Robert Ouellette, de Desjardins. Photo : Aude Van Lathem

Gérer les technologies d'une coopérative financière ayant 5,6 millions de membres et 45 000 employés n'a rien de simple, surtout lorsque chacune des unités d'affaires fonctionne en vase clos. Voilà quatre ans que le patron des TI de Desjardins, Robert Ouellette, s'applique à harmoniser le tout. Et il n'a pas encore fini.

«En 2014, nous voulons donner un effort important du côté des caisses. Nous utilisons en ce moment 64 systèmes téléphoniques à la grandeur du Mouvement. Notre plan est de faire migrer tout le monde sur une plateforme unique afin d'offrir une meilleure expérience bureautique aux employés», raconte le premier v-p, services partagés et directeur général, du groupe Technologies Desjardins, Robert Ouellette, à l'occasion d'une allocution de la Série Leaders CIO organisée à Montréal au début d'octobre par Les Affaires.

M. Ouellette ajoute que Desjardins veut aussi optimiser la planification et la livraison de solutions d'affaires l'an prochain, en plus de faire évoluer le rôle de leader de la technologie au sein de la coopérative.

Il faut dire que le Mouvement Desjardins part de loin. En 2009, au moment de l'arrivée de M. Ouellette, chaque unité d'affaires possédait sa propre équipe TI . «Il y avait huit groupes des technologies qui étaient autonomes. On ne partageait absolument rien entre les unités d'affaires, qui travaillaient avec des fournisseurs de leur choix. Il y avait donc beaucoup de possibilités d'optimisation», se rappelle-t-il.

Sous une même structure

Robert Ouellette a alors entrepris un vaste programme de consolidation. Un programme qui a généré des gains.

Son premier geste a été de regrouper tous les groupes TI dans une même structure. «Le contrat d'impartition d'une partie de nos services TI avec CGI se terminait en avril 2011. Nous avons lancé l'appel d'offres un 22 ou un 23 décembre ! Il n'était pas question de perdre deux semaines et lancer le processus après les fêtes», dit-il.

Six mois plus tard, Desjardins signait des ententes avec IBM pour les services TI et avec RR Donnelley pour les services d'impression centralisés. «La migration dans les deux centres de traitement de l'information de Montréal a été effectuée en 10 mois et terminée en avril 2011, incluant des services critiques comme les systèmes de paiement, les plateformes bancaires et les systèmes d'assurance», raconte-t-il.

En parallèle, M. Ouellette a décidé de créer le Groupe Technologies Desjardins (GTD) le 1er janvier 2011. «Les gens me disaient ''Tu es fou''. Rouler un projet de migration des infrastructures et créer une filiale TI au même moment était impensable à leurs yeux. En gérant les deux projets de front, je voulais m'assurer de conserver les gains réalisés à l'intérieur de la filiale pour les réinvestir dans la modernisation de nos services», dit-il.

Réinvestir dans les infrastructures

Entre 2010 et 2012, GTD a généré des bénéfices récurrents de plus de 100 millions de dollars, selon M. Ouellette. Des montants qui peuvent être réinvestis dans dans les infrastructures TI de la coopérative, récemment classée au 13e rang des 20 institutions financières les plus sécuritaires du monde (World Strongest Banks) établi annuellement par Bloomberg.

«Tout le monde était d'accord. Ça n'avait pas d'allure que chacun ait ses propres infrastructures, mais tout le monde voulait prendre les siennes comme point de départ. Desjardins a donc décidé d'allonger 250 M $ pour racheter les infrastructures TI des unités d'affaires. De plus, tous les employés ont été transférés dans GTD, ce qui a requis une harmonisation des conditions de travail», explique-t-il.

Le regroupement a donné un levier financier à GTD. M. Ouellette cite en exemple le développement de produits pour mieux servir les caisses. «Nous trouvons des moyens d'augmenter nos revenus. Par exemple, chaque caisse doit décider d'adhérer ou non au nouveau système téléphonique unique du Mouvement Desjardins. L'offre nous permet de générer des revenus, tout en étant 50 % moins coûteux à exploiter que les systèmes actuellement en place. Le taux d'adoption est donc très bon», dit-il.

L'objectif est de mettre en place un modèle financier qui permet d'absorber une hausse annuelle des salaires de 3 % tout en assurant un niveau d'investissement constant dans l'amélioration des services TI.