Google-Fitbit et les montres connectées : deux moins peuvent-ils produire un plus?

Publié le 25/11/2019 à 10:40

Google-Fitbit et les montres connectées : deux moins peuvent-ils produire un plus?

Publié le 25/11/2019 à 10:40

Par Alain McKenna

Au lendemain de l’Halloween (quoique, dans certaines régions du Québec, c’était la journée même de l’Halloween…), Google a confirmé une rumeur qui circulait depuis quelques jours déjà, en annonçant son désir d’acquérir le fabricant de montres et de bracelets d’entraînement Fitbit, pour la coquette somme de 2,1 milliards $US.

À environ 8 dollars l’action, c’est six fois moins que la valeur de Fitbit à son sommet, peu de temps après son entrée en Bourse, à l’été 2015. Du petit change, pour Google.

Vers une Pixel Watch?

Évidemment, ça laisse présager de la volonté de Mountain View de relancer sa division moribonde des accessoires portatifs connectés. Ça fait deux ans au moins qu’on attend une Pixel Watch, une montre connectée signée Google qui rivaliserait avec l’Apple Watch, et qui redonnerait ses lettres de noblesse à Wear OS, le logiciel embarqué de Google pour ce type d’appareils.

En ce moment, il y a à peu près juste le groupe Fossil qui mise encore sur Wear OS, avec des montres plus «lifestyle» qu’autre chose. Comme pour Android, Google pourrait produire sa propre montre Wear OS afin de mieux illustrer tout ce que cette plateforme est capable de faire.

C’est dans l’air du temps. Microsoft s’est lancée dans la fabrication d’ordinateurs et de tablettes Surface parce qu’elle trouvait les équipementiers pas assez créatifs.

Samsung? Huawei? Fossil? Le marché des montres connectées est lourdement dominé par Apple, pour une simple et bonne raison : la concurrence ne contrôle par toute la chaîne (matériel, logiciel, services), et n’est pas de taille.

Alors, s’en va-t-on vers le lancement d’une Pixel Watch par Google, dans un avenir prévisible? Les investisseurs semblent y croire. Le titre de Fossil s’est écroulé de 45% depuis le début novembre, coïncidant avec l’annonce du mariage à sens unique Google-Fitbit.

Curieux de voir ce que ça pourrait donner, on a donc mis la main sur une Versa 2, de Fitbit, pour voir ce que Google voyait dans cette technologie. On avait aussi une Watch GT de Huawei, une montre dont le logiciel n’est pas Wear OS, mais qui l’imite à peu près en tous points, et qui donne un autre aperçu de ce marché encore incertain qu’est celui des «wearables».

Versa 2 : une fausse bonne montre connectée

Au premier coup d’œil, la Versa 2 touche la cible. Son format est plus carré que l’Apple Watch, mais le boîtier est en métal brossé, et les bracelets vendus en option laissent présager un produit qu’on peut styliser et personnaliser. La fiche technique est aussi à l’avenant, promettant le paiement mobile sans téléphone via Fitbit Pay, la musique sans fil via Bluetooth de différentes façons, incluant Spotify, l’assistant vocal Alexa intégré et tous les outils de suivi de l’activité physique espérés sur un tel produit.

Son autonomie est aussi assez attrayante, ne demandant qu’à être rechargée aux 3 ou 4 jours. Tout ça pour 200$, soit un prix tout à fait raisonnable, dans le contexte.

La Huawei Watch GT est encore plus jolie, avec un cadran tout rond auquel s’attache un bracelet en cuir ou en silicone pas moins élégant. Elle aussi, elle annonce plusieurs jours d’autonomie.

Dans les deux cas, par contre, la réalité est tout autre. Décevante. Crève-cœur.

Sur la Versa 2, le véritable affichage est beaucoup plus petit que ne le suggère sa surface vitrée. L’iconographie est maladroite, au mieux, et témoigne d’une interface bâclée, négligée. Les interactions tactiles sont souvent boiteuses et imprécises, et les réactions de la montre sont souvent maladroites.

En prime, Fitbit Pay est à peu près bon à rien, au Canada. Alexa, très polyvalente sur les produits Echo d’Amazon, est carrément incompétente, sur la montre. Et les options de lecture musicale sont lourdement pénalisées par un outil de transfert des fichiers dur d’oreille, et par l’obligation d’avoir son mobile à proximité pour accéder à Spotify.

Pandora, une autre option de la montre, est inaccessible du Canada.

Bref, la Versa 2 n’a d’attrayant qu’une autonomie raisonnable, à deux jours, environ, si vous êtes moyennement actifs. Les données sont transférées à l’appli mobile du fabricant, et synchronisées avec des applis tierces, ce qui permet de les exploiter assez efficacement.

On ne reviendra pas sur la Watch GT, de Huawei, puisqu’on en a déjà parlé à Une Tasse de Tech (voir la vidéo ci-bas), et que ça fait amplement le tour de la question.


L’avenir de Wear OS et quelques grosses pointures en jeu?

Le grand patron du matériel chez Google est un ancien de Motorola qui semble avoir repris le même plan de match qu’avant son passage sous l’égide de Lenovo : développer une gamme d’appareils mobiles et connectés aussi élargie que possible. Mais ce qui marchait bien pour Motorola, semble plus compliqué, chez Google.

On en a parlé dans le test du Pixel 4 et du Pixelbook Go, les produits sont séduisants, mais coûtent trop cher, comparativement à des produits concurrents plus polyvalents, pour le même prix.

Motorola avec une montre connectée tout à fait spectaculaire, il y a quelques années à peine, mais la Moto 360, qui a connu deux générations, n’a pas su séduire les acheteurs.

Vu le contexte, on imagine bien une Pixel Watch reprendre les caractéristiques techniques inspirées de cette montre, mais remises au goût du jour. Qualcomm a finalement conçu un processeur léger et puissant qui pourrait faire la différence.

On a bien hâte de voir. Car pour le moment, les produits Wear OS et Fitbit sont tous deux à la traîne du leader, dans leur créneau. À la question «est-ce que deux négatifs peuvent produire un positif?», il faut se garder de répondre trop rapidement.

Google a déjà prouvé qu’elle savait faire des produits séduisants. Fitbit a une certaine expertise, et même une part de marché, qui renforcera sa position dans ce créneau. Mais il faudra y mettre l’effort pour faire avec Wear OS ce qu’on a su faire avec Android, c’est-à-dire aller chercher les trois quarts du marché.

Il y a évidemment encore du temps, mais au vu des produits actuellement en marché, les chances sont minces que ça se produise. Toute la stratégie de Google dans les accessoires connectés, et même le job de certains dirigeants au sein de l’entreprise, pourraient ne dépendre que de la première Pixel Watch à être lancée.

La place à l’erreur est à peu près nulle…

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