ChatGPT: c’est le début d’un monde nouveau


Édition du 15 Février 2023

ChatGPT: c’est le début d’un monde nouveau


Édition du 15 Février 2023

Par François Normand

Cette image a été générée par un outil d'intelligence artificielle.

ANALYSE. Comme dans toutes révolutions technologiques, celle de l’intelligence artificielle qui se met en place aura de bons et de mauvais côtés, disent plusieurs analyses.

L’IA est un processus qui repose sur la création et l’application d’algorithmes, qui sont déployés dans un environnement informatique dynamique. Nous sommes déjà entourés de systèmes d’intelligence artificielle qui nous rendent des services importants. Par exemple, des banques s’en servent pour détecter des fraudes potentielles, tandis que des détaillants l’utilisent pour prévoir les intentions d’achats.

En 2019, le Parlement européen a publié une étude, intitulée Economic Impact of Artificial Intelligence, dans laquelle il souligne que l’AI est «un moteur de productivité et de croissance économique». On y lit que l’intelligence artificielle peut «améliorer considérablement»la prise de décision des entreprises en analysant de grandes quantités de données.

Selon la firme PwC, ces innovations pourraient créer à elles seules pour 15 700 milliards de dollars américains (20 913 G$CA) de PIB supplémentaires dans l’économie mondiale d’ici 2030. C’est énorme:cela représente 81 % de la taille actuelle de l’économie américaine en 2022 — son PIB s’élevait à 25 035 G$US, selon les estimations du Fonds monétaire international.

 

Contre les changements climatiques

L’IA peut aussi avoir des retombées positives importantes dans la lutte contre les changements climatiques, lesquels ont de plus en plus d’effets néfastes sur l’environnement, la société et l’économie.

Dans une analyse publiée en juillet (AI Is Essential for Solving the Climate Crisis), la firme Boston Consulting Group souligne que l’IA est un «outil»qui peut aider les organisations à gérer des problèmes très complexes dans leur transition écologique.

L’IA a par exemple d’immenses capacités pour récolter, finaliser et analyser des données volumineuses sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) et leurs effets sur le climat.

Par conséquent, elle peut aider les parties prenantes (entreprises, régulateurs, gouvernements, etc.) à adopter les meilleures stratégies pour décarboner l’économie en s’appuyant sur des données.

 

Effets négatifs

En revanche, les outils d’intelligence artificielle peuvent aussi avoir des effets négatifs. Par exemple, ils accroissent les inégalités à l’intérieur des organisations, souligne un article de la Harvard Business Review (Algorithms Are Making Economic Inequality Worse) publié en 2020.

La principale raison est le «plafond de code»— à l’instar du plafond de verre pour les femmes et les minorités dans certains milieux — qui empêche les gens de progresser dans la hiérarchie.

Ce phénomène touche plusieurs secteurs, et ce, du commerce de détail aux services financiers, en passant par la logistique et la fabrication.

Les organisations alimentées par l’IA sont dirigées par une minorité d’employés hautement rémunérés, selon la HBR. Cette minorité s’appuie sur une automatisation sophistiquée et sur des millions de pigistes mal rémunérés gérés par des algorithmes (en leur assignant les tâches à faire).

Non seulement cette situation provoque un clivage des emplois, mais elle risque aussi, à terme, de créer un «piège algorithmique des inégalités»avec la complexification du codage.

 

Menace à la démocratie

Au-delà des risques socioéconomiques, l’IA peut aussi représenter des risques à la sécurité et à la démocratie.

En 2021, l’Université Stanford a publié un rapport (Gathering Strength, Gathering Storms:The One Hundred Year Study on Artificial Intelligence (AI100) 2021 Study Panel Report) dans lequel elle identifie plusieurs risques. Le principal est la «perte de contrôle significative des systèmes l’IA», alors qu’ils gagnent en capacité et qu’ils s’intègrent de plus en plus dans l’infrastructure des sociétés.

«Sans transparence concernant les données ou les algorithmes d’IA qui les interprètent, le public peut être laissé dans l’ignorance quant à la manière dont les décisions qui ont un impact matériel sur sa vie sont prises», souligne le rapport.

Il y aurait même des risques pour la démocratie si les autorités ne sont pas vigilantes, estime l’Université Stanford. «Les systèmes d’IA sont utilisés au service de la désinformation sur Internet, ce qui leur donne le potentiel de devenir une menace pour la démocratie et un outil pour le fascisme», peut-on également lire.

Un retour en arrière est impossible: l’IA est là pour de bon. Et le monde entier en sera affecté.

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