Québec débloque 100 M $ pour l'internet haute vitesse dans les régions

Publié le 21/10/2019 à 06:47

Québec débloque 100 M $ pour l'internet haute vitesse dans les régions

Publié le 21/10/2019 à 06:47

Par La Presse Canadienne

Promis à répétition depuis des années par les politiciens de tous niveaux et allégeances, le déploiement d'internet haute vitesse en région au Québec pourrait être complété ou en voie de l'être d'ici 2021, si les projections du ministre de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon, se réalisent.

Le ministre Fitzgibbon a lancé vendredi à Shawinigan un appel d'offres doté d'une enveloppe de 100 millions $ pour des projets d'infrastructures numériques qui visent à amener ce service à 70 000 foyers en région qui n'étaient pas couverts par les programmes conjoints avec le gouvernement fédéral ou le CRTC.

«Ce que je vise, c'est que quelque part en 2021, il y aura eu des contrats dans tout le Québec pour déployer l'internet (haute vitesse). Quand seront-ils effectifs? Je ne le sais pas; ça va dépendre des compagnies de télécommunications, mais il faut qu'il y ait une date où on pourra dire: c'est fait, on a signé les contrats, ça va se faire dans les prochaines années et tout le monde va être connecté», a affirmé le ministre en entrevue avec La Presse canadienne.

Le programme, appelé «Régions branchées», vise à fournir ce service à quelque 70 000 foyers et des milliers d'entreprises qui se trouvent dans des secteurs qui ne sont que partiellement desservis par un service internet haut débit. Il cible ainsi des régions où le service est inégal car certaines zones n'étaient pas admissibles au premier programme «Québec branché» et échapperont également aux prochains appels d'offres du gouvernement fédéral.

L'argent sera-t-il disponible après les élections?

Québec évalue à 340 000 le nombre de foyers qui n'ont pas accès à l'internet haute vitesse et a prévu une enveloppe de 400 millions $ pour remédier à cette lacune. De ce nombre, 110 000 foyers sont inclus dans le premier volet de "Québec branché", réalisé conjointement avec Ottawa et qui est en cours de déploiement.

Quelque 160 000 autres seront couverts, soit par le deuxième volet Québec-Ottawa de «Québec branché», soit avec un autre programme en collaboration avec le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), pour lequel les sommes ont déjà été mises de côté.

«Dans les deux cas _ et malheureusement je ne peux pas vous dire quand parce qu'il y a un bout de l'équation que je ne contrôle pas _ mais je pense qu'avec le CRTC ça va aller très rapidement, l'argent est là et je pense que le fédéral, l'argent va être là aussi», a-t-il dit, tout en reconnaissant qu'une certaine part d'incertitude pouvait planer en raison de l'élection, puisque les fonds ont été prévus dans un budget libéral.

«On va voir. Si les libéraux prennent le pouvoir, majoritaires, minoritaires, je présume qu'on va continuer. Si ce sont les conservateurs, je suis assez confiant parce que (...) j'ai du mal à croire qu'un gouvernement, peu importe lequel, pourrait ne pas respecter cet engagement-là», a confié le ministre.

Fitzgibbon: «Je n'attends pas le fédéral»

Par contre, les 70 000 foyers visés par l'appel d'offres de vendredi n'étaient pas couverts par ces programmes, d'où la décision du ministre de dégager 100 millions $ de son enveloppe globale de 400 millions $ pour assumer à lui seul la desserte.

«Je n'attends pas le fédéral; je le fais tout de suite. Je serai le seul décideur, donc c'est seulement moi-même que je pourrai blâmer dans trois ans si on n'a rien fait. Avec ce 100 millions $, nous allons prendre des régions qui, selon nous, ne sont pas éligibles pour le prochain programme du fédéral et on les fait tout de suite», a expliqué M. Fitzgibbon.

Pour ce programme, les entreprises intéressées ont jusqu'au 18 novembre pour déposer leurs soumissions. Celles-ci devront garantir une capacité minimale de 50 mégabits par seconde en téléchargement et de 10 mégabits par seconde en téléversement.

Fait à noter, le programme est conçu pour permettre aux MRC, aux organismes scolaires et aux conseils de bande de proposer des projets en collaboration avec des fournisseurs de services internet.

Gens d'affaires partiellement satisfaits

Le milieu des affaires s'est évidemment réjoui de cette annonce. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), qui représente les PME, souligne dans un communiqué que "plus d'une PME sur deux nous dit ne pas être branchée à une connexion internet plus performante en raison de l'absence d'une meilleure offre dans leur région".

La FCEI prend aussi soin d'ajouter que «comme c'est le gouvernement qui finance les nouvelles infrastructures numériques, nous nous attendons à ce que les tarifs pour une connexion internet optimale soient compétitifs et raisonnables même en régions éloignées», tout en déplorant que l'annonce ne comprenne pas de volet pour une couverture cellulaire large bande en région. La FCEI souhaite que Québec «prenne rapidement des mesures afin de corriger cette iniquité».

De son côté, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) voit dans cette annonce «une première action (...) pour assurer l'accès au service d'internet haut débit aux régions du Québec qui ne sont toujours pas ou partiellement desservies».

La Fédération fait valoir que de telles infrastructures numériques sont «nécessaires au développement économique» des régions et représentent «un ingrédient essentiel à la croissance». Rappelant qu'avec cette annonce, il restera toujours 160 000 foyers

à brancher en région, la FCCQ estime que le gouvernement fédéral qui sera élu lundi devra placer cette réalisation en priorité et suggère que, pour les prochains appels de projets, «les deux gouvernements s'entendent pour coordonner davantage leurs efforts afin d'éviter la duplication et l'incohérence».

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