Le Canada veut des partenaires de confiance en intelligence artificielle

Publié le 08/11/2021 à 19:00

Le Canada veut des partenaires de confiance en intelligence artificielle

Publié le 08/11/2021 à 19:00

Par La Presse Canadienne

(Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Le ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne, affirme que le Canada ne veut travailler qu’avec des «partenaires de confiance» dans ses projets en intelligence artificielle (IA).

Le ministre Champagne a formulé ces commentaires à La Presse Canadienne, lundi, lors d’un entretien depuis l’Allemagne, alors qu’il participe à un voyage d’une semaine qui doit le mener dans trois États européens dont à Paris pour une conférence internationale majeure sur l’avenir de l’IA.

Cette déclaration peut être perçue comme un signal assez clair que le géant chinois des télécommunications Huawei pourrait être exclu des fournisseurs potentiels de la technologie 5G. 

Le gouvernement fédéral repousse depuis longtemps déjà l’annonce de l’identité des entreprises retenues pour déployer le réseau internet de nouvelle génération 5G, opéré par intelligence artificielle. Cette décision tarde notamment en raison de l’intérêt de Huawei dans le projet alors que la Chine détenait jusqu’à tout récemment deux Canadiens de manière arbitraire, Michael Kovrig et Michael Spavor.

Les deux hommes ont été libérés en septembre après plus de 1000 jours de détention dans une affaire largement perçue comme une mesure de rétorsion de Pékin en réponse à l’arrestation à Vancouver de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, à la demande des États-Unis. Cette saga a pris fin quand les États-Unis ont mis fin aux procédures contre Mme Meng après s’être entendus avec ses avocats.

À (re)lire: Les deux Michael libérés pour des raisons de santé, selon la Chine

Le ministre Champagne a dit s’attendre à ce que la décision du Canada dans le dossier des fournisseurs du réseau 5G soit annoncée au cours des prochaines semaines au moment du retour de la reprise des activités à la Chambre des communes, le 22 novembre.

«La sécurité nationale est la priorité quand on aborde un dossier comme celui-là. On pense souvent aux infrastructures comme étant des ponts et des routes, mais les infrastructures réseau et les réseaux de télécommunications sont réellement la voie du futur», a-t-il souligné.

«Je crois que les gens veulent voir ce genre de réseaux virtuels de partenaires de confiance afin de s’assurer une confiance résiliente de la population pour des générations», a poursuivi le ministre Champagne.

Le Canada est le seul membre du réseau allié de renseignement des «Five Eyes», qui comprend les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, à ne pas encore avoir banni Huawei de toute participation au déploiement de son réseau 5G. Tous les autres l’ont fait en raison des soupçons selon lesquels l’entreprise servirait de paravent au service de renseignement militaire chinois. Des accusations que rejette vigoureusement la société.

Le réseau internet de cinquième génération, ou 5G, s’appuiera largement sur des systèmes d’IA nuagique qui devraient transformer la vie quotidienne des Canadiens. On parle notamment du potentiel de véhicules autonomes et de soins de santé automatisés, incluant des chirurgies.

Le gouvernement Trudeau a souvent vanté l’expertise canadienne dans le domaine de l’IA et de l’apprentissage machine comme moteur de croissance économique.

Mais parallèlement, des inquiétudes grandissantes se font entendre au Canada et à l’étranger au sujet du pouvoir envahissant et perturbateur des algorithmes obscurs qui régissent les lucratives plateformes comme Facebook et Google.

Le mois dernier, le NPD a réclamé un meilleur encadrement réglementaire pour restreindre Facebook, notamment en forçant l’entreprise à agir contre la désinformation, les discours haineux et le manque de transparence de ses algorithmes.

Le député néo-démocrate Charlie Angus a demandé qu’on apporte ces changements en réaction au témoignage d’une sonneuse d’alerte chez Facebook, Frances Haugen. Cette dernière a déclaré dans son témoignage devant le Congrès américain que les produits développés par l’entreprise avaient causé du tort aux enfants et avaient contribué à la polarisation du discours politique aux États-Unis.

François-Philippe Champagne dit être plus qu’ouvert à écouter les suggestions des partis d’opposition au moment où il se prépare à déposer une nouvelle Charte canadienne du numérique devant les parlementaires. La charte vise à régler un grand nombre d’enjeux touchant l’économie numérique et l’intelligence artificielle.

«On sait que l’IA va transformer nos vies», a concédé le ministre. Toutefois, il répète que la technologie doit tenir compte de la protection de la vie privée et que le gouvernement doit créer un cadre réglementaire qui reflète les valeurs canadiennes.

«C’est très important pour moi parce qu’on voit une croissance exponentielle de l’IA. On a un grand nombre d’experts, de talents, et on veut les orienter dans la bonne direction pour que l’IA soit perçue comme une technologie bénéfique pour les gens», a-t-il partagé.

L’Union européenne a adopté certaines des restrictions les plus sévères concernant la protection des données personnelles, qui permettent aux usagers de choisir quelles informations ils acceptent de partager avec les entreprises en ligne.

M. Champagne veut que sa charte du numérique apporte un équilibre permettant aux utilisateurs d’être en confiance tout en stimulant l’innovation. Et bien qu’il souhaite entendre les recommandations des parties impliquées et des élus des oppositions, le ministre veut que sa charte soit déposée plus tôt que tard.

Au cours de son séjour en Europe, le ministre Champagne aura aussi des discussions pour renforcer les liens économiques avec le vieux continent dans un contexte de tensions croissantes dans la chaîne d’approvisionnement mondiale qui ont entraîné des pénuries de pièces électroniques et de matériaux rares, nécessaires à la fabrication d’ordinateurs et de téléphones intelligents.

Le ministre a soigneusement évité de nommer la Chine, mais a déclaré: «En ce qui concerne la protection des données personnelles, il faut avancer avec les yeux grands ouverts. Je crois que l’on va continuer de bâtir, avec nos partenaires de confiance, une chaîne d’approvisionnement pour ces éléments clés.»

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