Prise en mains de la tablette Pixel Slate : Google en mode rattrapage

Publié le 03/12/2018 à 09:40

Prise en mains de la tablette Pixel Slate : Google en mode rattrapage

Publié le 03/12/2018 à 09:40

Par Alain McKenna

Dans un marché des ordinateurs personnels qui fait du surplace depuis des années, les fabricants ont décidé que l’éclatement des genres était la marche à suivre pour gagner des parts de marché. Apple appelle ça l’ère post-PC, Microsoft appelle ça le marché des hybrides

Google appelle ça la Pixel Slate. L’appareil qui attaque de front les iPad Pro et Surface Pro de ses deux rivaux de la côte ouest reprend une formule similaire, côté matériel, mais y ajoute l’exclusivité des systèmes logiciels de Google, combinés. Les applications Android peuvent ainsi vivre dans l’environnement Chrome OS de cette tablette haut de gamme vendue trois fois le prix d’un Chromebook.

Quelques atouts du Pixel Slate? Sa mécanique est élégante et somme toute assez puissante (à condition de sauter directement aux modèles à processeur Core i5 ou i7 d’Intel…). Son navigateur web est complet, digne d’un PC, et peut donc gérer les mêmes extensions et protocoles qu’un poste de travail traditionnel. Pour vous dire, à condition d’utiliser l’étui-clavier avec pavé tactile intégré, on peut travailler dans l’arrière-boutique d’un site web ayant une interface datant de la bulle informatique à même cette tablette sans tracas, chose impossible avec un iPad.

Évitez les modèles de base

En revanche, le prix à payer pour hériter de la version la plus satisfaisante de cette tablette est stratosphérique, puisqu’il faut allonger les billets verts (ou bruns) pour éviter les processeurs d’entrée de gamme, des Celeron ou Core M qui s’essoufflent rapidement. Remarquez, c’est apparemment dans l’air du temps, cet hiver…

Et ça, sans compter les accessoires, même si dans le fond, un seul vaut vraiment le détour : l’étui-clavier. À 260$, son poids pèsera lourd dans votre compte de dépenses… mais s’avère chaudement recommandé. Chrome OS a été adapté à l’interface purement tactile de cette tablette, mais il est manifestement plus à l’aise avec un clavier et une souris pour le commander.

Google propose aussi un stylet, le Pixelbook Pen, à 130 dollars, qui est alimenté par une pile AAAA et qui n’a nulle part où s’accrocher quand on ne l’utilise pas. Ce stylet tiré du Pixelbook existait avant le lancement de la Pixel Slate, Google aurait dû régler ce détail. Apple et Microsoft l’ont fait. Quoi qu’on pense de l’utilité d’un tel accessoire, pouvoir le ranger aux côtés de sa tablette semble essentiel.

Dommage, car pour le reste, la fiche technique est à l’avenant. La Pixel Slate en tant que tel propose un affichage de 12,3 pouces comptant 6 millions de pixels qui est très lumineux, mais dont la surface lustrée provoque de nombreux reflets et attire les empreintes de doigts. Ses enceintes stéréo frontales sont fort appréciables. Ses deux ports USB-C compensent pour l’absence d’une fente SD en étant compatibles avec le stockage externe de votre choix (clé USB, disque dur, lecteur de carte mémoire, etc.). Ils suffisent à connecter clavier, souris et moniteur externe pour transformer la tablette en poste de travail complet.

Son bouton d’alimentation fait office de lecteur d’empreinte digitale, pour la déverrouiller. Son autonomie d’une douzaine d’heures est appuyée par une mise en veille apparemment éternelle, détail peut-être cocasse, mais qui élimine un petit stress quand on part en voyage d’affaires. Une Surface épuisée après quelques jours sans la brancher est un irritant qui semble évité par la Pixel Slate.

Autre détail dans l’air du temps : pas de prise analogue pour un casque stéréo, l’option d’un adaptateur pour port USB-C ayant été privilégiée par Google. Un casque Bluetooth fait aussi tout aussi bien l’affaire, et Google en a d’ailleurs un dans son catalogue, appelé Pixel Buds.

Un écosystème tout naissant

Maintenant qu’on peut facilement envoyer et recevoir des textos via un mobile Android directement à partir de Windows 10, il fallait que Google révise le maillage existant entre ses téléphones Android et son système Chrome OS. Mais à ce jeu, Mountain View s’est montrée très timide. Une messagerie texte recourant à un service web, et le déverrouillage via son mobile sont les deux seules options offertes.

Un partage simplifié de la connexion réseau, comme le fait Apple avec ses appareils, aurait été une bonne façon de renforcer l’impression d’écosystème que tente de générer ce produit.

Car écosystème il y a, du côté logiciel du moins. Comment? Le Play Store de la plateforme Android a été intégré à Chrome OS il y a deux ans. Ça permet de combiner le meilleur des deux mondes : les services et applications web déjà connus des amateurs de Chromebook, et les applications mobiles encore plus nombreuses du système Android.

Notez que ce jumelage n’est pas parfait. Plusieurs applications Android demeurent incompatibles avec la tablette, et certaines s’installent, mais n’apparaissent pas dans la liste des applications installées. C’est un peu agaçant.

Les applications Android provenant d’une source autre que le Play Store ne peuvent être installées qu’en configurant la tablette en mode développeur, ce qui réinitialise ses réglages. Ça aussi, ça finit par peser. Toutes les interfaces web ne sont pas nées égales…

Des limites apparentes

À force d’utiliser l’appareil, on découvre aussi le pire des deux mondes : le mode multitâches est limité et capricieux. Les applications Android n’ont tout simplement aucune idée comment se comporter sur un grand écran. Et dans bien des cas, on ne sait pas s’il est préférable de recourir à l’application ou à son éventuelle interface web. Pensez à Instagram ou Google Photos, qui ne savent pas trop sur quel pied danser peu importe l’option choisie.

Et outre la barre d’applications au bas de l’écran, le bureau offre très peu d’options en matière de raccourcis et d’accès au contenu de l’appareil. C’est dommage.

Avec la mécanique qui ronronne sous le capot, et tout ce qu’offrent le web et la plateforme Android en termes de polyvalence et de services en tout genre, la Pixel Slate aurait dû être un coup de circuit permettant à Google de prendre les devants dans le marché plus ou moins convoité des hybrides tablettes-portables.

Le résultat est tout autre : si Google veut prolonger son aventure dans ce créneau, il faudra repenser plusieurs éléments de l’appareil pour une éventuelle deuxième génération plus complète. Et quand on sait qu’il existe d’excellents Chromebook coûtant le tiers du prix de la Pixel Slate, on se demande un peu aussi pourquoi Google n’a pas cru bon d’attaquer ses deux rivaux sur le prix, également.

Avec une année 2019 qui s’annonce au ralenti pour les ventes d’électronique, ça aurait donné un élan à la Pixel Slate qui aurait pu faire boule de neige…


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