Blogue. Le modèle publicitaire annoncé aujourd'hui par les fondateurs de Twitter, visant à se rapprocher de la rentabilité, plaira à ces quelques gourous du Web 2.0 qui sont incapables de faire la différence entre publicité, opinion et information. Pour les autres, ça pourrait être le début d'une bien mauvaise tendance...

PLUS: Twitter annoncerait aujourd'hui sa nouvelle stratégie publicitaire

Me suivre sur Twitter (ah, savoureuse ironie): @mcken

Car du point de vue des bonzes de Twitter, la publicité et le reste du contenu publié sur leur réseau, c'est la même chose. C'est pourquoi les publicités, qui seront initialement insérées uniquement dans les résultats de recherche, prendront la forme de billets normaux, comme il s'en publie plus de 50 millions par jour, à l'heure actuelle.

Au cours de l'été et pour une bonne partie de l'automne, le succès de l'opération sera suivi de près, et la startup californienne décidera quelque part en fin d'année si elle ouvre les vannes. Si c'est le cas, elle intégrera ces publicités directement dans le fil général de publication de ses utilisateurs, en se basant sur des mots-clés que les entreprises auront achetés (exemple rapide : Starbucks pourrait insérer des billets chaque fois que le mot « café » est publié).

Pour résumer bêtement l'enjeu, ça pourrait signifier le début de la fin, soit pour Twitter, soit pour l'information qui y circule.

Car la publicité, les internautes la tolèrent si elle est prévisible et bien encadrée. Par exemple, une bannière en haut de page, c'est prévisible : on sait où et quand elle apparaît. C'est un modèle simple, efficace, que tout le monde aime.

Une fenêtre surgissante illustre bien le cas inverse : ça saute à l'écran, à la grande surprise de l'internaute. Les concepteurs des fureteurs les plus récents n'ont d'ailleurs pas tardé à intégrer une fonction de désactivation de ces fenêtres, qui sont rapidement disparues de l'arsenal publicitaire de plusieurs annonceurs.

Si Twitter intègre des billets publicitaires, adoptera-t-elle la première ou la seconde approche? Devra-t-on craindre de voir apparaître un billet commandité par Pizza Hut, chaque fois ou presque qu'on publiera une remarque sur la nature de son lunch?

Ou trouvera-t-elle une façon d'intégrer la publicité qui respectera l'intelligence de ses utilisateurs? Plusieurs voient un certain potentiel dans la publicité insérée en fonction de la position géographique de l'internaute, notamment pour les logiciels mobiles, comme Tweetie, d'Atebites, acheté par Twitter le week-end dernier. (« Passez au Starbucks au coin de votre rue pour recevoir un espresso gratuit... »).

On pourrait aussi considérer la langue d'usage de l'internaute...

Cela dit, des services promis à un avenir radieux qui ont périclité parce qu'ils reposaient trop lourdement sur la publicité forcée, ça existe. Les dirigeants de Twitter ont annoncé qu'ils agiront avec la plus grande prudence en la matière. « Est-ce une idée superbe pour la recherche, mais horrible pour le fil public? Nous allons tester et tester et tester encore », résume Dick Costolo, directeur des opérations.

Si le passé est garant de l'avenir, Twitter est sur le fil du rasoir. Ce sera intéressant de voir comment l'entreprise perçoit son propre service, ainsi que son rôle dans la médiasphère actuelle.

On imagine bien comment Facebook, Google et d'autres encore seront aux aguets pour la moindre erreur de la part de Twitter.