«NFT» n’est pas un mot magique pour rentabiliser n'importe quel projet

Publié le 13/12/2021 à 13:26

«NFT» n’est pas un mot magique pour rentabiliser n'importe quel projet

Publié le 13/12/2021 à 13:26

Par François Remy

Les critiques ont été nombreuses à la suite de l'annonce de la plateforme Quartz par Ubisoft. La vidéo promotionnelle a même été délisté de YouTube. (Photo: 123RF)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

LES CLÉS DE LA CRYPTO. Le géant français du jeu vidéo Ubisoft l'a appris à ses dépens: on ne peut pas rentabiliser n'importe quel projet avec les «NFT». Que ce raté marketing serve de leçon entrepreneuriale.

Qui de mieux placé qu’un éditeur de jeux vidéo pour cerner tout l’intérêt d’une technologie permettant d’associer à un élément numérique un identifiant unique qui en codifie la possession, l’échange et la traçabilité? Oui les «NFT», cet acronyme anglais sur toutes les lèvres désignant des jetons numériques irremplaçables (non fungible tokens) intégrés à des chaînes de blocs, offrent évidemment de nouvelles et vastes opportunités aux acteurs du digital.

L’industrie du jeu vidéo n’a pas attendu pour explorer ces nouveaux canaux de croissance et sources de revenus supplémentaires, avec pour stratégie de transformer les jeux en micro-économies. Encore faut-il pouvoir saisir adéquatement ces opportunités de monétisation. Prenons l’exemple tout récent d’Ubisoft, qui vient de faire la désagréable expérience d’un échec marketing avec sa nouvelle plateforme Quartz.

Ubisoft a annoncé le lancement de sa plateforme quarts le 7 décembre dernier. (Photo: courtoisie)

Effet d’annonce

Le grand studio a présenté ses Digits, ce qu’il a baptisé de «premiers "NFT" économes en énergie» utilisables dans son titre Ghost Recon: Breakpoint, un jeu AAA — se lit triple A —, c’est-à-dire un jeu dont les budgets de développement et de promotion sont parmi les plus élevés.

L’idée louable à la base devait faire date: de nouveaux éléments (équipements des personnages, véhicules, etc.) sur un jeu grand public sont désormais échangeables contre des cryptomonnaies. Une application somme toute assez logique de la technologie rendue populaire par le bitcoin.

Mais c’était sans compter sur l’accueil glacial qu’allait réserver la communauté des joueurs. Pour en mesurer la froideur, il suffisait de regarder le pourcentage de «désapprobation» des youtubeurs sous le vidéo de lancement d’Ubisoft.

Car même si YouTube a modifié sa politique afin de masquer le nombre de pouces pointant vers le bas, une simple extension du navigateur Google Chrome permet de les dévoiler.

Résultat: 96% d’aversion! Soit des dizaines de milliers de sanctions négatives. Un commentaire particulièrement courroucé récoltait à lui seul plus de «likes» que le film promotionnel. «C'est un signe flagrant que vous presser la franchise jusqu'au dernier centime, tout en faisant un minimum d'efforts pour le jeu lui-même. Je ne jouerai pas à un jeu à l'avenir s'il y a ce niveau de dégénérescence dans l'équipe», s’indignait un utilisateur.

 

 

«Anti-consommateur»

Ces regrets ont trouvé écho en nombre sur Twitter, et ailleurs. Sur le forum Reddit, une sous-section créée pour l’occasion a rapidement concentré les appels au boycottage de la place de marché pour NFT signée Ubisoft. Quelque 15 000 commentaires s’y sont déjà déversés. L’auteur de la sous-section considère qu’il fallait «s’opposer à cette pratique [qui est] juste une autre façon de monétiser et d'arnaquer les joueurs avec des cosmétiques plutôt que de se concentrer sur la fabrication de produits de qualité avec de la profondeur. Nous devons faire savoir aux entreprises que c'est anti-consommateur.»

Les critiques ne visent pas la technologie des «NFT», qui a toute sa place dans l’écosystème des jeux en ligne où les utilisateurs ont plus qu’une licence, mais bien une unité digitale du jeu, ce qui permet de la conserver, l’échanger ou la vendre à un autre utilisateur. Il s’agit bien de la façon de recourir aux «NFT» d’Ubisoft qui a posé problème.

 

Profil bas

Le géant du jeu vidéo a rapidement délisté sa vidéo incriminée. Pour l’heure, Ubisoft ne va pas mettre au rebut son projet Quartz, mais semble opter pour une promotion en mode nettement plus mineur qu’initialement prévu.

Ce raté à l’annonce d’un projet «NFT» n’est ni le premier ni le dernier. Le réseau conversationnel Discord a tout dernièrement dû faire marche arrière alors qu’il prévoyait d’implémenter des «NFT» basés sur Ethereum. L’affaire Ubisoft Quartz risque peut-être de refroidir les ardeurs d’autres développeurs ou en tout cas de polariser le débat. Le géant américain EA avait décrit les «NFT» comme une solution d’avenir pour les jeux vidéo. Tandis que l’imposante plateforme de jeu vidéo Steam a interdit tous les jeux basés sur la crypto.

 

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