Retournez à l'école !

Publié le 01/04/2009 à 00:00

Retournez à l'école !

Publié le 01/04/2009 à 00:00

Ce mois-ci, des milliers d'étudiants universitaires recevront leur diplôme, prêts à prendre d'assaut le marché du travail. Quel lien votre entreprise entretient-elle avec les universités ? Probablement aucun. Le manque d'intérêt démontré par les entreprises québécoises et par leurs leaders à s'engager auprès des universités et des étudiants me décourage. Le semestre dernier, après plus de dix appels et autant de messages laissés dans diverses boîtes vocales, je joignais enfin le vice-président d'une entreprise que j'admirais pour l'inviter à partager son expérience avec mes étudiants. Malgré notre entente verbale, il ne s'est jamais présenté.

Au même titre qu'elles ont un bureau des relations avec les investisseurs, les grandes sociétés américaines ont aussi un service, ou tout au moins un responsable, des "relations avec les universités". Il serait temps d'adopter cette pratique. Grâce à ces "relations", les entreprises s'investissentetdéveloppent une plus grande présence sur les campus. Certaines d'entre elles financent un nouveau bâtiment, une aile, une chaire, voire une salle de cours.

De bonnes relations permettent à la fois de réduire les frais de recrutement et d'en augmenter l'efficacité. Le Canada compte plus d'un million d'étudiants (dont plus de 170 000 à temps plein au Québec), et trouver le bon candidat peut être difficile. Les présentations en classe par des cadres et la participation aux foires d'emplois sur les campus sont autant de façons de rejoindre les futurs diplômés et de déterminer ceux qui présentent la meilleure compatibilité avec l'entreprise. Par exemple, Pepsico offre un programme de formation exigeant de six semaines où les jeunes bacheliers naviguent à travers l'entreprise afin d'en apprendre les rouages et de se préparer à en gravir les échelons. Pour éviter les coûts énormes associés à un mauvais recrutement, Pepsico s'implique sur les campus et peut ainsi identifier les diplômés les plus dynamiques et les plus ambitieux.

L'exemple parfait de bonnes relations universitaires reste pour moi Aramark, le gestionnaire de services alimentaires. Sur les campus américains, ses "ambassadeurs-étudiants" ont pour mandat de mieux faire connaître l'entreprise à leurs camarades. La société est aussi très présente dans les classes, où des cadres viennent régulièrement présenter ses exploits. Je ne parle pas ici de transformer la classe en infomercial ! Cependant, l'expérience des étudiants s'en trouve enrichie, et l'entreprise gagne au change. Il y a deux ans, Marc Bruno, responsable des services alimentaires Aramark aux Olympiques de Beijing, est venu parler à mes étudiants des défis de logistique de ce mandat. À la suite de sa présentation, il a recruté trois étudiants, dont un a remplacé sur le terrain, au pied levé, un gérant qui n'a pas pu supporter la pression. L'entreprise invite aussi quelques professeurs à souper chaque semestre. Le but de ces soirées : savoir où se situent les recherches prometteuses dans le domaine alimentaire, et quels sont les étudiants-vedettes à surveiller.

Les entreprises qui aident à éliminer la distinction que font plusieurs étudiants entre l'école et la "vraie vie" en sortiront gagnantes. Certaines sociétés québécoises y vont déjà de publicités dans les universités, grâce, entre autres, au réseau de Zoom Media. C'est un début, mais c'est insuffisant. Par où commencer ? Facile : prenez contact avec votre alma mater, et offrez-lui de vous embaucher. Je suis persuadé que votre offre trouvera preneur.

jlebel@jmsb.concordia.ca

JORDAN LEBEL Ph.D., est professeur agrégé à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia. Il sera heureux de vous recevoir dans sa classe ! Rendez-lui visite à

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