QIX: dix ans dans l’ombre de l’infrastructure Internet au Québec

Publié le 24/04/2023 à 13:45

QIX: dix ans dans l’ombre de l’infrastructure Internet au Québec

Publié le 24/04/2023 à 13:45

Par Maxime Johnson

Les équipements au cœur du réseau du QIX (Échange Internet de Montréa. (Photo: QIX)

TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.

TECHNO SANS ANGLES MORTS. Si l’Internet était un réseau autoroutier, l’Échange Internet de Montréal (QIX) serait un raccourci de votre ordinateur aux serveurs des géants technologiques. Après s’être concentré pendant 10 ans sur la vitesse et la latence d’Internet au Québec, le QIX porte maintenant son attention sur un autre aspect important : sa résilience.

Les noms Cologix MTL1, Cologix MTL3, eStruxture MTL-1 et Vantage DC Montreal II ne disent pas grand-chose au commun des mortels. C’est pourtant par ces centres de données que passe une bonne partie du trafic Internet au Québec.

«L’internet est composé de plusieurs réseaux indépendants, comme ceux de Google, d’Amazon et des fournisseurs d’accès Internet. Un échange Internet est une sorte de table ronde qui permet à tous ces réseaux de communiquer directement», résume Karl Morin, président du conseil d’administration du QIX, qui possède des points de connexion dans chacun des quatre centres de données mentionnés.

Le QIX est l’un des 600 échanges Internet du genre dans le monde, et le deuxième en importance au Canada, après celui de Toronto. Une quinzaine de personnes environ sont impliquées dans son fonctionnement. QIX signifie Quebec Internet eXchange, son appellation de 1995 à 2013 avant qu’il ne devienne un organisme à but non lucratif. Depuis, son nom a changé, mais l’acronyme, lui, est resté.

 

Une infrastructure pour les gros joueurs

Parmi les 99 membres du QIX, on compte surtout des fournisseurs d’accès Internet (EBOX, Cogeco, et Telus, par exemple), mais aussi des entreprises de jeux vidéo comme Riot, des géants du web comme Microsoft et de grandes entreprises comme la Banque Royale du Canada.

«Un échange Internet, c’est surtout pour les organisations d’une certaine talle», concède Karl Morin. Celles qui en ont besoin possèdent généralement leur propre réseau informatique, et elles ne peuvent pas se permettre d’être dépendantes d’un seul fournisseur Internet.

Participer à un échange Internet leur permet aussi de réduire leurs frais, et leur assure une connexion rapide avec d’autres entreprises, avec une très faible latence. «C’est souvent pour ces raisons que les membres rejoignent le QIX», observe Karl Morin.

 

Améliorer la résilience d’Internet

Ce n’est toutefois pas la course aux performances qui risque de marquer la seconde décennie du QIX, estime Karl Morin. «Les gros changements à surveiller vont être du côté de la résilience d’Internet», explique-t-il.

«Les dernières années nous ont fait réaliser à quel point les infrastructures des télécommunications au Canada sont importantes», ajoute ce dernier. Les centres de données sont bien protégés (et alimentés au diésel, même pendant une panne de courant), mais le matériel informatique peut briser.

Récemment, des câbles de fibre optique ont d’ailleurs été endommagés lors d’un incendie dans un puit d’accès d’Hydro-Québec à Montréal, ce qui a entraîné plusieurs pannes d’Internet (mais pas auprès des membres du QIX, précise toutefois Karl Morin, grâce à une redondance dans les liens de l’échange).

Karl Morin se désole d’ailleurs du manque de transparence dans l’infrastructure Internet au Québec en ce moment. «Parfois, deux fournisseurs Internet peuvent utiliser un même câble de fibre optique. Une entreprise qui cherche à rendre son infrastructure plus résiliente a besoin de le savoir», note-t-il.

Celui-ci espère aussi qu’un échange Internet puisse voir le jour à Québec dans les prochaines années, ce qui augmenterait la robustesse de l’infrastructure au Québec. «À l’heure actuelle, le trafic à Québec doit souvent passer par Montréal. C’est quelque chose qu’on devrait éviter», estime-t-il.

Le QIX serait ouvert à s’y installer, à condition que ses membres embarquent. «Ça ne sert à rien de monter un échange si personne ne s’y connecte», note Karl Morin. En prime, l’organisme aurait déjà le bon acronyme pour la ville.

 

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