Rapport Deloitte: l'IA à la traîne au Canada

Publié le 26/09/2019 à 14:10

Rapport Deloitte: l'IA à la traîne au Canada

Publié le 26/09/2019 à 14:10

Par Pascal Forget

Mahdi Amri (Photo: Courtoisie)

Le rapport Impératif de l’IA au Canada de la firme Deloitte révèle un retard du Canada quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Seulement 27% des entreprises canadiennes affirment avoir une stratégie qui mise sur l’IA, contre 35% dans le monde et 41% aux États-Unis.

Parmi les entreprises qui n’ont pas encore commencé à utiliser l’IA au Canada, seulement 1 sur 10 sont très susceptibles d’adopter l’IA au cours des 5 prochaines années.

«Le degré d’adoption de l’IA au Canada est faible. C’est dommage, le Canada pourrait, et devrait, être chef de file en la matière. On a l’environnement qu’il faut pour que les entreprises canadiennes en bénéficient.», explique Mahdi Amri, Associé Leader, Clients et secteurs, Omnia AI, la division d’intelligence artificielle de Deloitte.

D’ailleurs, 52% des répondants pensent que le Canada devrait être un leader en IA.

Pour ne pas prendre de retard, il faut réagir vite, malgré les craintes que peuvent susciter son implantation. «Le danger n’est pas l’intelligence artificielle, mais de ne pas l’utiliser, s’exclame M. M. Amri. Il faut se lancer là-dedans, parce que les économies que l’IA apporte sont prouvées. C’est une technologie qui peut être adaptée dans toutes les industries, pour tous les processus d’affaires.»

La stabilité économique au Canada, qui met moins de pression pour investir en IA, serait une cause du retard. Mais surtout, l’implantation de l’IA n’est pas aussi simple qu’on le laisse miroiter. «On a vendu l’IA comme une solution miraculeuse, raconte M. Amri. Mais ça demande des investissements dans l’infrastructure, pour la collecte des données, qu’il y ait de la gouvernance… L’IA est une technique qui s’insère dans un processus d’affaires. Il ne suffit pas de trouver des PHD en maths: il faut trouver comment la mettre en œuvre.»

Il soulève un autre frein à l’adoption de l’IA: l’abandon de preuves de concept. «Une des erreurs est de ne pas faire assez de preuves de concepts. Il faut en faire quelques-unes, voir celles qui fonctionnent. Une fois qu’on a trouvé la valeur, il faut impérativement les mettre en œuvre.»

Dans l’étude, on indique que de ceux qui n’utilisent pas encore l’IA, 50% ont du mal à saisir sa valeur pour leur entreprise.

«L’IA en elle-même ne sert à rien», précise M. Amri. Il invite d’abord à se demander comment on va l’utiliser dans son organisation, en donnant comme exemple la réduction des coûts, mieux connaître les besoins de la clientèle, réduire le temps de traitement ou diminuer le risque.

Dans les secteurs en mouvement où un nouvel arrivant peut changer le marché, l’IA pourrait être un avantage compétitif crucial. D’où l’importance de prendre rapidement les mesures qui s’imposent, selon lui.

«On doit se poser la question : est-ce que la non-adoption de l’IA peut mettre en péril l’entreprise? Si oui, il faut déterminer comment le faire, si on a les ressources à l’interne, trouver les partenaires, établir un road map pour faire des preuves de concept...»

Pour les entreprises plus traditionnelles, qui n’ont pas bâti leur croissance sur les données, il y aura un travail plus important à faire. Pour tirer le maximum de l’IA, il faudra prendre le temps de numériser les processus et collecter les points de données nécessaires.

Pour que le Canada devienne un leader mondial de l’IA, le rapport invite d’ailleurs à créer une demande en adoptant l’IA dans son organisation.

«On encourage les dirigeants à suivre des formations sur le sujet. Il faut aussi se montrer optimiste. Ce n’est pas parce que ça prend plus de temps qu’il ne faut pas adopter l’IA.» conclue l’associé.

Le sondage a été réalisé du 6 au 24 février 2019 auprès de 1000 entreprises canadiennes.

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?