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Les résidences de l'École de technologie supérieure (ÉTS) à Montréal se transforment en laboratoire de la ville intelligente. Il s'agit d'un projet de trois ans financé en partie par des subventions fédérales de recherche octroyées à la Chaire de recherche du Canada sur la durabilité écologique d'Eco-Cloud ainsi que par des partenaires privés, dont Ericsson et Vidéotron. L'ensemble des sommes investies est de l'ordre de 500 000 $.
Mohamed Cheriet, professeur au Département de génie de la production automatisée à l'ÉTS et titulaire de la Chaire de recherche sur la durabilité écologique d'Eco-Cloud, travaille depuis un an à la conception d'un système de gestion globale des ressources basées sur l'infonuagique, qui réunira les services Internet et utilitaires, comme le chauffage ou le contrôle de l'eau. Les infrastructures et l'équipement nécessaires sont en train d'être installés dans les immeubles des phases III et IV des résidences de l'ÉTS, situés rue de la Montagne, pour brancher une centaine de logements au système.
Un outil unique pour gérer les services
Le but et le défi de ce projet consistent à créer une «convergence» entre différents services, afin de donner aux usagers un outil unique pour gérer la consommation de leurs différents services résidentiels. M. Cheriet compare cette démarche à celle qui a mené à regrouper en un seul appareil, au cours des dernières décennies, téléphone, téléviseur et ordinateur.
Les locataires des résidences ne seront pas que des cobayes, mais bien des acteurs, souligne Mohamed Cheriet. Ils auront la possibilité d'interagir et de communiquer avec le système de gestion infonuagique pour modifier leurs paramètres de consommation.
Les habitants des résidences pourront interagir et modifier la plateforme pour améliorer l'efficacité de la solution informatique, conçue en logiciel libre. «Cette interaction va faire place à de l'innovation», prévoit M. Cheriet.
Banc d'essai pour le privé
Pour les partenaires du secteur privé, ce projet constitue «un banc d'essai pour tester leurs produits», affirme M. Cheriet. Dans la conception du système infonuagique, le professeur a travaillé avec Ericsson à la plateforme de gestion et à la technologie de communication entre les machines.
Dans le cas des appareils électroménagers, Home Beaver, une PME d'une quinzaine d'employés de Montréal, testera des débitmètres intelligents. Ceux-ci permettront de suivre en temps réel à quel endroit se déplace l'eau et de déceler quels appareils, comme la laveuse, fonctionnent.
L'équipement sert à analyser la consommation d'eau courante. Mais surtout, il permet d'être alerté et de couper à distance le courant dans le cas d'une activité anormale, par exemple pour éviter les dégâts d'eau. Ted Hill, directeur de la technologie chez Home Beaver, explique qu'en plus de mettre son produit à l'épreuve, ce partenariat lui procurera un accès à des données qui lui permettront d'en améliorer l'efficacité.
Un enjeu : protéger la vie privée
Par ce projet de recherche, M. Cheriet souhaite aussi trouver la meilleure façon de diviser «en tranches» les différentes informations regroupées dans l'infonuagique, de façon à ce que les entreprises privées n'accèdent qu'aux données concernant l'utilisation de leurs produits ou services. Selon le professeur, cette expérience permettra de trouver une nouvelle façon de faire pour partager les données lorsque plusieurs fournisseurs privés sont impliqués dans une gestion intelligente de services.
Ce «laboratoire» ne met pas de côté les questions éthiques, notamment en ce qui concerne le respect de la vie privée, qu'engendre l'utilisation de telles technologies numériques. L'anonymat du consommateur ou du locataire est assuré lorsque des données sont extraites de l'infonuagique pour, par exemple, être livrées aux fournisseurs de services privés.
On prévoit consulter prochainement les locataires à ce sujet.
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