Jean-François Gagné: les succès de nos clients doivent passer «de l'anecdotique à quelque chose de systématique»


Édition du 11 Mars 2020

Jean-François Gagné: les succès de nos clients doivent passer «de l'anecdotique à quelque chose de systématique»


Édition du 11 Mars 2020

Par Denis Lalonde
Jean-François Gagné

Jean-François Gagné, 39 ans, est le cofondateur et le PDG d’Element AI, un laboratoire montréalais de recherche appliquée en IA qui développe des solutions pour répondre aux besoins des entreprises dans le secteur. (Photo: ­Marta ­Signori)

Q&R. Entreprise phare du savoir québécois en intelligence artificielle (IA) pour les uns. Aspirateur de personnel qualifié et d'argent public pour les autres. Element AI ne laisse personne indifférent. Le PDG de l'entreprise, Jean-François Gagné, fait le point sur la stratégie de commercialisation des produits de l'entreprise et sur les défis propres à cette industrie.

Les Affaires - Element AI a récemment procédé au lancement d'Orkestrator, un logiciel conçu pour gérer un grand nombre de cartes graphiques. Qu'est-ce que ça apporte à l'entreprise ?

Jean-François Gagné - Il y a plusieurs tendances lourdes qui commencent à se manifester dans les applications qui utilisent l'IA. L'une de ces tendances est que la charge de calculs pour faire fonctionner l'IA augmente de façon exponentielle. Pour arriver à entraîner des modèles d'IA sophistiqués, le meilleur moyen est d'utiliser plusieurs cartes graphiques. Nous avons créé un modèle pour pouvoir faire de la recherche de pointe. Par la suite, nous en avons créé un produit, Orkestrator. Il offre aux clients une plus grande capacité de traitement ou de réduire la taille de leur centre de calculs pour répondre à leurs besoins.

L.A. - Depuis la fondation de l'entreprise, en 2016, Element AI a obtenu un total de 340 millions de dollars (M$) lors de différentes rondes de financement. Avec tout cet argent, comment se fait-il que vous ayez lancé si peu de produits à ce jour ?

J.-F.G. - Au départ, nous avons vérifié que notre vision pour l'utilisation de l'IA était adéquate et que c'était ce dont nos clients avaient besoin. Depuis, nous avons lancé quatre produits et d'autres seront commercialisés au cours des prochains mois.

Nous investissons dans des « morceaux » de plateformes. La réalité, c'est que l'infrastructure de gestion de logiciels en place présentement dans nombre d'entreprises n'est pas ce dont on a besoin pour pouvoir utiliser l'IA au quotidien.

Beaucoup des « morceaux » dont les entreprises ont besoin sont très complexes et n'existent pas. Il faut donc bâtir des outils sur mesure.

Les budgets vont aussi à la recherche de nouveaux clients et au développement des relations d'affaires. Nous voulons faire en sorte que les succès que nos clients obtiennent avec l'utilisation de notre technologie, mais aussi de l'IA en général, passent de l'anecdotique à quelque chose de systématique.

L.A. - Avec des dépenses qui dépassent vos revenus, combien de temps pensez-vous pouvoir tenir sans une autre ronde de financement ?

J.-F.G. - Un peu comme toutes les start-ups, nous avons obtenu du levier financier. On l'a fait à une rapidité qui est peut-être un peu plus grande que ce à quoi on est habitué au Canada, mais qui n'est pas étrangère à plusieurs organisations dans la Silicon Valley ou ailleurs dans le monde. Après la conclusion de la plus récente ronde (200 M$ en septembre 2019, NDLR), on prévoyait avoir des fonds pour quelques années. La question est surtout de voir à quelle vitesse le marché se développera vraiment et si on veut aller plus vite ou moins vite.

L.A. - Pour quelles raisons n'arriverez-vous pas à générer des revenus récurrents ?

J.-F.G. - C'est très difficile d'y parvenir. Une des raisons est que, jusqu'à tout récemment, une grande partie de la propriété intellectuelle des entreprises se trouvait dans la tête de leurs employés. Aujourd'hui, cette propriété intellectuelle est de plus en plus transférée vers l'IA. Or, les entreprises ne veulent pas que les fournisseurs de services en arrivent à détenir cette propriété intellectuelle, craignant qu'elle finisse par servir aussi la concurrence. Ça fait 20 ans que je suis dans le métier, et pour être honnête, c'est plus compliqué que ce à quoi on s'attendait.

L.A. - Element AI compte un peu plus de 400 employés, soit une centaine de moins qu'à son sommet. Si on compare la société à une fable de La Fontaine, pourrait-on dire qu'Element AI est une grenouille qui a voulu devenir aussi grosse qu'un boeuf ?

J.-F.G. - Les plans de l'organisation et de nos différents groupes à l'interne, c'est d'avoir à la fois la plus petite taille et la masse critique nécessaire pour développer une offre de produits qui est diversifiée. Nous devons faire appel à plusieurs types de spécialistes, parfois sporadiquement, pour concevoir nos produits.

Par exemple, des employés très forts en langage naturel ne pourront pas nécessairement travailler sur des algorithmes de vision. Ce sont deux types de techniques distinctes.

On a comme clients surtout des entreprises du Fortune 1000, comme LG, HSBC et autres. Ces sociétés ont des attentes en matière de solidité et de taille des organisations, de services et de vitesse à laquelle on peut répondre.

Toutes ces choses entrent dans l'équation. C'est la raison pour laquelle l'organisation a été conçue comme elle l'est en ce moment.

L.A. - Quand pensez- vous atteindre le seuil de la rentabilité à Element AI ?

J.-F.G. - Le plus tôt sera le mieux, mais l'objectif est d'y parvenir d'ici cinq ans. Cela dit, pour toutes sortes de raisons (croissance, occasions, marché...), ça ne veut pas dire qu'on va y arriver. À court terme, on va continuer d'accélérer plus rapidement que les revenus vont entrer. Nous avons des objectifs mondiaux. Il y a une course à l'international pour l'adoption de cette technologie, et ça ne va pas ralentir.

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