Ta barre Naak, des grillons énergisants en mission

Publié le 03/02/2017 à 00:00

Ta barre Naak, des grillons énergisants en mission

Publié le 03/02/2017 à 00:00

Par Matthieu Charest

[courtoisie]

Si les grillons sont plutôt sympathiques lorsqu’ils stridulent pour tapisser l’ambiance sonore des belles soirées d’été, ils suscitent peu la gourmandise. Pourtant, les propriétés nutritives de ces insectes sont grandioses. Et c’est sur ces créatures que la start-up Naak a parié. La montréalaise produit et commercialise des barres énergétiques à base de poudre de grillons pour soutenir les performances des sportifs, tout en sauvant la planète.

Depuis ses premières ventes en mai 2016, l’entreprise a vendu près de 12 000 barres, à quatre dollars l’unité. Elles sont offertes en deux saveurs : choco-banane ou choco-orange. Et foi de Les Affaires, le goût n’est pas extraordinaire, mais il n’y a pas de pattes qui dépassent.

En fait, le produit ressemble beaucoup aux autres barres énergisantes pour sportifs. Elles contiennent 10g de protéines, l’équivalent de 3 œufs. Ça goûte la santé, à l’instar du tofu. Mais attention, ici, l’objectif n’est pas de vous régaler, mais de vous soutenir dans l’effort.

D’où la stratégie de vente, qui se déploie en ce moment dans près de soixante boutiques spécialisées, des magasins d’articles de sports aux boutiques d’alimentation qui tendent vers le bio ou le local.

Bref, les endroits qui sont fréquentés par les amateurs de sports de performance, du cyclisme au triathlon. Une cible très sensible à ce qu’elle mange, et souvent, comme amateurs de plein air, ce public est concerné par la protection de l’environnement.

Le calcul est simple, pour le même résultat en apport en protéines, l’élevage de grillon requiert douze fois moins de nourriture que le bétail, selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. D’ailleurs, près de 2 milliards de personnes en mangent sur la planète, estime l’ONU.

«Nous avons commencé par vendre en ligne, raconte le président et cofondateur, William Walcker. Puis, pour nous faire connaître, nous avons écumé les événements sportifs, comme le Iron Man. Les réactions ont été excellentes. Nous avons donc décidé de distribuer nos produits dans les commerces de détail. C’est qu’en ligne, notre taux de conversion est de 3 %, alors que lorsque nous faisons une dégustation, le taux passe à 25 %».

[De gauche à droite: Antoine Domergue, William Walcker et Minh Pham]

Soutenir la croissance

Malgré l’accueil positif des sportifs, il fallait que Naak produise, et vite, afin de répondre à la demande. En novembre 2016, c’est la rupture de stock.

Alors que les trois cofondateurs produisaient à l’origine dans leur cuisine, puis au restaurant Pastaga, où le chef a parfait la recette, le trio se devait de trouver une usine.

Avec ses collègues Minh Pham et Antoine Domergue, William Walcker part en quête d’une manufacture. « Nous avons effectué énormément de visites et de rencontres, confie l’entrepreneur. Mais souvent, je trouvais que les procédés de production étaient trop nébuleux. Ou encore, les usines étaient des mastodontes qui exigeaient des commandes trop importantes pour nous. L’un des plus gros challenges de notre industrie, c’est de trouver le bon partenaire. »

Coup de chance, les efforts portent leurs fruits, et ils finissent par s’entendre avec l’usine Nutrifrance à Saint-Jean-sur-Richelieu. Quant à la poudre de grillon, elle provient des élevages Entomo Farms, une ferme située à quelques dizaines de kilomètres de Peterborough, en Ontario.

Pour financer la commande initiale de 7 500 unités auprès de l’usine, la start-up a recours au sociofinancement. En prévente, l’entreprise a atteint son objectif de 5 000$ en une demi-journée.

La start-up songe maintenant à lancer une ronde de financement afin de propulser sa croissance. «C’est un secteur très compétitif, explique le pdg. Si nous obtenions 500 000$, ça nous permettrait d’aller plus vite, de prendre plus de place sur le marché, en plus de pouvoir compter sur des mentors. Nous voulons des investisseurs impliqués».

Selon ses dires, l’entreprise serait déjà en discussion avec de grandes bannières, Rachelle-Béry, Sports Experts et Nautilus Plus, notamment, afin d’élargir ses canaux de distribution. Et ses détracteurs, ceux qui refusent l’idée de consommer des grillons, William Walcker n’en a que faire. «Je n’ai pas de temps pour ceux que ça dégoûte, je vais les éduquer, mais je vais me concentrer sur les gens que ça intrigue.»

Et qu’on aime ou qu’on déteste l’idée, des grillons «choco-banane», ça pique effectivement la curiosité.

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