là. Une autre tendance aussi : augmenter les prix et le service en segmentant davantage les classes de passagers. Lors de l’entrevue que j’ai réalisée il y a un an avec David Neeleman, pionner des compagnies à rabais ( JetBlue, WestJet, Azul Airlines) il affirmait : « Les compagnies aériennes ont coupé tout ce qu’elles pouvaient. Si elles vont plus loin, elles vendront des billets sur les ailes ! » Il a aussi ajouté « Vous n’avez aucune idée comme le secteur aérien est difficile. La plupart des compagnies aériennes et leur pdg font leur possible. Moi, si j’ai réussi, c’est que je suis chanceux ».
On souhaite donc bonne chance à Doug Porter !
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Lire ma chronique précédente sur Detroit menacée de mise en tutelle.