L'info gratuite sur le Web, de moins en moins réalité

Publié le 28/02/2018 à 15:35

L'info gratuite sur le Web, de moins en moins réalité

Publié le 28/02/2018 à 15:35

Par AFP

Le NY Times connaît du succès avec son offre numérique. Photo: 123rf.com

Pour toute personne cherchant à s'informer gratuitement sur internet, la quête est de plus en plus ardue. Les restrictions croissantes sur les contenus en ligne ont dopé les abonnements numériques de nombreux médias, tandis que l'accès payant se multiplie.

«Il y a une tendance qui se dessine clairement de gens qui commencent à payer pour accéder à au moins une source d'informations», constate Rebecca Lieb, spécialiste des médias numériques chez Kaleido Insights.

Selon elle, les consommateurs ont pris conscience de la valeur du journalisme d'investigation en particulier, les rendant plus disposés à payer pour en profiter.

Une autre hypothèse avancée est la numérisation de la vie quotidienne.

«Les services comme Netflix et Spotify ont aidé les gens à prendre l'habitude de payer pour du contenu numérique auquel ils avaient accès autrefois gratuitement», avance Damian Radcliffe, professeur de journalisme à l'université de l'Oregon et membre du Centre pour le journalisme numérique de l'université Columbia à New York.

«Les gens reconnaissent que si vous appréciez le journalisme, notamment dans le climat politique actuel, vous devez payer pour», ajoute-t-il 

L'année dernière, une étude de l'institut de recherches Media Insight Project a révélé que 53% des Américains avaient payé pour au moins un abonnement à un média. Et, selon une enquête de l'Université britannique d'Oxford, deux tiers des journaux européens utilisent un modèle payant.

Transition

Les journaux cherchant à opérer la transition du papier au numérique ont des difficultés à compenser la perte de revenus publicitaires, bouée de sauvetage depuis longtemps pour de nombreuses publications. Ils sont incapables de concurrencer des géants comme Google et Facebook pour la publicité en ligne.

«Pour les grands groupes de médias, qu'ils soient régionaux ou nationaux, (s'ils) veulent une grande équipe de journalistes, le revenu provenant des lecteurs doit être leur première source» de financement, avertit Ken Doctor, consultant spécialisé dans le secteur des médias.

Le New York Times revendique plus de 2,6 millions d'abonnés en ligne payants et ses souscriptions numériques ont représenté 60% de son chiffre d'affaires en 2017. Même son de cloche du côté du Washington Post, qui a déclaré l'an dernier avoir franchi la barre du million d'abonnés en ligne. 

Sans surprise, ces deux grands quotidiens américains ont renforcé leur «paywall», en limitant le nombre d'articles accessibles gratuitement sur leur site. 

Des initiatives similaires ont été mises en place par le Boston Globe, le Los Angeles Times et d'autres. Les magazines New Yorker et Wired ont introduit de nouveaux modèles payants limitant les contenus gratuits. 

Mais «des médias locaux plus petits pourraient trouver plus difficile de faire valoir leur position à leurs lecteurs, et ils ont une quantité inférieure de clients », selon M. Radcliffe.

Autre changement important: les géants Facebook et Google ont récemment accepté de simplifier l'accès aux «paywalls» des médias.

«Cela signifie que (les plateformes en ligne) essayent de travailler pour et non contre les publications de manière passive », estime Mme Lieb. « C'est important parce que les (moteurs de) recherche et les (réseaux) sociaux sont la façon dont les gens découvrent les informations à l'ère numérique ».

«Division numérique»

Selon une étude de l'organisation Digital Content Next, les médias ne génèrent qu'environ 5% de leurs revenus numériques avec ces géants d'Internet alors que ces derniers représentent 30% des contenus visionnés.

 «Le contenu derrière un paywall ne se diffuse pas de manière virale», note Mme Lieb, tout en admettant que des exclusivités peuvent toujours entraîner un grand débat public. 

Les analystes estiment en revanche que l'accès payant aux contenus des journaux pourrait accroître le «fossé numérique».

Avec davantage d'informations glissées derrière un «paywall», «certaines personnes pourraient ne pas être en mesure d'accéder à un contenu important».

Selon M Radcliffe, «il y a un risque que ces publics n'aient pas accès à un éventail d'informations et de journalisme dont ils ont besoin pour rester informés dans l'époque actuelle».

 

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