Du chocolat sans arrière-goût


Édition du 15 Février 2014

Du chocolat sans arrière-goût


Édition du 15 Février 2014

Par François Normand

Des efforts jugés insuffisants

Isabelle St-Germain, directrice générale adjointe chez Équiterre, un organisme québécois faisant la promotion des choix écologiques et socialement acceptables, admet que certains transformateurs de cacao et producteurs de chocolat font des efforts pour réduire le travail forcé des enfants. Mais du même souffle, elle se demande pourquoi les grandes multinationales comme Barry Callebaut ou Nestlé n'en font pas plus pour abolir cette pratique. «C'est inadmissible qu'il y a ait encore des enfants qui soient forcés de travailler sur des plantations de cacao en 2014 !»

Selon elle, par leur taille, les géants de l'industrie pourraient réellement améliorer les choses s'ils mettaient vraiment l'épaule à la roue pour tenter d'éradiquer ce problème.

Par exemple, Barry Callebaut injectera 40 millions de francs suisses (49 M$ CA) sur 10 ans dans son programme Cocoa Horizons, soit quatre millions de francs suisses par année. Cela représente 0,08 % de son chiffre d'affaires annuel.

La complexité de l'industrie en Afrique

Le système de production de cacao dans les pays en développement est très complexe, souligne Jordan Lebel, professeur à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia. Selon ce spécialiste de l'industrie du chocolat, cela peut expliquer pourquoi les grands producteurs ont de la difficulté à réduire de manière significative le travail forcé des enfants. «En Côte d'Ivoire seulement, il y a environ un million de producteurs !» rappelle-t-il.

Les Barry Callebaut et Nestlé de ce monde s'approvisionnement souvent auprès des coopératives de producteurs de cacao, ce qui leur permet de centraliser leurs achats. C'est alors un défi de s'assurer que la matière première provient uniquement de plantations ne forçant pas des enfants à travailler. «Souvent, des coopératives amalgament des récoltes [afin de pouvoir livrer toutes les quantités demandées]», souligne Jordan Lebel, qui a visité plusieurs plantations.

Difficile dans ce contexte de garantir des approvisionnements équitables. Même la Fair Labor Association estime que les entreprises qui achètent du cacao en Côte d'Ivoire, par exemple, et qui veulent éliminer le travail des enfants ne peuvent avoir la certitude d'être prémunies contre une telle situation.

Les cas de La Siembra et de Valrhona montrent toutefois que des entreprises peuvent malgré tout réduire de manière importante - voire éliminer de leur chaîne d'approvisionnement - le travail forcé des enfants. Cela dit, les efforts déployés par les grandes multinationales auraient été impensables il n'y a encore pas si longtemps. ,

Le font-elles parce qu'elles sont devenues socialement responsables ou parce qu'elles voient plutôt que c'est la direction prise par le marché ? «C'est un mix des deux», dit Mélanie Broguet, de La Siembra. Dans d'autres entreprises, la lutte pour éliminer le travail forcé des enfants est carrément devenue une philosophie d'affaires. «Notre but, c'est faire un chocolat qui fasse du bien. Du début à la fin. Mais quand on dépend d'autres fournisseurs, pour certaines matières premières, on fait de notre mieux», dit Geneviève Grandbois.

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