L'industrie du logiciel viendra-t-elle à bout des détaillants traditionnels?


Édition du 12 Avril 2014

L'industrie du logiciel viendra-t-elle à bout des détaillants traditionnels?


Édition du 12 Avril 2014

Photo: Shutterstock

De plus en plus nombreux à vendre en ligne, les fabricants et les petits détaillants bénéficient d'un avantage concurrentiel sur les détaillants traditionnels. En misant sur des solutions clés en main à la fine pointe de la technologie développées par des start-ups agiles, ils peuvent consacrer leurs efforts afin d'offrir une expérience distinctive. Les grandes surfaces devraient s'en inquiéter, avertissent des spécialistes du secteur.

«Si un détaillant veut bouger plus vite qu'Amazon ou les grandes surfaces, il doit adopter une solution technologique intégrée comme la nôtre», soutient Dax Dasilva, pdg de LightSpeed, une société montréalaise qui compte 180 employés. Son logiciel en ligne est utilisé par quelque 18 000 boutiques, dont les ventes annuelles totales s'élèvent à six milliards de dollars. Le service, dont le prix commence à 79 $ par mois, comprend un terminal de paiement sur iPad ou PC, un logiciel de gestion des stocks et une plateforme de vente en ligne.

Le regroupement de ces applications permet aux employés de répondre adéquatement aux clients, en consultant leur iPad. Avec LightSpeed, la tablette permet également d'accepter les cartes de paiement. «Si Apple connaît autant de succès avec ses boutiques, ce n'est pas parce que celles-ci vendent moins cher ou qu'elles ont l'exclusivité, fait remarquer Dax Dasilva. C'est parce que leurs employés ont les outils technologiques qui leur permettent d'être des stars ; aujourd'hui, toutes les boutiques peuvent imiter les Apple Stores.»

LightSpeed est loin d'être la seule entreprise techno à outiller les petits détaillants. L'américaine Square, notamment, a joué un rôle crucial dans la démocratisation des terminaux de paiement, en étant la première à permettre aux commerçants d'accepter les cartes de crédit avec un iPhone.

Shopify, une firme d'Ottawa qui emploie 400 personnes, dont 20 à Montréal, offre une gamme de produits similaire à celle de LightSpeed. L'entreprise s'en démarque dans la mesure où son produit vedette est sa plateforme de vente en ligne. Grâce à un tarif mensuel de base de 29 $, Shopify a facilité la création de quelque 90 000 boutiques qui ont réalisé des ventes de 1,7 milliard de dollars en 2013. «Si vous savez envoyer des courriels, vous pourrez créer votre propre boutique avec Shopify et vous n'avez pas besoin d'être un designer pour bâtir une boutique élégante», explique Harley Finkelstein, directeur de la plateforme chez Shopify.

Thirdshelf, une start-up de Montréal, permet aux petits détaillants de lancer leur propre application mobile de loyauté sans pour autant investir des dizaines de milliers de dollars dans son développement. En fait, Thirdshelf vendra le produit sous la forme d'un abonnement, dont le coût mensuel sera dans les trois chiffres. «Ce que Shopify a fait pour la vente en ligne, on le fait pour la loyauté», résume Antoine Azar, pdg de Thirdshelf. Le service est encore en bêta, mais déjà, une dizaine de boutiques l'ont implanté.

Entre l'arbre et l'écorce

La barrière à l'entrée pour devenir un détaillant ayant fondu comme neige au soleil, les commerces traditionnels sont pris entre l'arbre et l'écorce. D'une part, ils risquent de perdre la bataille du service aux mains des petites boutiques, qui ont désormais les moyens technologiques de leurs ambitions. D'autre part, ils risquent de perdre celle des prix aux mains d'Amazon ou des fabricants qui exploitent leurs propres boutiques en ligne.

Tandis que de nombreux artisans exploitent des boutiques en ligne sur Shopify ou Etsy, nombreuses sont les grandes marques qui choisissent elles aussi de vendre directement au consommateur. Plusieurs d'entre elles, comme Patagonia et Gatorade, utilisent d'ailleurs Shopify.

Jonathan Stoikovitch, pdg de Brandicted, un site Web de photos qui permet aux grandes marques de vendre directement aux consommateurs, établi à Montréal, croit que la tendance ne fait que commencer. «À terme, les grands détaillants vont disparaître, affirme-t-il. Les géants comme Best Buy et Nordstrom en prennent plein la figure, car des boutiques en ligne offrent les mêmes produits pour moins cher ou offrent un meilleur service.»

Harley Finkelstein, de Shopify, ne va pas aussi loin, mais il reconnaît que le secteur est en pleine transition. «L'industrie du détail est en train de traverser une révolution, estime-t-il. Je pense qu'il y aura plus de changements dans cette industrie au courant des cinq prochaines années qu'il y en a eu au courant des 50 dernières.»

Grâce à des solutions technologiques clés en main, les petits commerces et les fabricants livrent une concurrence plus féroce que jamais aux grands détaillants.

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