La transition quantique d'OVHcloud

Publié le 22/05/2023 à 12:51

La transition quantique d'OVHcloud

Publié le 22/05/2023 à 12:51

Par Maxime Johnson

La responsable de l’informatique quantique chez OVHcloud Fanny Bouton. (Photo: OVHcloud)

TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.

TECHNO SANS ANGLES MORTS. Pour OVHcloud, le secteur infonuagique est tout indiqué pour occuper une place de choix dans l’écosystème de l’informatique quantique. Mais encore faut-il préparer le terrain.

Certaines disruptions technologiques, comme les téléphones intelligents, arrivent presque sans avertissement. D’autres, comme la conquête de la lune, sont annoncées longtemps à l’avance. L’informatique quantique tombe dans cette seconde catégorie.

Ce domaine de l’informatique où les ordinateurs ne sont plus limités par les 0 et les 1 de l’informatique classique promet une puissance de calcul décuplée, qui fait rêver les entreprises qui ont de gros besoins en matière de simulation et d’optimisation, notamment, comme les compagnies pharmaceutiques à la recherche de nouvelles molécules.

 

Une alliance naturelle avec le nuage

«Nous nous intéressons à l’informatique quantique depuis 2021», note Fanny Bouton, responsable du quantique chez le fournisseur de services infonuagiques OVHcloud, qui possède un centre de données à Beauharnois près de Montréal depuis plus de 10 ans.

Au départ, l’entreprise a décidé d’y dédier une partie de son accélérateur pour jeunes pousses, l’OVHcloud Startup Program, mais elle est passée en vitesse supérieure au cours des derniers mois. «Nous nous sommes rendu compte qu’on pouvait aller plus loin, tant par rapport aux ordinateurs qu’aux logiciels qu’on peut mettre dans le cloud», explique celle qui est de passage au Canada cette semaine, notamment pour visiter l’écosystème quantique québécois.

« Les ordinateurs quantiques sont complexes et chers, alors tout le monde ne pourra pas se les payer. Les mettre dans le cloud permettra à n’importe quelle entreprise de les louer à l’heure», poursuit Fanny Bouton. D’ailleurs, la plupart des concurrents d’OVHcloud, comme Google et AWS, le bras infonuagique d’Amazon, investissent aussi dans l’informatique quantique.

Au Québec, la Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec (PINQ²) exploitera aussi plus tard cette année l’«Ordinateur quantique du Québec», basé sur l’architecture Quantum System One de 127 qubits d’IBM.

Pour sa part, OVHcloud a annoncé l’an dernier l’acquisition d’un ordinateur quantique de la firme française Quandela, elle assure un accès à un ordinateur quantique Pasqal et elle offre différents émulateurs d’ordinateurs quantiques, qui permettent à leurs clients de développer et de tester des algorithmes pour l’informatique quantique, mais sur des ordinateurs classiques.

«Notre stratégie consiste à collaborer avec le plus de fournisseurs possibles, et d’offrir le plus de types d’ordinateurs quantiques possibles, comme des ordinateurs quantiques à atomes neutres et des ordinateurs quantiques photoniques», poursuit Fanny Bouton.

 

Développer l’écosystème

Offrir des ordinateurs et des émulateurs est une chose, mais encore faut-il que les clients soient prêts à s’en servir. Bien des entreprises se demandent encore comment aborder l’intelligence artificielle, alors l’informatique quantique, qui pourrait prendre encore des années avant de surpasser l’informatique classique, est encore bien loin dans leur liste des priorités. Les outils de développement sont aussi encore rares, et les employés capables de s’en servir, encore plus.

Pour accélérer l’adoption de l’informatique quantique, OVHcloud compte notamment créer des formations, qui pourraient être lancées dès la rentrée. «Il y aura trois niveaux de formations, qui permettront à des étudiants ou des travailleurs de s’autoformer pour comprendre comment fonctionne l’informatique quantique, et apprendre à programmer avec les émulateurs», explique Fanny Bouton.

L’entreprise compte aussi offrir aux étudiants un accès gratuit aux émulateurs, et elle continue de miser sur le quantique avec son accélérateur. «On a besoin de plus d’entreprises qui vont créer des logiciels pour le quantique», plaide-t-elle.

 

L’incertitude quantique

Les entreprises comme OVHcloud qui misent aujourd’hui sur le quantique ont un autre défi important devant elles. Même si de nombreux experts prédisent que cette nouvelle branche de l’informatique sera la prochaine grande technologie disruptive, un doute subsiste. En ce moment, l’informatique quantique n’offre aucun réel avantage sur l’informatique classique. Il faudra des ordinateurs quantiques beaucoup plus puissants, avec des millions de Qubits (l’unité au cœur de l’informatique quantique) pour que cette technologie change réellement la donne. Et rien ne garantit que ce sera un jour le cas.

«En effet, nous ne sommes pas certains», concède Fanny Bouton, qui indique toutefois qu’il y a certainement beaucoup plus d’optimisme que de pessimisme à l’heure actuelle par rapport au quantique.

Pour cette dernière, le chemin à parcourir pour s’y rendre est toutefois aussi important que la destination. Le travail mathématique nécessaire pour transformer les algorithmes des entreprises en algorithmes quantiques pourra par exemple améliorer les logiciels actuels, même sans ces futurs ordinateurs.

«C’est un peu comme l’exploration spatiale dans les années 60, poursuit Fanny Bouton. L’objectif était de se rendre sur la lune. Mais même si on n’y était pas allés, tout ce qui a été développé autour, comme le four à microondes, serait resté avec nous».

 

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