Fermes à clics ou le marché noir de la gloire

Publié le 23/06/2017 à 10:00

Fermes à clics ou le marché noir de la gloire

Publié le 23/06/2017 à 10:00

Par Marie-Pier Frappier

Les réseaux sociaux sont depuis leur naissance en proie à des attaques de robots ou de zombies élevés… sur des fermes! Oubliez poules, vaches et cochons sur ces «fermes à clics» où sont pondus par milliers des comptes fictifs pouvant nourrir sur le moment ou anémier à long terme les entreprises, les vedettes ou même les partis politiques.

Situées le plus souvent dans des pays en développement comme l’Inde, les Philippines et le Bangladesh, les fermes à clics étaient auparavant constituées de travailleurs peu rémunérés engagés pour cliquer sur des liens des médias sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, Pinterest, etc. Et cela donne quoi? 99$ par mois peut vous amener de 300 à 400 «amis» Facebook, selon certains sites frauduleux. Pour 15$, vous pouvez encore obtenir 1000 «j’aime».

«Can’t Buy My Love»

Début juin 2017, une ferme nouveau genre a été perquisitionnée par la police thaïlandaise. Trois «éleveurs» avaient construit un mur sur lequel étaient fixés près de 500 téléphones utilisés pour créer un réseau de faux comptes et faire gonfler la popularité de WeChat, le plus grand réseau social chinois (600 millions de membres). Terrés dans leur ferme avec 350 000 cartes SIM, ils étaient payés près de 150 000 bahts par mois (5 849$).

Cette saisie peut paraître absurde, mais elle révèle «nouvelle forme d’économie souterraine et reflète la bataille à laquelle se livrent les marques en ligne». Or, les entreprises ne sont pas les seules à se tourner vers ce type d’arnaque. Que l’on pense au Front national en France ou à Donald Trump aux États-Unis, les faux amis n’ont pas la vie dure! Seulement 42% des 1,7 million d’«amis» Facebook de Trump avaient un compte basé aux États-Unis durant la dernière campagne présidentielle. Les autres venaient des Philippines, de la Malaisie, de l’Inde, de l’Afrique du Sud, de l’Indonésie et de la Colombie. De quoi douter de l’amitié.

Malgré quelques arrestations par-ci par-là, les fermes à clics ne sont pas près de disparaître. Premièrement, elles ne sont interdites par aucune loi sur la planète. Deuxièmement, ce sont parfois des entités très crédibles qui en tirent parti. En 2014, Zero Hedge avait dévoilé que le département d’État américain avait acheté près de 2 millions d’amis Facebook…

Selon une étude des universités de Caroline du Sud et de l’Indiana parue en mars 2017, 15% des comptes Twitter seraient en fait des faux, contrairement au 8,5% de faux comptes selon le réseau social qui cherche constamment à défendre son titre en Bourse. Comme Twitter compte actuellement 319 millions d’utilisateurs actifs mensuels, cela se traduit par près de 48 millions de compte-robots ou zombies.

Pour faire face à de tels problèmes, des entreprises comme Facebook essaient de créer des algorithmes qui cherchent à effacer des comptes avec des activités inhabituelles. Ces «purges» de dizaines de milliers de faux comptes prouvent par le contraire le succès énorme des fermes à clics. Mais comme pour les individus pris en flagrant délit – 3 588 228, c’est le nombre de comptes qui ont cessé de suivre Justin Bieber en une journée lors d’une purge d’Instagram en 2014, alors que Nokia a perdu la même année 13 971 «j'aime» lors d’une purge Facebook –, les entreprises qui ont recours aux faux comptes pour mousser leur popularité se privent d’un autre côté d’informations véridiques sur leur clientèle… Comme quoi, l’élevage en batterie a ses côtés sombres, même chez les robots et les zombies!

 

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