Insolite: deux entrepreneures s'inventent un associé masculin

Publié le 30/08/2017 à 10:20

Insolite: deux entrepreneures s'inventent un associé masculin

Publié le 30/08/2017 à 10:20

Par Diane Bérard

Des objets vendus sur Witchsy, un Esty irrévérencieux dont les fondatrices ont inventé un associé masculin pour faciliter les premiers mois

Ça ne s’invente pas! Penelope Gazin et Kate Dwyer, les fondatrices du site de vente d’artisanat Witchsy, ont créé de toutes pièces un troisième cofondateur, pour se faciliter la vie. Et surtout pour se faire prendre au sérieux par les programmeurs, les designers Web et les artistes masculins.

Pourquoi avoir inventé un associé masculin?

Pendant six mois, Keith Mann a répondu aux questions des artisans désirant exposer sur Witchsy et aux demandes des programmeurs. Il a aussi relancé les interlocuteurs qui ne répondaient pas suffisamment rapidement à Penelope et Kate. Ou qui ne semblaient pas vouloir traiter avec elles.

Lisez mes chroniques précédentes

Suivez-moi sur Twitter: diane_berard

Keith Mann n’était pas une idée spontanée de Penelope ou de Kate. Keith a été une pièce maîtresse de la stratégie de lancement de Witchsy. On peut lire sur le site de Quartz et dans The Guardian que ce troisième cofondateur a permis aux entrepreneures de gagner le respect qu’elles n’arrivaient pas à obtenir autrement.

Penelope Gazin et Kate Dwyer ont poussé l’exercice jusqu’à inventer une vie et une personnalité à Keith. Elles en ont fait un «gars gars» (dude) qui joue au football. Bien sûr, Keith était marié. Et, coup de génie des entrepreneures, lui et sa femme avaient un projet bébé. On mettait ainsi la table pour sa sortie. Après six mois de bons et loyaux services, Keith a donc quitté pour un congé de paternité bien mérité, laissant la boîte entre les mains expertes de Penelope et Kate.

Six mois, c’est le temps qu’il fallut à Penelope et Kate pour gagner le respect et la confiance de leurs interlocuteurs et qu'elles parviennent à faire décoller leur site.

Witchsy est une sorte d’Etsy non censuré. On y vend des objets (illustrations, pins, sacs, bijoux, vêtements, etc.) légèrement, ou carrément, controversés. Une proposition issue des frustrations de Penelope Gazin.

Celle-ci a d’abord proposé ses créations sur Etsy. Mais, comme le raconte son frère dans cet article de Vice, la direction d’Etsy bloquait son compte chaque fois que son offre était jugée trop offensante. Ce qui a poussé Pénélope à lancer le site Witchsy, pour tous les créateurs à l’offre atypique. Witchsy fait un premier tamisage. Mais lorsqu’un artiste est retenu par les fondatrices, il a pleine liberté de création.

Quand deux femmes réelles ont besoin d'un homme fictif pour réussir...

Witchsy existe depuis un an et demi. Six mois avec Keith. Un an sans lui. Le site a survécu à son départ. Aurait-il décollé sans lui?

Impossible à dire. Je salue la créativité de Penelope Gazin et Kate Dwyer. Dans ce cas, le dicton «La fin justifie les moyens» est parfaitement indiqué. Mais au-delà du bruit soulevé pendant quelques jours autour de cette anecdote–bruit que je voulais contribuer à créer au Québec– quelles seront les retombées de ce subterfuge? L’histoire du lancement de Witchsy n’est pas à propos d’une stratégie d’affaire inusitée. Elle parle d’un monde où un homme fictif a plus d’impact que deux femmes réelles.

 

À la une

Filière batterie: le beau (gros) risque

Avec l’arrivée des géants de la batterie, Bécancour est au cœur du plus grand projet économique au Québec.

Pierre Fitzgibbon: «Dans la filière batterie, on est rendu trop loin pour reculer»

00:00 | Les Affaires

Le superministre a rencontré «Les Affaires» en table éditoriale afin de préciser sa vision de la filière batterie.

Table éditoriale avec le PDG de Northvolt: des batteries «made in Québec» avec du contenu d'ailleurs

En table éditoriale avec «Les Affaires», Paolo Cerruti affirme qu'il faudra être patient.