BLOGUE. Plus que quelques heures avant mes vacances de Noël. Je termine mon année « professionnelle » en vous offrant ma liste des prix orange et citron du monde des affaires. Elle est incomplète, bien sûr. Je ne pouvais pas tout mettre. J’ai fait des choix. Il me fera plaisir de lire les vôtres.
J’en profite pour vous souhaiter de Joyeuses Fêtes et vous remercier de votre fidélité. Je suis privilégiée : je fais un emploi que j’aime dans une entreprise dont je partage les valeurs d’éthique et d’intégrité. C’est précieux. Mais, rien de tout cela ne pourrait exister sans vous, nos lecteurs. C’est pour vous que j’écris, je ne l’oublie jamais. Parfois je vous irrite, parfois vous partagez mes points de vue. Cela fait partie des règles du jeu. Puissions-nous nous retrouver en 2013 pour continuer d’échanger.
Mes cinq prix citron 2012
1-La gestion du dossier de la hausse des droits de scolarité. Le gouvernement Charest a manqué de vision et de sensibilité. Il a présenté le dossier de façon cavalière, ne jugeant pas bon d’expliquer adéquatement le pourquoi de cette hausse. Et quand il a daigné le faire, il était beaucoup trop tard, le diable était aux vaches. De plus, le gouvernement Charest a fait preuve d’amateurisme en sous-estimant son vis-à-vis, les étudiants, Le gouvernement Marois n’a guère fait mieux en réclamant des coupes dans les budgets des établissements d’enseignement avant même de tenir les états généraux sur l’éducation et d'en connaître les conclusions. La charrue devant les boeufs...
2-Toute mesure rétroactive : qu’il s’agisse des impôts ou des taxes sur les bouteilles de vin. On ne cesse de vanter auprès des particuliers et des entreprises l’importance de planifier sa gestion financière. Que c’est le manque de planification qui dérègle tout.
3-Le détaillant Anthropologie et tous les détaillants étrangers (Victoria's Secret, Urban Outfitters... ) qui s’installent au Québec mais refusent de franciser leur site. Vous pouvez lire ici l’article de ma collègue Marie-Ève Fournier qui relate la controverse suscitée par l’incident Anthropologie. D’autres détaillants américains, comme Ethan Allen et William Sonoma, se sont montrés beaucoup plus respectueux de la réalité linguistique et des lois québécoises. C’est possible.4-Roger Martin, doyen de l’école de gestion Rotman de l’université de Toronto, un homme intelligent et influent à qui l’on doit de nombreux écrits fort pertinents sur l’innovation. Roger Martin siège au conseil de Research in Motion. Il a perdu une belle occasion de se taire lorsqu’il a affirmé : « Ceux qui nous ( le conseil de RIM) critiquent sont des idiots. À qui voulez-vous que nous confiions l’entreprise, à des enfants ou à des morons venus de l’extérieur pour qu’ils la détruisent ? » On lave son linge sale en famille, pas sur la place publique.
5- La compagnie Lassonde pour sa gestion passive des médias sociaux lors de la crise « Olivia’s Oasis ». Je rappelle les faits. Lassonde a poursuivi une PME fabricant des savons qui avait nommé un de ses produits « Olivia’s Oasis ». Oasis étant une marque de jus de Lassonde. Les médias sociaux se sont emparés de la nouvelle, une avalanche de commentaires négatifs a suivi. Silence radio de la part de Lassonde. La réaction est venue beaucoup trop tard. Vous pouvez lire la chronique de ma collègue Stéphanie Kennan pour en savoir plus.
La passivité de la direction et du conseil de Lassonde contraste avec la réactivité de patron de DuProprio qui, accusé par le Journal de Montréal d’avoir vendu son condo sans faire appel aux services du DuProprio, y est allé d’une mise au point sur les médias sociaux le jour même. Je pointe Lassonde mais, en fait, c’est la lente adaptation de la plupart entreprises, et des conseils d’administration, à la réalité des médias sociaux que je veux pointer. Les médias sociaux ne sont pas des médias d’information. Ce sont des outils de conversation.
Mes trois prix orange 2012
1-Les actionnaires de Barclays et de Citigroup qui ont voté contre la rémunération du pdg. J’étends ce prix à tous ceux qui tentent de remettre un peu de bon sens et de crédibilité dans le système de rémunération de la direction des entreprises cotés en bourse.2-Le Globe & Mail pour avoir eu le culot de coiffer l’activiste financier Bill Ackman du titre de « pdg de l’année ». Ce faisant, le Globe & Mail reconnaît que le monde des affaires change. Que désormais il n’existe pas un pouvoir mais bien des pouvoirs. Les activistes financiers font partie de ces pouvoirs.
En novembre 2011, Bill Ackman a entamé un bras de fer avec le CP pour remplacer le pdg et gagner deux sièges au conseil. Cet investisseur ne fait pas dans la dentelle. Comme tous les activistes d'ailleurs. Au moment d’écrire ces lignes, Bill Ackman est en croisade contre le fabricant de produits naturels Herbalife qu’il présente comme la quintessence des ventes pyramidales. Comprenons-nous bien, les activistes financiers ne sont pas des anges. Je n’entretiens pas de vision romanesque d’eux. Ce n’est pas l’atruisme qui les habite. Loin s’en faut. Et certains agissent intelligemment. D’autres pas. Je salue ceux qui agissent intelligemement.
3-Le ministre Marceau parce qu’il a évoqué une revison de la Loi sur les sociétés par action pour permettre aux administrateurs de ne pas considérer uniquement l’intérêt des actionnaires lors d’une offre d’achat. Si la loi est modifiée, les administrateurs pourraient aussi considérer les intérêts d’autres acteurs l’éco-système de l’entreprise sans qu’on puisse leur en tenir rigueur ou les poursuivre. Mon collègue François Pouliot l'a évoqué dans une chronique en liant cette revision de la Loi sur les sociétés par action avec le dossier de la protection des sièges sociaux.
Joyeuses Fêtes ! Allez jouer dehors ;-)
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