Point G attaque le ROC avec ses macarons

Publié le 21/07/2016 à 12:55

Point G attaque le ROC avec ses macarons

Publié le 21/07/2016 à 12:55

Point G, c’est le nom que Julien Reignier a choisi pour son entreprise de fabrication et de vente de macarons lancée à Montréal en 2007. Tout un programme ! Ses fines friandises colorées ne passent pas inaperçues et pas seulement à cause du nom inscrit sur les boîtes. À tel point qu’elles partent à l’attaque du marché du Canada anglais et des États-Unis. Tout un défi.

Au début, Julien Reignier, 38 ans, et son partenaire d’affaires craignaient que de baser leur entreprise seulement sur le péché mignon français était risqué au Québec.. Ils ont donc commencé avec diverses gourmandises (gaufres, crèmes glacées, etc.). Mais du jour où ils ont introduit les macarons, le succès a été fulgurant. Le produit unique de Point G a su gagner le cœur des Québécois avec des saveurs comme tarte au sucre, érable ou bleuet. L’entreprise a connu un taux de croissance de 25 % environ ces dernières années et continue à naviguer au rythme d’une croissance annuelle de 10 %.

La prochaine étape consiste à percer le marché canadien anglais puis celui des États-Unis. Les macarons de Point G sont distribués à Toronto depuis quatre mois dans des épiceries fines, au marché central ou dans des cafés. « On a déjà une dizaine de clients dont trois font partie de nos six plus importants », affirme Julien Reignier.

Même s’il avait bien pensé à ouvrir une boutique à Toronto, il a choisi de passer par des distributeurs, dotés d’un bon réseau de commerces potentiellement intéressés par les macarons de Point G. « L’ouverture d’une boutique reste une option mais, aujourd’hui, c’est d’investir dans une nouvelle usine qui est prioritaire », affirme le pdg.

Déménager, une priorité

Avec la diversification de ses marchés, Julien Reignier compte en effet sur une croissance des ventes. D’ailleurs, la PME a mis en place un département des ventes il y a un an. Or, les locaux actuels à Ville Mont-Royal deviennent exigus (4500 pi2). Dès que les ventes auront suffisamment augmenté – le PDG souhaite faire passer le chiffre d’affaires actuel de 1,6 million à 2 millions - Point G s’installera dans une nouvelle usine plus spacieuse. Le choix est déjà fait si tant est que les locaux restent libres d’ici là : une usine de 12 000 pi2 dans le parc industriel d’Anjou où une deuxième chaîne de production pourra être installée car parallèlement au projet d’exportation, l’entreprise travaille pour offrir un nouveau produit.

«Avec un seul produit, c’est difficile d’attirer les investisseurs », observe Julien Reignier. Or, l’expansion de l’entreprise exige d’avoir les reins solides car les défis sont de taille. Les coûts de transport peuvent atteindre de 20 à 25 % du coût du produit. Pour le marché des États-Unis, il faut ajouter le respect des normes sanitaires locales, les frais de douane et l’obligation d’avoir des représentants sur place. Julien Reignier court les salons et les missions d’exportation pour présenter son produit et se faire connaître.

Les provinces canadiennes avant l’étranger

Si exporter est un défi de taille pour toutes les entreprises, il l’est particulièrement dans le domaine agroalimentaire. Commencer par les autres provinces canadiennes avant de s’attaquer à des pays étrangers est une stratégie recommandée par Hicham El Ghissassi, conseiller à l’exportation au Groupe Export alimentaire. « Le Canada est un marché très vaste et il permet de faire des affaires dans la même devise, ce qui est une sécurité importante », indique le conseiller.

Pour aller ailleurs, une préparation très minutieuse est requise. « Il y a beaucoup de travail à faire sur l’étiquetage car les autres pays ne demandent pas les mêmes informations. Parfois, certains ingrédients de la recette doivent même être changés car ils ne sont pas autorisés. Dans ce cas, le goût peut changer et c’est toute la conception du produit qui est à revoir », dit-il.

Repositionnement

Mais Julien Reignier est habitué aux défis. La route de son entreprise n’a pas été un long fleuve tranquille. Outre la réorientation vers les macarons, qui a nécessité l’achat d’équipements et de suivre une formation en France, Julien Reignier, au moment même où il allait devenir père pour la première fois, a dû affronter la perte de son partenaire d’affaires, lourdement handicapé à la suite d’un grave accident de la route en 2009.

« En l’espace de quelques mois, j’ai dû apprendre à gérer l’entreprise seul alors qu’on avait perdu la moitié de notre équipe à cause du déménagement, racheter les parts de mon partenaire accidenté, acheter une maison pour pouvoir accueillir le bébé à venir. C’était une grosse bouchée… J’étais proche du burn out. Mais on a réussi », se réjouit-il.

Une fois le cap difficile passé, l’entrepreneur a repris tout à la base. « Je me suis fait accompagner par un coach. On a refait la planification stratégique de l’entreprise et revu son positionnement. Je me suis rendu compte que j’avais basculé dans un mode plus industriel, semi-automatisé plutôt que totalement artisanal. Je vise maintenant à faire plus de volume. Or au bout d’un moment, le marché de proximité est saturé et il faut aller ailleurs. »

En quelques chiffres:

 

  • Année de fondation : 2006
  • Nombre d’employés : 20
  • Chiffre d’affaires : 1,6 million
  • Objectif d’ici un an : Atteindre 2 millions de chiffre d’affaires en développant un nouveau produit et de nouveaux marchés en dehors du Québec et déménager dans une usine plus spacieuse.

 

 

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