Les incubateurs universitaires s'ouvrent à tous


Édition du 03 Octobre 2015

Les incubateurs universitaires s'ouvrent à tous


Édition du 03 Octobre 2015

[Photo : Shutterstock]

Les universités ont longtemps été écartelées entre leur mission de former des citoyens et celle de former des employés. Accomplir cette double mission ne suffit toutefois plus. Désormais, les universités aspirent à former des entrepreneurs, une mission qui prend une importance grandissante au Québec comme ailleurs. Et qui passe par l'inclusion.

«Le premier pas, pour s'ouvrir, c'est d'ouvrir la porte aux anciens étudiants, mais l'avenir est de s'ouvrir à tout le monde, car il y a un vrai besoin de la communauté pour des incubateurs universitaires comme le nôtre», lance Luis Cisneros, directeur de l'Institut d'Entrepreneuriat Banque Nationale HEC Montréal, faisant référence à l'Accélérateur Banque Nationale - HEC Montréal.

Mis sur pied en 2013, l'Accélérateur a ouvert ses portes aux diplômés de HEC Montréal, de Polytechnique et de l'Université de Montréal cette année. Luis Cisneros ne compte pas s'arrêter là, puisqu'il travaille sur un nouvel incubateur qui sera accessible à tous, mais qui visera les immigrants en particulier. Baptisé «Entreprisme», l'incubateur devrait permettre de bonifier les galons entrepreneuriaux de HEC Montréal, qui a l'ambition d'être une destination pour ceux qui veulent devenir entrepreneurs. Le lancement d'Entreprisme est prévu pour 2016.

Environnement moins rigide et plus ouvert

Les incubateurs universitaires n'ont rien de nouveau, mais ils sont en pleine transformation. Auparavant très formels, ils attachaient une grande importance à la propriété intellectuelle, en particulier celle générée sur le campus, et au plan d'affaires. Inspirés des accélérateurs financés par le capital de risque, les incubateurs universitaires s'efforcent désormais d'offrir un environnement moins rigide et plus ouvert. À HEC Montréal, notamment, le plan d'affaires a été remplacé par le Business Model Canvas, un format de plan qui tient sur une page.

«Notre rêve, c'est que les gens s'inscrivent à HEC parce que c'est une université entrepreneuriale. Elle va rester une bonne école de comptables, mais on veut aussi qu'elle soit perçue comme une bonne école d'entrepreneuriat», lance Luis Cisneros.

Il semble que les efforts de HEC Montréal aient déjà porté leurs fruits en ce sens. Le nombre d'étudiants inscrits à des cours en entrepreneuriat a connu une forte croissance, passant de 1 637 en 2012-2013 à 2 563 en 2014-2015.

Effort de modernisation

L'acharnement de HEC Montréal y est sans doute pour quelque chose, mais cet engouement pour l'entrepreneuriat déborde son cadre. Dans les faits, la nouvelle génération de Québécois aspire plus que toute autre à se lancer en affaires. Pas moins de 36,6 % des Québécois de 18-34 ans ont l'intention de se lancer en affaires, un pourcentage qui descend à 18,8 % chez les 35-64 ans, selon l'Indice entrepreneurial québécois 2015. Les établissements comme HEC Montréal s'efforcent donc de surfer sur cette vague, comme le font certaines émissions de télé, dont Dans l'oeil du dragon et Alexandre et les conquérants.

De l'autre côté du mont Royal, le Dobson Centre for Entrepreneurship de l'Université McGill a mis sur pied le McGill X-1 Accelerator au printemps dernier. Il s'agit d'un effort de modernisation pour cette université ; le Dobson Centre for Entrepreneurship est surtout connu pour la Dobson Cup, son concours de plan d'affaires.

«De plus en plus, les étudiants de deuxième cycle qui travaillent sur des technologies innovantes souhaitent commercialiser ces technologies», explique Thibaud Maréchal, responsable de l'accélérateur au sein du Dobson Centre. Pour être admise à ce programme, une start-up doit compter au moins un étudiant ou diplômé de l'Université McGill.

Le programme dirigé par Thibaud Maréchal a été établi d'après le modèle du MIT Global Founders' Skills Accelerator. En 2013, McGill y a envoyé Thibaud Maréchal, qui était alors étudiant de l'université montréalaise. À l'époque, McGill envoyait une entreprise étudiante par année suivre le programme du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Constatant que la demande excédait largement l'offre, McGill a embauché Thibaud Maréchal pour créer un programme estival d'accélération.

La première édition du programme du McGill X-1 Accelerator, qui a pris fin le 9 septembre, a incubé cinq start-up. M. Maréchal aimerait doubler ce nombre dès l'an prochain.

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