Tinder émoustille ses concurrents

Publié le 07/02/2018 à 06:00

Tinder émoustille ses concurrents

Publié le 07/02/2018 à 06:00

Les nouvelles applications ne seraient pas plus efficaces que le matchmaking professionnel pour trouver l’âme sœur. [Photo: 123RF]

La Saint-Valentin approche et la quête de l'âme soeur s'intensifie. Pour en sortir gagnant, de plus en plus de Québécois se tournent vers de nouvelles applications. Ces dernières bouleversent l'univers de la drague de la même manière qu'Uber ébranle celui du taxi. Au Québec, les chefs de file de l'industrie de la rencontre en ont pris bonne note et mettent à jour leurs offres et leurs approches technologiques.

« Depuis nos débuts, nous avons dû nous ajuster à l'arrivée, vers 2005, de grands acteurs comme Lavalife et Match, puis maintenant, à l'explosion des applications de type Tinder », raconte André Leblanc, vice-président marketing de Mediagrif, propriétaire de Réseau Contact.

En 1996, Réseau Contact était le leader au Québec d'une industrie assez marginale. De nos jours, les acteurs se comptent par dizaines et se divisent en au moins cinq catégories : les rencontres (Réseau Contact), la recherche de partenaires de vie (Elite Singles), les rencontres sociales (Tinder, Grinder, etc.), les aventures (Adult Friend Finder, Ashley Madison, etc.) et les sites spécialisés dans des créneaux, basés sur des croyances ou des intérêts communs.

« Il faut donc très bien cerner notre offre et notre clientèle, explique André Leblanc. Réseau Contact propose des rencontres à des gens, généralement de 35 ans et plus, qui recherchent un partenaire et non une rencontre d'un soir. » Le fait de devoir payer un abonnement variant de 21,95 $ pour un mois à 64,95 $ pour six mois implique déjà un certain engagement. Réseau Contact a développé sa propre application mobile, diversifié les interactions possibles entre les membres, raffinant les filtres et lançant même une série d'événements de socialisation dans les bars ou les restaurants. Un blogue est aussi venu s'ajouter.

Miser sur l'humour

Tinder n'est pas une jeune pousse au sens classique, mais le résultat d'un projet d'intrapreneuriat réalisé au sein d'IAC, propriétaire notamment de match.com. D'abord entièrement gratuit, Tinder est devenu « freemium » en 2015, c'est-à-dire qu'il offre désormais un accès gratuit et un autre payant nommé TinderPlus, déjà utilisé par plus de 1,7 million d'abonnés. Cette option permet notamment de revenir sur des profils initialement rejetés, de contacter des utilisateurs du monde entier et de faire disparaître la publicité.

Les utilisateurs du site gratuit, eux, reçoivent des publicité d'entreprises ou d'événements et peuvent indiquer leur intérêt comme ils le feraient pour le profil d'une personne. C'est d'autant plus attrayant pour les publicitaires que Tinder utilise la géolocalisation, permettant de cibler géographiquement la publicité. Enfin, Tinder se réserve le droit de vendre les données des utilisateurs. Grâce au lien entre le profil Tinder et le profil Facebook des utilisateurs, Tinder peut obtenir des tonnes de renseignements sur ces derniers. L'entreprise affirme ne vendre que des données anonymes et agrégées.

« Il ne faut pas se le cacher, Tinder, c'est une tempête, c'est l'ubérisation du dating, mais ce n'est pas un défi insurmontable », lance Marc Boilard, communicateur bien connu et copropriétaire du site de rencontre MonClasseur.com.

Plutôt que de le décourager, le succès de Tinder l'a motivé à relancer MonClasseur.com. Le site s'adresse surtout aux filles de 25 à 45 ans lassées des applications « peu sérieuses » comme Tinder. Après avoir racheté les parts de ses partenaires en juin 2017, M. Boilard s'est associé à Antoine Peytavin, un ami et spécialiste du marketing web qui s'occupera des ventes, et à Vortex Solution, qui fournira des services de solution et de conception web.

En plus de refaire le site web et de l'adapter à une utilisation mobile, Marc Boilard veut miser sur l'humour. Il imagine, par exemple, une question de départ demandant aux utilisateurs s'ils sont sérieux ou non. Ceux qui répondent non sont redirigés vers... Tinder ! Il s'inspire en partie de l'approche du français Meetic, qui offre beaucoup de contenu sur son site. Il aimerait vendre des formations vidéo sur des sujets tels que « comment approcher une rencontre », « comment parler en public », « comment réussir une entrevue d'emploi », etc. Le tout toujours teinté d'humour.

MonClasseur.com offre certains services gratuits. Un abonnement payant de 15 $ par mois permet de savoir qui consulte notre fiche, d'envoyer des messages personnalisés, de savoir si notre Roméo courtise d'autres Juliette, etc.

Marc Boilard projette aussi de créer un nouveau site pour parents monoparentaux et travaille à un algorithme permettant de gérer et de monétiser différemment les contacts des membres. Cette solution pourrait être offerte sous licence à d'autres groupes.

Loin de tout ce brouhaha, les agences de rencontre semblent plutôt profiter de l'arrivée de Tinder. « Il y a cinq ans, nous avions peu de clients de moins de 30 ans. Maintenant, ils représentent 20 % de notre clientèle et ça continue d'augmenter », avance Joan S. Paiement, présidente d'Intermezzo.

Selon elle, bien des gens ont été échaudés par les approches à la Tinder, où ils ne trouvent rien de sérieux. Elle en veut pour preuve le lancement, par le géant eHarmony, d'eHarmony+, une agence matrimoniale traditionnelle offrant des services d'entremetteurs et d'entremetteuses professionnels. « Environ 1 650 000 personnes ont trouvé un ou une partenaire grâce à eHarmony sur plus de 31 millions d'inscrits, fait-elle remarquer. »

Pour elle, les nouvelles applications ne sont pas plus efficaces que le matchmaking professionnel pour trouver l'âme soeur. Bien cerner les clients à l'aide de tests psychométriques, les rencontrer en personne pour bien comprendre ce qu'ils recherchent, puis leur proposer les candidats idéaux, reste une formule éprouvée. « Plus il y a de sites de rencontres et d'applications comme Tinder, plus il y a d'insatisfaction et plus nous avons de clients », se réjouit Joan S. Paiement.

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